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Citations sur Le dernier Lapon (179)

- Alors soyons clair, les tambours, c'est pas mon truc. Je suis chanteur, poète, tout ce que tu veux, mais la religion, c'est pas moi.
- Je sais, je sais, ne t'énerve pas. C'est même pour ça que tu es le plus fréquentable dans la famille.
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Klemet comprit, lorsqu'il vit Johan Henrik enfiler sa pelisse, que celui-ci n'avait pas l'intention de les accueillir dans son gumpi et qu'il désirait donc que l'entretien soit le plus bref possible. Ça ressemblait bien au bonhomme, se dit-il. Sale tête de mule. Si Johan Henrik avait, à l'instar des autres éleveurs lapons, toujours été respectueux de l'autorité, il n'avait jamais fait d'effort pour faciliter leur tâche. Un trait commun aux éleveurs qui préféraient régler leurs histoires entre eux.
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Les courses étaient un moment important dans la vie de la police des rennes. Quand on partait pour plusieurs jours de patrouille en pleine toundra, bivouaquant dans des gumpis ou au mieux des cabanes, par grand froid, après des heures harassantes de conduite, le repas était choyé. C'était rarement de la grande gastronomie, il fallait que ça tienne au corps, suffisamment longtemps pour le cas où l'on décalerait un repas à cause d'une virée trop longue.
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L'horizon était bouché. Ils remontèrent sur leur scooter et suivirent la piste, ni trop lentement, pour ne pas s'enfoncer dans la neige, ni trop vite, pour ne pas heurter un obstacle. Klemet avait peur. Il ne l'aurait avoué à personne. Mais il avait peur. Toute sa vie il avait essayé de surmonter sa peur de ces tempêtes terribles qui terrassaient la toundra. Il pensait y être parvenu, par la force de l'esprit, s'exposant, seul, au noir menaçant et glacial des tempêtes. La peur revenait à l'approche d'Aslak. Il le savait. Mais Aslak avait fait quelque chose d'horrible. Il devait payer. Klemet devait l'arrêter. S'il était encore en vie. Ils avançaient toujours lentement. Les traces devenaient de plus en plus difficiles à suivre. La neige devenait hostile, la tempête se refermait sur eux. Klemet avait aperçu à deux reprises des traces rouges dans la lueur des phares.
Cette tempête… La même, exactement la même. Il rejetait l'image, mais elle s'imposait à lui. Lui, gamin, à sept ans. Sur le rebord de la fenêtre de l'internat de Kautokeino. Avec dans un petit sac les provisions qu'il avait patiemment accumulées pendant plusieurs jours. Des provisions pour deux. Pour rejoindre sa ferme. Pour fuir cette école qui, lui et son ami, les battait quand ils parlaient sami. Il était sur ce rebord de fenêtre, face à la nuit noire, glacée, et face à la tempête qui soufflait. Trente kilomètres dans la nuit, par moins trente degrés. Dans le noir le plus absolu. À sept ans… Mais c'était la même tempête aujourd'hui, il le savait. Son souffle vrillait les oreilles de Klemet. Il avait mal, mais se forçait à continuer. Le vent se moquait de sa combinaison, s'immisçait partout. La même tempête, la même frayeur. Elle s'insinuait dans les recoins de sa mémoire.
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En voyant l'homme arriver avec son marteau souillé, Aslak avait compris. Le ciel se chargeait de nuages gris foncé. La tempête allait venir. Comme ce jour où son grand-père était parti. Il était parti seul, un soir de tempête d'hiver, comme le faisaient les vieux devenus des fardeaux pour le clan. Ils partaient seuls dans la toundra, et on ne les revoyait jamais. Aslak détaillait les nuages. La même tempête que quand Aslak avait sept ans, à l'internat de Kautokeino. Le même jour. Son grand-père était parti. Et lui aussi était parti. Il avait sauté. À sept ans. Dans la tempête. Sans se retourner.
