De
Trevanian, j'avais beaucoup aimé
Shibumi. Et c'est le même sentiment de pur plaisir et déconnexion totale qui a accompagné ma lecture de
L'expert.
Jonathan Hemlock, émérite universitaire critique d'art, est accessoirement assassin retraité des services secrets américains. On le devine un peu sur le retour, fatigué du monde de l'espionnage. Avec ma déveine habituelle, je n'ai compris qu'a postériori que le Dr Hemlock faisait ici sa deuxième apparition dans l'oeuvre de
Trévanian, après
La sanction. Cela n'est pas trop gênant, mais je pense que j'aurai préféré lire les romans dans l'ordre chronologique car quelques allusions au passé du personnage m'ont donné le sentiment d'avoir loupé un épisode.
En déplacement à Londres, Jonathan Hemlock se trouve malgré lui mêlé à une sombre histoire mettant en jeu : les services secrets britanniques, un club exclusif proposant des services plus ou moins légaux, un meurtre sordide et spectaculaire, le tout parsemé de références savoureuses à l'art contemporain et au milieu de l'espionnage. La description du cadre du roman est cruelle mais drôle et talentueuse.
De cette lecture j'ai adoré l'atmosphère très particulière. Cela foisonne de personnages croqués en quelques traits mais qui acquièrent, bizarrement, une réalité tangible alors qu'ils ne sont pas toujours très crédibles. Qui eût cru que je puisse trouver un intérêt à un personnage tel que MacTain, voleur de génie à l'odeur pestilentielle ? Maligne aussi, est l'intrigue: Hemlock est réquisitionné par un groupe d'espions anglais à l'efficacité... disons que la grande Albion perd quelque peu de sa superbe. Il va devoir manoeuvrer afin de récupérer de compromettants documents et pour cela affronter de bien retors adversaires.
Dans ce récit très cynique, l'humour bien présent en début d'intrigue s'estompe pour devenir noirceur en fin de roman.
Jonathan ayant réussi à arrêter la débâcle, mais perdu en passant sa complice appréciée. Dommage, d'ailleurs, qu'il succombe à la tentation d'assassiner le coupable, Narcisse improbable au final mutilé. le laisser macérer en vie aurait eu nettement plus de panache .
Malgré cette noirceur, cette lecture m'a permis de bien déconnecter de l'ambiance anxiogène actuelle. Toute une réussite.
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