L’occupation de la Pologne, de la Finlande et des Pays Baltes par l’URSS ne fut pas évoquée à Nuremberg, ni les autres crimes de guerre soviétiques.
Si le nazisme a essayé d’effacer l’héritage des Lumières, il doit aussi être compris dialectiquement comme un produit de la civilisation elle-même, avec sa rationalité technique et instrumentale désormais affranchie d’une visée émancipatrice et réduite à un projet de domination.
La méditation de Serge, mélancolique et lumineuse, chargée du poids de la défaite, était inspirée par l’expérience de la révolution, de la guerre civile et du goulag. Trotski, de son coté, y percevait les vestiges d’un humanisme tombé dans les tranchées de la Grande Guerre et enterré par un nouvel âge de tensions et de conflits.
Loin de s’imposer au-dessus des parties en cause, le droit agit dans ces circonstances comme un instrument aux mains des vainqueurs », l’occupation de la Pologne, de la Finlande et des Pays Baltes par l’URSS ne fut pas évoquée à Nuremberg, ni les autres crimes de guerre soviétiques (massacre de Katyn, viols, etc ;)
Si changer le monde demeure une nécessité – avant d’être un projet -, les voies pour y parvenir doivent être radicalement repensées.
Devant le spectacle d’une civilisation qui a transformé la technique moderne en une gigantesque force destructive, le seul sentiment possible est la honte
Rares étaient les antifascistes à comprendre que le combat antifasciste lui-même risquait d’être disqualifié si l’on acceptait le despotisme soviétique, les procès, les exécutions sommaires, les déportations, les camps – sans parler de la collectivisation forcée…
La guerre civile européenne passe par la militarisation de la politique et produit une métamorphose profonde dans le monde de la culture : le passage du clerc au combattant
De sanctuaire profané, son corps se mue en source de péché et en honte nationale dont la punition passe inévitablement par la stigmatisation morale et par l’humiliation physique : la tonte comme spectacle populaire.
Maternel et procréateur, le corps féminin devient le symbole tantôt de la nation, tantôt de la victime.