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Critique de Sachenka


Klemet Nango, un Lapon qui a roulé sa bosse et dont la famille a abandonné le mode de vie ancestral de son peuple, travaille pour la police des rennes. Il s'agit d'une unité chargée de surveiller les déplacements des troupeaux et de régler les conflits entre les éleveurs de cette région reculée de la Scandinavie. Sa nouvelle collègue est la jeune Nina Nansen, provenant d'une petite ville portuaire du sud de la Norvège. Deux individus à l'opposé l'un de l'autre, de deux mondes complètement différents, doivent faire équipe pour préserver cet univers unique.

Mais Mattis Labba est retrouvé mort, les oreilles coupées, comme on le fait pour marquer les rennes. Cette particularité du crime semble incriminer les autres Lapons mais les policiers ne disposent pas d'éléments leur permettant d'en savoir davantage. Au même moment, un tambour ancestral a été volé au musée local. Deux affaires distinctes ou une seule enquête ? Et que dire de ce géologue français qui farfouille à droite et à gauche. Y a-t-il un lien avec cette autre expédition de 1939 ? Et avec de vieilles légendes datant de la fin du 17e siècle, synonymes de mort et de fin du monde ?

Ce roman est une bouffée d'air frais (ou nordique). Pas un simple polar. Sous couvert d'enquête policière, il permet de découvrir le monde fascinant de la Laponie. C'est ça, la particularité et l'intérêt du « Dernier Lapon ». L'élevage des rennes, les gumpis, les chanteurs de joïks, les chamans, les vieilles légendes, la géographie des lieux, les relations pas toujours harmonieuses avec les « colons », c'est-à-dire les Scandinaves (Norvégiens, Suédois…), le combat contre la modernité, etc. Même que j'en demandais plus mais, après tout, il ne s'agit pas d'un guide de voyage. Et, si tout semble tellement juste, c'est que l'auteur, Olivier Truc, a passé plus de 20 ans à travailler dans cette région. Son métier de journaliste paraît à travers son écriture. Pas de fioriture ni de poésie, tout va droit à l'essentiel.

Et il ne faut pas oublier les personnages riches et complexes. Outre Klemet et les membres de la police (dont le chef et Rolf Brattsen, le collègue peu fiable), on retrouve une brochette de Lapons assez originaux (le vieil Aslak Gaupsara, un traditionnel pur comme il ne s'en fait plus, et Nils Ante, le chanteur de joïks). Mais auss des Scandinaves avec leurs propres agendas (le propriétaire Karl Olsen, le pasteur, la géologue Eva Nilsdotter). Et quelques étrangers pour compléter le tout (André Rascagnal, un géologue français peu scrupuleux en quête d'or ou d'autres minéraux de valeur). Tous ont leur rôle à jouer dans cette histoire.

Toutefois, deux notes négatives. Oui, on découvre beaucoup sur le mode de vie des Lapons et leur culture plusieurs fois millénaires. Oui, on sent la morsure du froid, la solitude. Oui, on voyage dans cette Scandinavie aux paysages majestueux. Mais, si le roman nomme et fait référence à plusieurs lieux, ils sont peu décrits. Et j'en ai été un peu déçu. Aussi, je suis un peu lasse de ces romans policiers de plus de cinq cents pages. Je n'ai pas senti de longueurs dans ma lecture même si, par moments, il me semblait que certaines pages étaient quelque peu superflues. Je m'ennuie de ces romans de deux-cents-cinquante pages d'Agatha Christie ou de Georges Simenon

Ceci dit, au final, « le dernier Lapon » fut une merveilleuse découverte littéraire. En plus d'une enquête policière et d'un voyage dans le Grand Nord, le roman apporte une dimension humaine et éthique (traditions contre modernité, préservation de la nature contre exploitation des richesses anturelles, etc.). Dépaysement total ! J'ai tellement hâte de lire la suite, le détroit du renard, et d'autres oeuvres d'Olivier Truc.
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