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Critique de bdelhausse


Eny Urbed est un flic. Un gars torturé, la proie de ses démons, il a la loose chevillée au corps. Il a des visions, genre bipolaire express, du style qui vous feraient saloper votre froc, mais Eny Urbed, c'est un dur de dur. Les déchus lui apparaissent, entre cauchemar et réalité. Ils se dressent devant lui à l'improviste. Et lui, il se voit les combattre. Issus de son enfance et de ses enquêtes aux frontières du supportable, ces déchus sont de sacrés empêcheurs de résoudre une enquête en rond, et rond, petit patapon. Tous ces désaxés, pervers, sadiques des enquêtes d'Eny Urbed ont mis à mal sa santé mentale, il est limite psycho, mytho, mégalo, menthalo... Ai-je dit qu'il était un profileur de génie ? Non ? Eh bien, maintenant, c'est fait. Vous voilà prévenus.
Avec ses démons de minuit qui l'entraînent jusqu'au bout de la nuit, il débarque à Little Big Town suite à la découverte du corps d'une jeune femme, découpée et reconstituée façon araignée humaine. Et la valse des meurtres se poursuit. le tueur est affublé d'un masque à gaz, d'une hache et d'un ciré rouge. Nous ne sommes donc pas en Bretagne, là il n'y a que des cirés jaunes. Ce tueur fou est la réincarnation d'un criminel nazi, Verner Haas, réfugié dans la ville une quarantaine d'années auparavant. Dézingué par quelques habitants, il semble se venger en attaquant les filles de ses meurtriers.
J'oubliais, Verner Haas est aussi le prodigieux inventeur d'un gaz "nazilarant", de couleur violette (sans l'odeur), qui libère sa victime de ses peurs et inhibitions... ce qui donne lieu à des scènes sexuello-SM dignes du meilleur donjon batave.
Vous en avez déjà assez? Rassurez-vous, moi aussi. Mais on va aller au bout du bout... qu'il soit circoncis ou pas. J'espère que vous avez toujours le hit d'Images en tête... Sinon, un petit coup de revenez-y... Ils m'entraînent au bout de la nuit, les démons de minuit...
Les scènes de sexe s'enfilent... mmmhhh... entre deux scènes de massacre, façon Cabin in the Woods. On met les deux pieds dans les tripous à la "mode de quand"... oui, à la mode de "quand cela va-t-il s'arrêter"...
Ajoutons une chanteuse de cabaret genre Blue Velvet. Un duo de choc quand Eny Urbed est rejoint par Mike Rutherford (je le pensais bêtement guitariste de Genesis), genre Twin Peaks. On baigne dans une sorte d'univers lynchesque... et je ne résiste pas à l'idée, effectivement, de lyncher le duo d'auteurs qui se cache derrière Eny Urbed. D'ailleurs, Lacan et Freud avec qui je dînais l'autre jour ont énormément de choses à dire sur le fait d'écrire des cochonneries mal ficelées à deux en se donnant pour nom d'auteur le nom du héros qui est tellement balèse qu'il saute toutes les meufs à oualpé... et même qu'elles en redemandent. Que dire des snuff movies abordés dans le roman? Rien de plus. Que dire des orgies, du dealer vidéaste? Rien de plus. Et du fait que le coupable est la personne que les auteurs ont dépeinte comme inoffensive tout au long du roman? Rien, non rien de rien... je ne regrette rien. Voilà, Emile et Images ont quitté votre subconscient... Place à la môme Piaf, élevons le débat.
Question à deux balles... où se passe l'action? Quelque part. Un coup on pense aux USA. Un coup on compare un gars à Matt Pokora. Un coup on est dans un rade façon station-service US. Un coup on a une référence à la France. On est dans une interzone mondialisée où tous les mondes se confondent...
Les scènes de meurtres frôlent l'invraisemblable. Et pour essayer de faire rentrer leur cube dans un emporte-pièce rond, les auteurs n'hésitent pas à en remettre quelques couches. Entre clichés et pastiches, l'art est difficile. Mais ici, ce n'est pas du lard, c'est du cochon. le malheur ultime pour Eny Urbed, l'auteur, est que je lis le Bourbon Kid en même temps que leur navrante bouse. Là aussi les scènes violentes s'enchaînent, mais avec la chill attitude, le second degré, le vrai second degré, celui qui fait mouche. Rien dans ce livre n'est original. Aucune des idées n'a jamais été vue, lue, entendue ailleurs. Les auteurs ont juxtaposé des idées qui leur plaisait dans des livres, des films, afin de créer leur monstre de Frankenstein. Résultat... un roman écrit à une main, l'autre s'agitant dans le slibard.
Que dire d'autre... La copie que j'ai eue entre les mains était truffée de fautes d'orthographe. Pas quelques-unes. Non. Une pleine brassée. Et pas des moindres. Lire "il s'écrit" au lieu de "il s'écrie", ou "ils revenez" au lieu de "ils revenaient"... C'est plus qu'inadmissible. C'est une balle dans le pied. le respect du lecteur commence par une orthographe décente, peu importe ce que l'on écrit. Même Zemmour écrit ses m.e.r.d.e.s en français correct.
Et le style... ? Plat. Les dialogues, incohérents. Les rebondissements... tellement visibles qu'ils en deviennent insipides. Les situations, rocambolesques. La psychologie des personnage, maigrichonne, pour ne pas dire pire. Tout cela est digne de ce qu'il est convenu d'appeler "un film de genre". Mais il y a un monde entre The Cube et Meander. Entre Walking Dead et Zombies of Mass Destruction. Entre The Devils' Rejects et le Sadique à la Tronçonneuse... Entre Seven et Excision. Les univers de Jean Rollin ou de Russ Meyer ne me sont pas inconnus. Mais tous ces films ne se situent pas au même niveau. J'apprécie un bon nanar, mais uniquement quand il ne se prend pas au sérieux. Ce n'est pas vraiment le cas ici (par contre, le Bourbon Kid est exceptionnel).
Bon, rendons (quand même) à Jason ou à César ce qui lui appartient... il y a de temps en temps un § qui dénote. Un vrai beau §, une description bucolique, un état d'âme, une sensation... et sur quelques lignes le lecteur reprend espoir. Puis on sombre dans le n'importe quoi le plus vil...
Essayons de marcher sur ce livre du pied gauche, il paraît que cela porte bonheur.
Je termine comme toujours quand il est question d'un livre publié à compte d'auteur, par avouer une certaine admiration pour des personnes qui sont arrivées au bout de leur passion. Ils ont réalisé, eux, ce dont beaucoup rêvent, mais sans toutefois passer le pas. Cela dit, je commence à me dire qu'il est peut-être parfois préférable de s'abstenir. Si monsieur et madame Schicklgruber s'étaient abstenus ou avaient mis un préservatif, Verner Haas n'aurait pu servir de nazi de service... (Mentionnons que Verner n'est pas un prénom allemand, et qu'un Werner Haase a réellement existé, fut effectivement un criminel nazi et est mort en 1950 dans une prison russe.)
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