Il était 17 heures, donc temps de rentrer à la maison. Comme Krister ne travaillait pas ce soir, elle se réjouissait à l'idée d'un bon dîner en tête à tête.
Rien dans l'atmosphère ne laissait présager ce qui allait suivre. Bien au contraire, pour un début du mois de mai, l'air du large chargé d'embruns était étonnamment doux. L'eau scintillait sous le soleil, dont les reflets jouaient sur les crêtes douces des vagues, comme pour nous faire croire que l'été était déjà là. C'était une de ces journées inespérées qui surgissent au printemps comme un cadeau et disparaissent aussi vite qu'elles sont venues. Une femme et son labrador noir se promenaient seuls au bord de la mer. Le chien faisait tout ce qu'il pouvait pour titiller une mouette sur la rive. Elle s'élevait à quelques mètres au-dessus de la surface de l'eau, décrivait un petit arc de cercle et poussait son cri caractéristique.
C'était une de ces journées inespérées qui surgissent au printemps comme un cadeau et disparaissent aussi vite qu'elles sont venues. Une femme et son labrador noir se promenaient seuls au bord de la mer
Irène éprouva une profonde compassion pour Beate. Pendant une seconde, elle revit le visage mort d'Isabell. Elle restait taraudée par une sorte de culpabilité. En agissant près d'Irène, l'assassin la faisait participer elle aussi, ce qui était certainement son intention. Arrêter ce meurtrier, elle en faisait à présent une affaire personnelle. Elle devait bien cela aux victimes qu'il avait profanées.