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Critique de montmartin


Jean Farel est un journaliste politique, parti de rien, sans diplôme, sans relations, il a gravi tous les échelons. Égocentrique, narcissique, obsédé par son image, vaniteux, belliqueux, omniprésent à l'écran, il guette chaque matin, dans son miroir, sa dégénérescence programmée. À son âge, malgré les audiences correctes, il entre dans une zone de turbulence et s'accroche à son siège convoité et éjectable. Il vit depuis dix-huit ans une double vie avec Françoise une femme belle, cultivée, généreuse, une grande journaliste. Son intérêt pour Claire, son épouse, est circonscrit à la vie familiale, son mariage est une vitrine sociale et rien d'autre. Il s'autorise de temps à autre une aventure avec quelques femmes beaucoup plus jeunes, mais depuis l'affaire DSK, il a toujours peur de se retrouver piégé, ou victime d'une dénonciation calomnieuse. Une plainte va bientôt être déposée pour viol, par contre lui, mais contre Alexandre son fils.

Le mérite principal de ce roman est d'être d'une actualité brûlante. L'affaire Weinstein, le poids des réseaux sociaux, MeToo, BalanceTonporc, les femmes osent parler, elles commencent à dire ce qu'elles avaient caché pendant si longtemps, les agressions sexuelles, les attouchements, le harcèlement. le temps du silence et de la honte est passé. Je suis donc heureux de voir que les lycéens ont choisi d'honorer ce roman, comme une reconnaissance de la violence faite aux femmes.

Cependant, ce récit m'a mis mal à l'aise, non pas à cause du sujet traité, bien au contraire, mais dans la façon dont Karine Tuil s'en est emparée, comme une impression qu'elle a choisi la facilité en mettant en scène un jeune homme de bonne famille accusé de viol. La première partie est laborieuse et assez convenue, les personnages sont trop caricaturaux, les situations aussi. le milieu de l'audiovisuel avec ses coups bas, la pression pour rester en haut des sondages, une vie exposée, les règlements de compte, la sexualité débridée, l'impact des réseaux sociaux, bref rien de bien original.

La seconde partie, entièrement consacrée au procès est beaucoup plus intéressante. L'auteur a la sagesse de laisser la parole aux témoins, aux avocats et je dois reconnaître que tout sonne juste. Karine Tuil met bien en avant la différence de ressenti entre l'agresseur et la victime, la distorsion entre les discours engagés sur les violences faites aux femmes et les réalités de l'existence quand vos intérêts personnels sont en jeu.

Malheureusement, le dernier chapitre vient gâcher cette bonne impression. Pourquoi avoir choisi une fin aussi fade ?
Je pense que ce sujet aurait mérité une autre approche plus humaine, moins froide, seul le personnage de Mila parvient à nous émouvoir. Dommage.

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