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Citations sur Les bâtardes (13)

Le trio de futures mamans t’a demandé le nom de ton ancien collège et elles ont ouvert de grands yeux quand tu as dit Buin English School College ou quelque chose comme ça. Elles t’ont demandé si tu parlais anglais et tu as répondu que oui, que tu savais prier et je ne sais pas pourquoi, tu as commencé à réciter le Notre Père, Our Father, who are in heaven. Elles en sont restées bouche bée, de rire ou de peur. Elles t’ont demandé le Je vous salue Marie et toi, obéissante, tu as commencé Holy Mary, Mother of God et à la fin, comme une bonne petite fille, tu t’es signée In the name of the Father and the Son and the Holy Ghost, amen. Je m’en souviens encore, je sais encore prier comme toi, car je ne priais pas, même en espagnol, mais en t’entendant j’ai voulu apprendre. J’ai imaginé que Dieu pourrait mieux m’entendre en anglais, que prier dans une autre langue pourrait réduire les longues distances, être un préfixe qui faciliterait la façon dont j’enverrais à Dieu mon interminable liste de demandes et de plaintes. J’ai beaucoup prié, mais les aides ne sont jamais arrivées. Peut-être parce que mon anglais n’a jamais été bon.
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Je pense au 29 février comme à une date inhabituelle. Comme si tout ce qui se passait ce jour-là était un bonus, une parenthèse dont, une année normale, nous aurions pu nous passer. Un jour qui pouvait tout aussi bien exister ou que nous pourrions éliminer, avec tout ce qui s'y produirait. Un jour d'été en plus, un jour encore pour échapper au collège. (29 février, pages 85-86)
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J’aimais sa peau claire, comparer ses grains de beauté couleur café au lait et les miens, café noir. J’aimais la toucher et sentir près de moi une peau comme la sienne, que j’aurais tellement voulu avoir dans l’enfance, parce que dans mon école de quartier toutes les brunes étaient amoureuses du seul blond de la classe, lui-même amoureux de la seule blonde, selon une logique qui dépassait le racisme pour obéir aux règles du marché, à la loi de l’excédent de cheveux bruns et de la pénurie de cheveux clairs.
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La dernière chose importante qu’on ait partagée, ce fut d’avoir nos premières règles presque en même temps. Elle avait trouvé je ne sais où un livre qui expliquait tout. Avec les dessins d’un homme et d’une femme qui ne portaient pas de vêtements. On l’avait lu. C’était la première fois qu’on se touchait comme ça. On vérifiait si on avait des poils pubiens. On était seules chez elle. Ce soir-là, ma mère était venue me chercher. Elle s’était disputée avec tante Nena pour une raison qui m’échappait, et on n’était plus jamais revenues.
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Je lui saisissais la tête et je la sentais toute petite, comme ses mains et son pénis. Le corps de Laurato était comme une étoile : il se rétrécissait aux extrémités, aux pointes.
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On s’est croisées. Ce fut rapide, l’espace d’une seconde. Je l’ai fixée du regard et une sensation de chaleur est montée en moi, la joie ou la peur, je l’ignore. Elle m’a regardée grâce à cet instinct humain qui nous avertit d’un regard étranger, afin de pouvoir nous défendre d’un éventuel prédateur. Il m’a semblé voir sur son visage une étincelle de nostalgie, sans aucune certitude.
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J’ai touché la courbe de ses jambes, et j’ai été prise d’un fourmillement. J’ai touché ses seins sous le tee-shirt, ils étaient doux et menus et je les ai imaginés roses sur une peau blanche. On a emboîté nos jambes, je me suis collée contre elle et réciproquement. J’imaginais ses pommettes rouges comme au cours de Pilates, je lui ai caressé le cou avec le nez et suis restée là, la tête appuyée contre son épaule, gémissant, haletant, écoutant ses cris étouffés. J’ai ôté ma tenue de sport, elle aussi, j’ai posé la langue sur son nombril, suis revenue à sa bouche et elle m’a sucé le sein gauche comme un bébé affamé, je n’y tenais plus et suis morte en quelques secondes en l’entortillant dans mon slip.
On est restées allongées l’une contre l’autre, peau contre peau. Puis on s’est couchées dans son lit et on s’est endormies. Mon principal souvenir de cette nuit, ce sont les draps. Les plus blancs et les plus doux que j’avais jamais vus.
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Elle avait une frange épaisse et une longue queue-de-cheval à l’extrémité ondulée. J’ai passé l’heure entière à l’épier dans la glace. Ses pommettes rouges, ses sourcils foncés et ses jambes fines me plaisaient. Je me suis dit que ma main s’encastrerait parfaitement dans le creux prononcé de ses cuisses.
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Il n’y a personne et cela m’effraie. Les paysages vides me font plus peur que ceux qui fourmillent de gens, j’ignore pourquoi. Ma seule arme de défense consiste à plisser le front, marcher vite et espérer qu’il ne m’arrivera rien en rentrant chez moi.
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Bien sûr, dans chaque pays, les entreprises ont des noms différents – on le voit jusque dans les publicités pour le câble, la lessive Omo s’appelle Ala en Argentine –, mais cela m’a marquée. J’ai été impressionnée de me sentir comme un corps étranger, de découvrir que mes codes ne valaient rien là-bas, alors que nous partagions la même langue et la même portion de continent.
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