Tous ces silences entre nous

pourtant le soulagement d'avoir la maison rien qu'à elle, son cœur bondissait dès que le téléphone sonnait. elle attendait que feroz, prenne acte de sa souffrance, qu il s'informe de l'état de son corps douloureux. cette fois, il n'y aurait pas de regrets. cette fois, le processus habituel, celui où au déchaînement de la violence succédaient des torrents de larmes, de paroles, de regrets, de mots tendres, de baisers et de promesses, de ne plus jamais recommencer, ne suivrait pas son cours.

feroz était comme un possédé quand la colère le prenait et à la moindre provocation, les furies qui l'habitaient pouvaient se mettrez à tourbillonner encore plus vite, à la manière d'un nuage de poussière en formation

il lui semblait qu'une phase de leur vie conjugale venait de prendre fin et qu elle ne pouvait même plus espérer avoir la satisfaction d'être reconquise

Où vont-elles, toutes ces larmes répandues dans le monde ? Si seulement on parvenait à les capter, elles pourraient irriguer les champs du village de Gopal, et même d'autres, encore plus loin. Ainsi ces larmes prendraient de la valeur et toutes ces souffrances auraient un sens. Autrement ce n'est que du gâchis, un cycle interminable de naissance et de mort, d'amour et de deuil.

Le passé reste toujours présent. On a donc pas à le faire revivre. Le passé est comme la peau de ta main- il était là hier et il est là aujourd'hui. Il ne va nulle part.

Tu as vu comment je me sers d'un marteau pour planter un clou? Eh bien, eux m'utilisent comme un marteau pour obtenir ce qu'ils désirent. Je ne suis rien d'autre pour eux: un marteau. Et que se passe-t-il quand le manche d'un marteau se casse? On le jette et on en prend un autre. Ils se sont tout simplement servis de toi pour pouvoir se payer un marteau neuf, voilà tout.

Pendant une brève seconde, elle avait repensé à son coup de poing parfaitement cible, mais elle avait envie de le croire autant qu'il désirait la convaincre.

Serabai , murmura-t-elle.Vous êtes bien plus savante que moi, vous avez de l'instruction et moi je suis illettrée. Mais écoutez-moi, bai : il ne faut plus accepter qu'il vous traite ainsi. (...) Vous essayez de cacher votre humiliation, bai, je le sais, pourtant ce n'est pas vous qui devez avoir honte, c'est lui.

Au milieu des cris, des appels et des bavardages incessants des gens qui l'entourent, elle croit entendre la voix grave et profonde du Pachtoune qui la réconforte, l'encourage et la presse de ne pas renoncer.
Sa voix lui parvient par-delà les montagnes et les années.

" Betti, le passé reste toujours présent. On n'a donc pas à le faire revivre. Le passé est comme la peau de ta main - il était là hier et il est là aujourd'hui. Il ne va nulle part. Quand tu seras plus vieille, peut-être que tu comprendras mieux.
- Mais, mama, il y a un dicton anglais qui dit : il ne faut pas réveiller le chat qui dort. Ca ne rime à rien de réveiller un chat qui dort."