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Critique de lemillefeuilles


Lors de la sortie de ce roman, j'étais allée à une rencontre avec l'autrice et j'avais été assez partagée au sujet de ce livre que je n'avais pas encore lu, me demandant si le point de vue abordé était pertinent et ne risquait pas de renforcer la culture du viol. J'ai toutefois voulu le découvrir et, en voyant le livre audio à la bibliothèque, je n'ai pas hésité longtemps !

Dans cet ouvrage, nous allons suivre la famille Farel : Jean, célèbre journaliste français en déclin qui n'accepte pas de vieillir, et sa femme Claire, essayiste connue pour ses engagements féministes. Depuis longtemps, ces deux personnes ne forment plus un couple mais continue à donner le change face aux médias quand il le faut. Leur fils Alexandre est très ambitieux et étudie aux États-Unis. Souvent délaissé par ses parents, il a appris à faire avec, ou plutôt sans. Claire vient d'emménager avec un homme et la fille de ce dernier, Mila, va accepter d'aller en soirée avec Alexandre. C'est là que tout bascule. Mila va accuser Alexandre de viol et va porter plainte contre lui.

Ce livre raconte ce qui se passe après un viol, mais de façon assez surprenante (quoique... nous sommes désormais habitué·es à ces récits) puisqu'on suit le point de vue du présumé violeur. L'autrice nous raconte comment sa vie vole en éclats, ainsi que celle de sa famille assez célèbre. le jeune homme ne peut plus retourner aux États-Unis pour poursuivre ses études à Stanford et les médias s'empareront de l'affaire.

Et de l'autre côté, de celui de la victime ? Eh bien, nous ne l'entendons quasiment pas. Les rares fois où nous l'entendons parler, c'est au moment du procès. Elle pleure plus qu'elle ne parle. À aucun moment, en dehors du procès, nous ne suivons ce personnage et ses tourments suite à cette agression. Je déplore le point de vue adopté. Même si je sais que c'était une volonté de la part de Karine Tuil d'expliquer comment l'accusé voyait les choses, je ne suis pas certaine qu'il soit pertinent de permettre - une fois encore - aux lecteur·rices d'éprouver de la compassion sur ce que vit le présumé violeur. Et l'empathie pour la victime ?

J'ai été particulièrement dérangée par la présentation des faits, la zone grise (autant être claire : la zone grise, ce "flou" dans le consentement, est en réalité pour moi une excuse de la part des agresseurs pour justifier leurs actes). de plus, Mila est un personnage qui a une vie compliquée, qui a raté son bac après avoir été traumatisée d'avoir vécu un attentat dans une école juive.

Je ne crois pas que le but de l'autrice était de justifier le viol ou de susciter de l'empathie envers les agresseurs, mais je crains malgré tout que d'adopter un tel angle - une nouvelle fois - ne soit pas pertinent.

Malgré tout, il y avait des passages très intéressants, notamment les fois où entendons Mila parler : l'autrice précise ainsi, l'air de rien, qu'une victime n'a rien à gagner (ni argent, ni succès) en portant plainte.

Elle amène aussi une réflexion sur la situation des femmes, à travers différentes générations : Mila, Claire et Françoise. Elle parle de la vieillesse et du fait de vieillir et c'était plutôt réussi !

Malgré une thématique un peu risquée, l'autrice est parvenue à maitriser le récit suffisamment pour que les lecteur·rices gardent en tête la gravité des faits reprochés : une accusation de viol. Toutefois, je suis assez mitigée sur ce roman, étant donné le point de vue adopté. Il y a quelques passages qui m'ont plu et qui m'ont semblé pertinents, mais j'ai également ressenti un malaise à la lecture de cet ouvrage.
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