AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PatriceG



Noël à Thompson Hall (1874)
Anthony Trollope (1815-1885)
Un des tout grands écrivains de l'époque victorienne

Je ne conseillerais pas d'écrire comme ça et peux comprendre éventuellement un rejet du lecteur tant le souffle est court, tant le lieu compte, non pas écrit pour lui-même comme chez Flaubert, mais il compte pourquoi ? pour poser l'âme des protagonistes qui est écrite ici par un maestro dont on voit bien le malin plaisir qu'il a à mettre en évidence des petits faits apparemment anodins qui dégénèrent, servi par une plume insondable, virtuose, culturellement riche. Même si parfois on a l'impression à la lecture que ça manque un peu d'air, d'extérieur comme une épopée, l'analyse psychologique y est souveraine. Paradoxalement, il serait impensable de théâtraliser cela par exemple sans le risque de complètement dénaturer la réflexion de l'auteur qui précède le sentiment ou l'intuition dans un monde qu'on peut qualifier de bourgeois, reformulant même le geste du sujet pour être sûr d'aborder la suite. Ce n'est pas un huit clos non plus parce qu'il y a des portes de sortie.

le texte est traduit par Béatrice Vierne de chez Herne : elle n'a pas son pareil pour entrer dans le jeu ou l'exercice comme on voudra de ce Trollope si singulier, si attachant finalement. Il n'en fait jamais de trop à vrai dire, même si on serait porté à le croire, car on mesure essentiellement la dextérité et l'amplitude de son talent littéraire, avec la phrase qui claque, fulgurante..

"Mrs Brown commença même à se dire qu'elle avait fait tout ce qu'elle pouvait.." Ah la bonne conscience de Mrs Brown !
"Elle s'efforça de réfléchir à ce que son devoir exigeait d'elle.."
".. de toute façon, cela ne pouvait pas lui faire de mal (à Mr Brown). Ce fut dans un esprit de vengeance, plutôt que de justification des efforts qu'elle avait consentis jusqu'à présent, que, vive comme l'éclair, elle passa aussitôt aux actes..".

A force de tenter le diable, tout ce que redoute ou conçoit Mrs Brown de risqué, va se produire.

Au moment même où l'on se dit que Mrs Brown dans ses conjectures, n' envisage pas le pire comme ce que pourrait penser un gentleman anglais par la plus grosse des méprises victime des imprudences de la matrone anglaise, celle-ci finit par envisager cette malédiction et panique. Et le plus mauvais scénario arrive.

"On l'avait, certes, surprise à errer dans les couloirs au moment oû le voyageur avait subi cette étrange attaque et il aurait été possible de la soupçonner, voire de l'accuser.."
Et Mrs Brown de regretter qu'elle n'avait pas accordé la moindre pensée à .. la pièce à conviction qui fut impossible cette fois pour elle de nier ..
La déconvenue est à son comble : elle était sur le point de sortir de toutes les horreurs de la nuit qui agitèrent l'hôtel parisien pour filer sur Thompson hall où son clan l'attendait chaleureusement pour Noël, et patatrac..

A un moment donné du récit, on se demande pourquoi Mr Jones (un des protagonistes) persitse à penser qu'on lui en veut (à sa vie). La suite nous renseignera à cet effet, car dans cet écheveau, rien n'est laissé au hasard.


Il semble qu'avec un gentleman on peut toujours s'expliquer. de nos jours, cette gente a disparu jusqu'au dernier.
Trollope l'évoque d'ailleurs quand il dit : "Quand on lui présente des excuses, un gentleman les accepte"


A lire of course cette intrigue qui prend parfois l'allure d'une farce dont Trollope se reprend, la vérité est au bout de chaque être en vue qui draine ses mystères et ses faiblesses dans cette société victorienne. Il fait mention plusieurs fois que la police n'a pas sa place, on est dans les limites, mais entre gentlemen, la place reste à l'honneur ! Notons tout de même que la femme n'est pas toujours à son avantage, mais bon, ça c'est la société qui veut ça !



Commenter  J’apprécie          149



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}