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Critique de AlexandreF


le géant de Zeralda est un album de 36 pages de Tomi Ungerer publié en 1967 par l'École des loisirs. Tomi Ungerer est un dessinateur et auteur français habitué des albums pour enfants (on notera par exemple Les Trois Brigands ou Pas de Baisers pour Maman) mais il est aussi très connu pour son affiche Black Power/ White Power. le géant de Zeralda reprend un des thèmes préférés d'Ungerer : la peur. Il faut aussi ajouter que cet album est très populaire au Canada (on l'étudie au cours préparatoire).

L'histoire est la suivante : Un ogre effrayant ayant un fort appétit se plaît à manger son met préféré, les enfants, à son petit-déjeuner. Il terrorise donc tout le village et les parents doivent cacher leurs enfants. le monstrueux ogre ne trouvant plus d'enfants à manger se voit contraint d'avaler de la bouillie d'avoine, ce qui le rend de plus en plus grincheux. .

le langage est simple mais précis, en témoigne le champs lexical de la peur et de la nourriture prépondérant dans l'album. La narration quant à elle se déroule sur plusieurs années dans le passé. Les merveilleuses illustrations d'Ungerer remplissent leurs rôles : le dessin sert le texte et les couleurs sont précises (douces à la campagne, marron/noir chez les ogres). La place de l'illustration n'est pas canalisée, elle est presque anarchique : elle occupe toute une page, puis deux pages, ou le haut d'une page, ensuite le bas, etc. le dessin est tour à tour doux dans l'innocence de l'enfant mais dur quand on nous peint l'ogre.

Ungerer prend ici le contre-pied des contes traditionnels où le méchant reste méchant. Chez Ungerer, le méchant devient gentil au contact de personnes gentilles. C'est ainsi que l'auteur fait sauter les tabous en renversant les idées reçues. de plus, Tomi Ungerer, la bête noir des pédagogues comme il se surnomme lui-même, n'a pas peur d'exposer la peur aux enfants. Comme il le dit, « ce sont les adultes qui ont peur de mes livres pour enfants ». Par exemple, il n'hésite pas à utiliser le thème de l'ogre qui est effrayant en allant encore plus loin. Ce n'est plus seulement un ogre qui mange les enfants mais un ogre qui mange l'enfant qui lit le livre par analogie via la pertinence des illustrations sur l'imaginaire de l'enfant. En témoigne de nombreux détails troublants : du sang sur un couteau, des petites mains dépassant d'une cage ou d'un sac, les regards sont affreux, etc.

Mais Ungerer y joint des détails amusants (il y a toujours un petit animal plus ou moins caché dans les illustrations, le visage de l'ogre étrangement ressemblant à celui d'Ungerer à la dernière page, etc). Cette recherche des petits détails amuseront à coup sûr les petits lecteurs.

Désormais considéré comme un classique, cet album d'Ungerer ne le fût pas à ses débuts, il y a plus de trente ans. le héros de l'histoire est l'ogre, ce qui renverse une fois de plus la tradition. Mais ce héros effrayant s'adoucit, change : il n'est pas manichéen. Ce renversement des valeurs à la fois dans la littérature jeunesse mais aussi dans le traitement de la notion de héros dans cet album a fait de cet ouvrage un des plus apprécié par les enfants... mais aussi des adultes qui se souviennent tendrement l'avoir lu.
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