Son rire de mépris a vite fait de changer tout l'air du salon, comme est changé le sang dans le corps d'un malade par des manoeuvres secrètes.
Raconter, expliquer, et être crue tout à fait. C’était un élément banal dans ma petite vie sans drame, mais j’ai enfin compris que c’était impossible. Toute l’actualité du monde me le disait pourtant. Un doute persiste toujours, et c’est pourquoi on continue de répéter la même histoire. Ou pas.
Je n'écris pas pour dévoiler la vérité. Simplement, j'ai besoin de dessiner une ouverture afin qu'une vérité ne soit pas enterrée vivante.
Personne ne peut me protéger du monde dans lequel je vis.
Sarcasmes, apostrophes en apparence innocentes mais prononcées avec juste assez d'agressivité : Tu n'aimes pas l'humour? On ne peut plus rire? Toujours cette manière puérile de nier l'autre, d'invalider sa parole.
Ce premier soir, mon feu envahit le foyer. Je prends peur. Mais il s'éteint aussitôt. Cela m'étonne. Puis je comprends que le journal s'embrase vite, qu'il faut plus de brindilles. Les nouvelles sont en cendres. Tant mieux. Mais je n'ai pas de feu.
Je dialogue parfois avec une professionnelle, je laisse mon interlocutrice gratter les croûtes de langage qui s'accumulent dans ma matière cervicale, puis je retourne à la rumeur.
Nous sommes dans une forêt du Québec
- Oui, mais je n’ai jamais vu de chevreuils
Un soir, le chevreuil apparaît dans le halo du lampadaire
Je suis là, dans ce monde, attirant l’attention sans le vouloir.