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Critique de marcbali


Aujourd'hui je vais évoquer Ferme les yeux et tu verras roman de Marilyse Trécourt. Je ne connaissais pas cette auteure qui est par ailleurs coach et se sert de son expérience professionnelle pour nourrir ce texte de fiction. L'histoire racontée s'apparente certes à un roman avec ses personnages et ses rebondissements mais à mon sens ce n'est pas vraiment à classer dans la catégorie de la littérature et du rayon « roman français ».
Le titre Ferme les yeux et tu verras fait référence à une expression utilisée par Sidonie pour inciter Emma l'héroïne à s'accepter et à mieux comprendre qui elle est et sa relation aux autres. Emma est une femme qui approche la cinquantaine, elle est professeur d'anglais vit dans le sud-ouest avec Nicolas son époux et leurs deux enfants Arthur et Lili. Un soir elle boit un peu avec son amie Cindi (bijoutière en reconversion pour devenir naturopathe) qui lui offre un bracelet balinais. Elle devient temporairement télépathe et est donc capable de lire les pensées de ceux qui l'entourent (animaux compris comme le chaton qui envoie des piques à sa maitresse), plus précisément les personnes avec lesquelles elle établit un contact charnel. Cette aptitude nouvelle est troublante et déstabilisante. Savoir ce que les autres pensent sans filtre ni censure peut se révéler ravageur. A la même période Emma croise Sidonie une femme thérapeute qui va l'aider à faire face à la situation personnelle qu'elle traverse. Elle lui dit notamment en guise de conseil que : « chacun de nous se trouve confronté à des épreuves, à des rivières à traverser. Certains construisent des ponts, d'autres franchissent les rapides à la nage et en ressortent avec des cicatrices et d'autres encore restent sur la rive. Peu importe la méthode employée, la rivière a creusé son lit et laisse des traces, qu'elles soient visibles ou pas. » Sidonie a elle-même perdu son fils à dix-sept ans et a longtemps vécu dans un deuil impossible avant de parvenir à le surmonter en acceptant de vivre sans culpabilité. Ferme les yeux et tu verras est l'épopée sur quelques jours d'une succession d'annonces qu'Emma doit encaisser. La mère découvre que sa fille est lesbienne, que son fils est un tricheur et un menteur qui avec la complicité de ses grands-parents a organisé son départ en Californie pour aller étudier, que son mari a perdu son travail, ne lui a rien dit et qu'il la trompe. La coupe est pleine, autant d'événements en si peu de temps dépasse presque l'entendement. Mais le propos du roman est de montrer qu'il faut se méfier des interprétations hâtives et que la communication est la clé de la vie harmonieuse. Alors ces histoires romanesques laissent la place à un bouquin de développement personnel, une sorte de feel-good littérature dont le public cible (sans vouloir être péjoratif) pourrait être celui de la « ménagère de moins de cinquante ans ». Car bien entendu, au prix d'un retour sur soi et sur les traumatismes cachés de l'enfance (le black-out d'Emma dont elle viendra à bout en retournant sur l'île de Wight où elle a vécu son enfance avec sa grand-mère maternelle jusqu'en 1995), la protagoniste sera apaisée et comprendra que son exigence et son désir de perfection reposent sur une peur de l'abandon. Consciente de ces vérités elle peut accepter l'éloignement de son fils tout en restant une mère « suffisamment bonne » (Winnicott n'est pas cité). le roman est souvent dialogué avec certains échanges qui paraissent peu réalistes ; l'auteur a une propension à multiplier des notes de bas de pages explicatives de tic langagiers et elle abuse d'expressions familières dont voici un exemple caricatural : « ma mère habite à Pétaouchnock, le trou du cul du monde, dans un coin où il pleut souvent comme vache qui pisse, avec un vent à décorner les boeufs. Son voisin Robert, il est cool Raoul, il ne se met pas la rate au court-bouillon. Il répète qu'il ne faut pas pousser mémé dans les orties et qu'il faut arrêter de lui chercher des carabistouilles, avant de nous demander si on ne veut pas cent balles et un mars ! » C'est certes drôle mais l'accumulation nuit et cela ne compose pas un texte littérairement accompli.
Ferme les yeux et tu verras se lit facilement mais le mélange des genres (entre roman et conseils de coaching avec les quinze dernières pages où sont proposés des exercices illustratifs de la démonstration noyée dans l'intrigue) me laisse très dubitatif. Je ne suis sans doute pas le public visé par cet opus.
Voilà, je vous ai donc parlé Ferme les yeux et tu verras de Marilyse Trécourt paru aux éditions Eyrolles.

Merci à Babelio et aux éditions Eyrolles pour l'ouvrage.
Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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