Soeur Fidelma, tome 3 : Les cinq royaumes

- Je suis Fidelma de Kildare, répliqua-t-elle d'une voix assez forte pour dominer le vent.
Puis elle se corrigea.
- Fidelma, soeur de Colgù
Le guerrier se raidit.
- Bienvenue Madame, nous vous attendions.

A l'instant où une pluie glacée commençait à tomber à grosses gouttes, une cavalière et son cheval surgirent de la forêt et s'immobilisèrent au bord du ravin qui dominait une vaste plaine. La jeune femme, étroitement enveloppée dans une longue cape en laine chaude et rêche dont la capuche était rabattue sur ses yeux pour se protéger du froid automnal, leva un regard serein vers le ciel. Noyant les sommets des montagnes au lointain, les nuages roulaient vers l'horizon, fondaient sur les mornes étendues désertes, se condensaient çà et là, en nuées sombres et menaçantes.

- Mais quel est le lien entre la lampe et notre énigme ?
- Nous le trouverons à condition de poser les bonnes questions !

S'il n'est pas en mesure de payer les amendes et compensations prévues, sa famille doit s'en acquitter à sa place. Comme il appartient aux Eoganachta qui règnent sur Muman, alors c'est toute la famille régnante de Muman et son royaume qui sont retenus en otage pour le crime.

- Sœur Fidelma nous a rappelé le but de notre présence ici. Il s'agit de se prononcer sur la responsabilité de Cashel dans le meurtre de Dacan. Dans l'éventualité ou cette responsabilité serait reconnu, Laigin exigeait le royaume d'Osraige comme prix de l'honneur de Dacan. Les preuves qui nous ont été rapporté et les témoins que nous avons entendu nous ont pleinement convaincus de l'innocence de Cashel. Les demandes de Laigin sont donc rejetées. Comme au cours des six derniers siècles, Osraige devra fidélité et loyauté à Cashel et continuera à lui payer son tribut.

Ils se retrouvèrent dans une grande salle voûtée aux murs de pierre grise, rehaussés par de magnifiques tapisseries dont chacune illustrait un épisode de la vie du Christ. Un feu flambait dans la cheminée et une odeur d'encens imprégnait les lieux. Le sol était recouvert d'épais tapis de laine, l'ameublement confortable et la décoration d'une somptuosité extravagante.
Apparemment, l'abbé de Ros Ailithir avait oublié ses vœux de pauvreté.

L'abbaye, plus grande que Fidelma ne l'avait imaginée, s'élevait à flanc de colline, au bord d'un bras de mer où quelques bateaux avaient jeté l'ancre.
Composée de plusieurs bâtiments de pierre grise, elle était protégée par un haut mur de granit ovale. Au centre s'élevait une église imposante.
La plupart des églises des cinq royaumes [d'Eireann, d'Irlande] étaient rondes, mais celle-là, avec sa longue nef et son transept, avait la forme d'un crucifix.
Ce style était très apprécié des nouveaux bâtisseurs.

- Ce qui ne m'avance guère quant aux raisons qui motivent ma présence au château. En quoi Forbassach de Fearna est-il concerné ?
- Eh bien, le roi Cathal a estimé que tu étais la mieux placée pour débrouiller une affaire épineuse qui menace non seulement la sécurité de notre royaume, mais la paix des cinq royaumes d'Eireann [Irlande].