AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de enjie77


Fidèle sur Babelio, je suis toujours très attentive aux citations mises en ligne sur le site, elles me permettent ainsi d'approcher modestement l'identité d'un auteur. Aussi, le livre de Maryna entre les mains, je me suis demandée si le « Taureau » que j'étais serait à même d'appréhender le côté surréaliste de son écriture. Question vite résolue. Dès les premières pages, il m‘a été agréable de savourer son environnement serein et bucolique où je me sens à ma place.

« Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas » ! Ce titre m'a tout de suite fait penser à ces pancartes que l'on rencontre dans les parcs et jardins publics « Vous aimez les oiseaux sauvages, ne les nourrissez pas ». Maryna m'invitait-elle à la flânerie dans un parc comme le suggère la couverture de son livre ?

Maryna joue avec les mots. le charme de son écriture opère, je suis fascinée. Parfois je me trouve décontenancée, parfois je pénètre le sens profond de ses phrases. Une intimité se crée entre nous deux, nous sommes proches et subitement, un terme, une figure, nous sépare. Elle sait si bien jongler avec le sens des mots, avec ses pensées, elle sait si bien envoyer les mots contre un fronton imaginaire pour mieux les voir rebondir sous une autre forme. de sa méthode, une vibration se dégage, apaisante, mélancolique, qui berce, qui interroge. La musicalité parfois laisse place au sens, à la poésie puis de nouveau, la musicalité prend le dessus et on se laisse porter par les mots sans chercher à comprendre, simplement se perdre dans cette mélodie où il est question d'un amour contrarié, d'un élixir d'amour inefficace à moins qu'il ne soit que le fruit de l'imagination de Maryna, nourri par son admiration pour Simha. Puis elle revient me susurrer à l'oreille une confidence sur Casimir, son époux.

Quel joli vagabondage insolite dans ce si romanesque paysage intérieur. Je me suis laissée transporter dans une autre dimension. Maryna aboli les frontières entre les mondes. le rêve se fait poésie, pose un regard bienveillant sur dame nature, dévoile une bien jolie personne « mes ongles sont coupés trop courts pour qu'ils griffent » dit-elle en s'adressant à son « runner ». Il y a de très jolis passages qui font penser à des mouvements lyriques d'une grande douceur et parfois si languissants devant ses espoirs d'amour déçus. Je la ressens si vulnérable :

« Ma coupe verte était prodigieusement pleine. C'était un matin désert, un week-end de chassé-croisé des vacanciers bougillons. Comme si, dans la plupart des cas, chacun buvait des prunelles et emportait avec lui une poignée de l'eau vive.
Sur la barbe de cent nuits d'aiguilles ocre de pin, j'errais sans trop d'espoir. Les rafales soulevaient le sable.
Il est apparu subitement quand je l'attendais le moins. Il m'a demandé : « Ca va ? » aussitôt se détournant.

Je ne suis ni faible, ni forte, je suis vide. Lui, ni distant ni engageant : du vent. Un livre de poche effeuillé traîne à terre à l'endroit où on s'est coupés sans agir aucunement. Je suis pour lui sans importance hors de conteste. Il est pour moi encore plus beau mais sans âme. »


Que d'amertume et de poésie dans ces lignes. L'alliance des mots et de la musicalité qui émane de la prose de Maryna, me fait penser à une partition de musique pour un Opéra. C'est comme un sortilège ou un ballet et dans la tête, la chorégraphie ou la scénographie projette les images et le livre devient vivant.


Chère Maryna, c'est avec un réel plaisir que j'ai reçu votre livre et vous prie de me pardonner le temps que j'ai mis à rédiger ce billet, un souci de santé m'ayant tout particulièrement ôté ma capacité de concentration. Je tenais à vous réitérer mes excuses.

Commenter  J’apprécie          6315



Ont apprécié cette critique (61)voir plus




{* *}