Je n'avais pas été convaincu par ma précédente lecture d'un tome de Tronchet. Ici, j'ai été transporté... ému... amusé... comblé.
Le personnage principal est bibliothécaire. Ses idéaux de jeunesse, anarcho-rebelle, sont loin. Il fait un burn-out. le monde va trop vite Cela donne de chouettes cases où il vide son appart et vit comme son chat, langoureusement, posément, avec des sardines bien sûr. le ton est donné. Tronchet en mode couveuse, tendre...
Mais on change de régime. le personnage principal retrouve une K7. L'album du Rémy Bé... une sorte de madeleine de
Proust, un disque qui l'a marqué. Et il part à la recherche de ce chanteur, dont il n'a que la pochette en tête, représentant le pont des suicidés de Morlaix.
De fil en aiguille, on se prend au jeu. Tronchet nous livre une sorte de road-movie, avec des accents de thriller nostalgico-tendre. On remonte le cours du temps. On croise
Pierre Perret. On raconte l'Indochine. La migration. le racisme. Les illusions perdues. Les thèmes chers à
Didier Tronchet, quoi! Et les lieux. Comme l'hôpital de Berck-Plage qui apparaît dans d'autres albums. On sent que Tronchet connaît les lieux. J'en ai visité plusieurs et c'est saisissant.
La cerise sur le gâteau, c'est que
Didier Tronchet tire sa substance de faits réels, ou quasi. Les textes... vrais. le chanteur... vrai. Les anecdotes... vraies.
Cet album m'a parlé car on a tous des chanteurs ou des albums fétiches, issus de notre adolescence. Moi, c'était Jean-Michel Caradec, disparu réellement.
Didier Tronchet, c'est Rémy Bé, son vrai nom est révélé dans la postface. Et quelle postface !
Didier Tronchet se livre et nous livre son chanteur avec pas mal de photos, de réflexions, d'émotions, d'anecdotes craquantes. Son site contient les chansons, et même un livre (rappelons que Tronchet est écrivain au départ) pour celles et ceux qui veulent continuer le voyage avec Rémy Bé et
Didier Tronchet.