AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastasia-B


C'est vraiment par hasard — et, je peux le dire maintenant, par chance — que je suis tombée sur cette BD autobiographique de Marcelino Truong. Elle m'a mis en lumière un point de vue que je n'avais jamais beaucoup eu (probablement par paresse d'avoir cherché comme il le faudrait), celui des ressortissants du sud Viêt-Nam à l'époque du président Ngô Đình Diệm.

L'auteur ne cherche pas à nous faire prendre parti, il nous présente son enfance, celle d'un fils de traducteur auprès des autorités de l'époque et du président en particulier. Il jouit également de la double nationalité et de la double culture à la fois vietnamienne et française puisque sa mère est originaire de Saint-Malo.

Il nous invite donc à vivre la période de l'éphémère " république " du Viêt-Nam du sud, c'est-à-dire dans le Saïgon des années 1961-63 jusqu'à l'assassinat de Ngô Đình Diệm. Cet assassinat politique précéda de peu celui de John Fitzgerald Kennedy et marqua le début de l'engagement à visage découvert des État-Unis dans la guerre du Viêt-Nam avec les conséquences que l'on sait.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce mélange de gentille nostalgie de l'enfance combinée à la réalité historique et politique, assez bien détaillée, auquel l'enfant qu'il était ne comprenait rien mais dont il pouvait, avec ses frères et soeurs mesurer la température au thermomètre des humeurs de sa mère qui ne rêvait que de prendre ses valises pour retourner en France. C'est également un beau travail de reconstitution à partir des archives familiales auquel il nous convie.

Et, comme à chaque fois, beaucoup de morts innocents ; des morts pour des enjeux qui les dépassent ; des morts que les populations croyaient justifiées par l'idéal qu'elles soutenaient et qui finalement ont conduit d'un régime honni à un autre régime honni. Seule la marque du vélo change mais il faut continuer de pédaler dans la montée car la pente reste toujours aussi raide...

Bref, toujours bien avoir à l'oeil et garder à l'esprit l'identité de celui qui écrit l'histoire officielle dans les livres d'histoire dans lesquels nous lisons... En première approximation, on a toujours l'impression qu'il y a le camp " du bien " et, fatalement, celui " du mal "... Après examen, on s'aperçoit qu'il y a seulement le camp qui a gagné et celui qui a perdu mais qu'en termes de barbarie et d'illégitimité, c'est du kif-kif bourricot...

C'était vrai au Viêt-Nam, c'était vrai en Algérie, c'était vrai en 1945 (vous vous souvenez le coup des méchants nazis et des gentils Américains qui lâchaient des bombes atomiques) et c'est vrai depuis que l'homme est homme et donc pour toutes les guerres passées et à venir.

Une guerre, par définition, n'est jamais juste, ni bonne, ni préventive, ni chirurgicale, ni aucun de ces qualificatifs qu'on leur attribue parfois pour leur donner l'air honnête. Pas même la guerre défensive ou de légitime défense, sans quoi il n'y aurait aucune raison d'abolir la peine de mort, car, auquel cas et d'un certain point de vue, mettre à mort quelqu'un parce qu'il a fait du mal serait une légitimation suffisante.

Sortons-nous ça de la tête. Aucune guerre n'est juste, aucun camp n'est bon et tuer des meurtriers nous abaisse nous-mêmes au rang de meurtriers. Qui peut être fier de ça ?

« Ouais mais, eh, oh, Nastasia. Une bonne guerre, quand même, une jolie p'tite guerre, ça f'rait du bien parfois, non ? »

Non.

Je n'en démordrai pas, mon avis tient dans ces trois lettres et où qu'elle soit, en Irak, en Afghanistan, au Mali, en Libye, en Israël ou au Liban, ce sera toujours ces trois lettres, quoi qu'essaient de nous faire avaler les média. Mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, vraiment pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          812



Ont apprécié cette critique (79)voir plus




{* *}