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Brian Kallaway n'avait jamais été aussi excité de sa vie. Quel succès ! Le gisement qu'il venait de découvrir, ou plutôt de redécouvrir, pourrait faire de la Française des minerais le leader mondial du minerai d'uranium. Et lui, Kallaway, avait pu remonter la piste du gisement ! Grâce aussi, il le concevait, à l'instinct de chasseur de Racagnal. Kallaway était fou de joie. Ils étaient revenus aux scooters. Kallaway se sentait pousser des ailes. Euphorique. Il était euphorique. Il en oubliait même le sale caractère de Racagnal. Il lui donna une tape sur l'épaule, en rigolant. Heureux, il était heureux. Il décrocha la radio, dans le coffre du scooter, et lança un appel au siège de la Française des minerais à la Défense. Il fallait absolument qu'il partage cette nouvelle extraordinaire. Il se retourna, tout sourire, vers Racagnal. — Sans vous offenser, André, je comprends vraiment pourquoi on vous surnomme Bouldogue. Vous avez fait un boulot épatant. Le Canadien se retourna vers la radio, pour régler l'appareil, lançant son appel. Il n'entendit pas quand Racagnal lui demanda très doucement ce qu'il avait l'intention de dire à la radio. Tout à la joie du message qu'il allait lancer, Kallaway n'entendit pas non plus quand Racagnal lui dit qu'il n'aurait pas dû l'appeler Bouldogue. La dernière chose qu'il vit fut le mouvement rapide d'une ombre longue et fine sur le sol devant lui. Il eut à peine le temps de sentir une douleur fulgurante lorsque le marteau suédois de Racagnal lui éclata le crâne.
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Klemet restait silencieux, concentré sur la route verglacée. Il ouvrit la bouche. Mais la referma. Il avait été sur le point de raconter, mais avait changé d'avis.
— Ceux qui sont derrière ce tambour cherchent une mine, reprit Klemet. Ils ont manipulé le pauvre Mattis. Ce Racagnal cherche la mine qui est indiquée sur le tambour, nous le savons maintenant. La question est de savoir si ce Français a agi seul. Est-ce lui qui a pu poignarder Mattis pour lui faire avouer où était le tambour ?
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Il termina la conversation.Il entra ensuite en contact avec la centrale logistique opérationnelle de sa compagnie. Près de Paris, dans la tour de la Défense qu'occupait la Française des minerais, vingt-quatre heures sur vingt-quatre un département spécial était à l'écoute des dizaines d'équipes réparties aux quatre coins de la planète. Il s'identifia et expliqua qu'il voulait être mis en contact immédiatement avec le géologue en chef de permanence. On lui passa rapidement un homme habitué à prendre des décisions rapides. Cela pouvait sembler paradoxal dans un monde où l'on s'intéressait à l'évolution de la terre, où l'on mesurait les délais en dizaines de millions d'années, où les explorations s'étalaient souvent sur des années. Mais le monde de l'industrie minière était aussi soumis aux règles les plus capitalistiques qui soient, où la mesure du temps était celle des salles de marché. La moindre annonce pouvait parfois avoir des conséquences fabuleuses ou terrifiantes sur le cours de l'action. Cette réalité-là imposait des décisions rapides qui pouvaient se révéler très payantes.
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Hurri Manker regarda la jeune policière, puis son collègue. Il avait perdu son œil moqueur. Il s'attarda cette fois sur les symboles. Quand il releva les yeux, les deux policiers virent pour la première fois une profonde émotion marquer son visage. Il avait la gorge serrée quand il parla enfin. — Nous sommes en face d'un authentique tambour. Mais pas n'importe lequel. Sur les centaines ou les milliers de tambours qui ont existé en Laponie, il ne reste à ce jour que soixante et onze tambours dans le monde, soixante et onze connus, recensés, répertoriés, authentifiés. Je les connais tous, par cœur. Certains sont chez des collectionneurs, d'autres dans des musées, d'autres encore ont disparu. Mais nous en avons malgré tout des descriptions précises. Aussi puis-je vous assurer, dit-il d'un ton lent et solennel, que nous sommes ici en présence d'un soixante-douzième tambour. Il releva la tête, et les policiers aperçurent des larmes dans ses yeux.
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Aslak se rappelait avoir connu pendant ces longues et lentes transhumances un état qu'il ne connaissait pas ailleurs, et qu'il n'avait plus vraiment senti depuis qu'il était devenu un homme. Un des jeunes bergers qui venaient le voir parfois avait employé le mot de bonheur. Aslak ne voyait pas ce qu'il voulait dire. Il savait seulement qu'enfant, il avait appris avec le grand-père tout ce qu'il était important d'apprendre dans une vie d'homme.
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