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Critique de Meps


John Updike fait partie de ces noms que j'ai souvent croisé comme tentation littéraire dans l'offre pléthorique de la littérature américaine. Je ne le reliais pas du tout avec un souvenir cinéma d'un film que je ne pense même pas avoir vu autrement que par extraits mais dont la distribution trois étoiles glamour de l'époque (Cher, Sarandon, Pfeiffer autour de Nicholson) ne permet quasiment pas d'ignorer l'existence.

Il y a sans doute également une certaine confusion avec les événements historiques autour des sorcières de Salem qui m'ont finalement poussé à découvrir Updike par le biais de ce roman plutôt que par la saga Rabbitt qui semble être le pivot central de son oeuvre.

Revisiter le mythe de la sorcière au XXème siècle c'est presque inévitablement se confronter à ce que cela renvoie de rejet anti féministe du terme, à la crainte qu'elles représentent pour un pouvoir machiste remis en cause par leur existence. Et si les sorcières d'Updike dont dotés de pouvoir bien réels, elles incarnent également parfaitement cet autre symbolisme de la figure magique : divorcées, sexuellement libérées, victimes des ragots de leur petite ville, elles luttent avec leurs armes pour se faire accepter ou à tout le moins respecter.

Le regret que je pourrais exprimer est que l'auteur les cantonne tout au long du roman à leur lutte contre les femmes mariées de la communauté, comme si l'ennemi ne pouvait être que l'autre féminin concurrent. Il n'est en tout cas pas incarné par leurs hommes, amants interchangeable, faibles, sans personnalité et pourtant inexplicablement collectionné comme des trophées par ces sorcières condamnées du coup à n'exister que dans leur rapport à l'homme.

Le changement s'opère avec l'arrivée d'un homme étranger dans la communauté, que l'on aurait tort de trop limiter à une incarnation démoniaque comme je l'ai beaucoup lu dans les critiques du livre... même si les clins d'oeil sont nombreux. Son arrivée sera notamment l'occasion de l'expression des désirs homosexuels de ces trois drôles de dame, ainsi que l'élargissement de leurs ambitions artistique dans la musique, la sculpture et la littérature, une possibilité de sortie vers le haut d'un quotidien enfermant. le rapport particulier du nouvel arrivant à la fois à la science et à la religion est également l'occasion d'intéressantes réflexions.

Mais la force des habitudes et du désir de confrontation avec des sorcières aux pouvoirs récemment découverts fait retomber le récit dans une certaine platitude dont il avait pourtant l'occasion de s'extraire à de multiples reprises. Reste un style intelligent, caustiquement drôle qui fera regretter cet essai non transformé car inégal.
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