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Critique de Ellane92


Un rédacteur de la rubrique nécrologique doit écrire un article sur son ami Pedro, Jacque Pedro Lavelanette, qui s'est suicidé en sautant du douzième étage de son hôtel alors qu'il était parti en tournée. En reconstituant les temps forts de sa vie avec cet ami et l'Estropié, avec lequel ils partageaient un petit appartement, c'est toute la vie du quartier Saint-Antoine, en haut de la colline, qui nous est décrite.

Dans Parabole du failli, Lyonel trouillot nous livre une oeuvre poétique et colorée qui laisse la part belle à l'humanité de cet homme suicidé tout en contradiction, le seul qui savait faire sourire Islande, si généreux en étant si égoïste, si aimant et mal aimé, qui portait la poésie à fleur de peau, comme une malédiction, et pour cela peut-être, en distribuait les plus belles pages aux passantes vieilles et jeunes, belles ou moins belles. J'ai particulièrement apprécié l'évocation de ces choses très justes sur ce que nous inspirent les morts, les plus classiques, comme la douleur, l'amour, la tristesse, et celles dont on parle moins, comme la déception ou la colère, car la mort peut être aussi une trahison. J'ai beaucoup aimé également le portrait de cet homme, issu d'une famille de nantis et venu s'immerger dans les quartiers populaires, sans doute pour tenter de s'y trouver. Fantasque et original, tour à tour cireur de chaussures et faux riche qui distribue le peu qu'il a en même temps que de la littérature aux gamins sans avenir du quartier, aimé de celle qui n'aime rien ni personne, toujours à la recherche de l'amour, celui avec un grand A, c'est un homme que l'on (ou moi, en tout cas) aimerait croiser. Parabole du failli ne manque pas non plus d'humour, avec une certaine critique acide de ces étrangers venus en Haïti porter les aides humanitaires en même temps que la bonne parole. C'est aussi, et surtout, une ode à cette île, à ses habitants, à ses couleurs et à l'exubérance de la vitalité de ses populations. Enfin, ce texte peu aéré, presque sans paragraphe, et que l'on a envie de lire d'une traite, tant il nous immerge dans le quotidien de Saint-Antoine, porte aussi un certain espoir, celui que des gamins des rues puissent déclamer du Baudelaire, Pessoa, Rimbaud, Llorca, Villon et bien d'autres... Un espoir aussi fragile qu'une larme prenant naissance dans les yeux d'une grosse femme qui ne sort plus de son appartement.
Un très beau livre.
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