Tu pourrais presque sentir les choses-qui-poussent se faufiler entre tes doigts de pied.
(…) mais nous sommes ferrés. Ferrés de chez ferrés.
Des idées. Je suis possédée par des idées.
Après ces exorcismes, qu’est-ce qui vous dit que le démon n’est pas resté là, caché quelque part ? Qu’est-ce qui vous dit qu’il n’est pas entré en hibernation et qu’il ne réapparaîtra pas plus tard, des années et des années après, quand plus personne ne sera là pour le combattre ? Hé, qu’est-ce qui vous dit que ce n’est pas l’esprit de la personne qui a été chassé ? Imaginez que vous ayez expulsé son vrai esprit et que le démon soit resté seul à sa place ? Moi, si je croyais à ces trucs, c’est de ça que j’aurais peur… »
[...] j'étais contente d'avoir enfin une chance de jouer un rôle dans quelque chose qui se passait à la maison. Depuis que ma sœur aspirait la quasi-totalité des ressources parentales, j'avais l'impression de me perdre, d'être une photo tombée de l'album de famille.
-Tout me fait peur, tout! Les conséquences de ce qui se passe sur Merry. Et puisque tu te préoccupes tellement de son âme, tu n'as qu'à dire au père Wanderly de trouver un sortilège de protection pour elle.
Maman me gratifia d'un sourire triste, comme si elle venait de se rappeler que j'étais non seulement là, mais là depuis très longtemps.
J'étais obsédée par la remarque du père Wanderly sur moi en train de donner du mal aux garçons. Je me voyais dans la cour de récré, distribuant des sachets noirs à l'ensemble des élèves, pas seulement aux garçons. Ils les ouvraient et découvraient à l'intérieur des petits bonbons tout durs, empoisonnés au mal.
Si je dansais assez vite, si je riais d'assez bon cœur, si je criais assez fort quand il m'attraperait, peut-être qu'il réussirait à oublier un moment Marjorie.
Il n'y a rien qui cloche chez moi, Merry. À part que mes os cherchent à me trouer la peau comme les choses-qui-poussent et à transpercer le monde.