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« Sur quoi oeuvres-tu, maman griffonneuse, dactylographieuse, maman engloutie ?
— J'écris sur les arbres, les hommes aussi, car je les confonds, voisinant parfois dans le même cadre…
— Tu aimes ton végétal comme un vrai humain ?
— J'aime plutôt l'homme comme une pinède ! »

Chers lecteurs et amis Babelio, après un bienheureux piétinement poétique de cinq ou six ans, je me suis relancée dans le roman !
Mon titre, vous rappelle-t-il les oisillons des parcs urbains ? C'est une prose rongée de vers comme le granit de lichen. C'est une prose bénie de vers comme une vie d'une passion. Galilée s'émerveilla : « Et pourtant elle tourne ! » Pourtant c'est un roman ! ai-je envie de crier. Récit où je slame et m'exclame… Vous trouverez cela barbant si vous ne prisez pas l'aspect dense, et même cursif, rabougri, de la poésie contractée. C'est une fiction qui nous ressemble, moi qui notais, lui qui dribblait, et nous shootions, nous nous pendions chacun à son panier de songes…
J'ai traversé le Rhin, écouté Novalis, je me suis cachée dans le myosotis romantique pour réunir l'onirisme et le monde réel, comme un trouvère en quête de l'amour absolu.
En un camaïeu volubile et hyperbolique, mon dégradé de vert, abreuvant mon âme avide, j'ai décliné à loisir mes tags de prédilection : rêve, pluie, ardeur, poème, liane, sylve, lac, lilas… Vous, feuilles, troncs et branches, mes membres, mes torses, mes peaux ! Bourrée comme un coing de rimes, je me suis muée en Ève !




La suite, ce n'est ni une critique ni un préambule mais un texte qui révèle le caractère du livre, plonge dans son ambiance et ses exaltations gardant le « je » initial de la narration. Commencer par un épilogue, n'est-ce pas une bonne approche ?
La vie, versatile, est impossible à cerner. Elle persévère alors que ce livre se fige. Il n'est qu'un oeil-de-boeuf parmi d'autres éclairant le creux de ma paume... Dès qu'une fin fragile point, une nouvelle intrigue se dessine déjà à l'horizon.

***
Je quitte très tôt mon appartement. La nuit règne encore sur ma promenade. Gisent sagement sur l'échiquier sombre d'un plan d'eau étroit les paons aquatiques. Je ne compte que sur les lampadaires, épouvantée par le désert des lieux. le givre m'enjôle couvrant chaque brin. Tout endolori, près de se casser, mon index semble un bâton de cannelle. Mon pompier agile qui n'est pas venu éteindre le feu de ma foudre en boule, que je voudrais épier sa tenue de course par ces temps gelés, l'entrevoir d'un oeil ! A-t-il un bonnet ? Est-il en collant, sous un coupe-vent, ou toujours sans rien ?
Loin de notre idylle, j'opère mes boucles de Paris-boudeur. C'est ainsi qu'un schéma de la Ville-Lumière se montre à ma vue : dans sa fraise clownesque, juche une tête ronde fendue par la Seine, sa bouche maussade presque édentée ! Bannies soient les cartes !
Ô détail divin ! Sous le pont d'Iéna, le torrent grommelle, remue son prénom, renouvelle encore mon flux de désir. Dans le brouillard bleu du fleuve évolue un petit navire que mon éros berce. Entre les piliers de la Flèche Eiffel, les Sainte Nina et Sainte Rita, les cordes moussues ancrent les péniches. Ces humbles pylônes m'attisent sans fin.
Ma Tour ne sort pas, et c'est le covid qui s'est invité, ennuyé sans elle ! Mais voici mon grog, aux agrumes-mots, une décoction de mes veillées longues, au vin de syllabes, au miel de virgules. Qu'en toutes circonstances, tu demeures ivre ! Quatre pétales de « v », pour ailer ton coeur, et sept pincées d'« i », pour un sourire ample, assaisonnées d' « e », très euphorisants, comme d'une essence naturelle exquise. Puis, à volonté, points d'exclamation !
Mon châle persan, pour ma délireuse ! Tu pionces ou tu brûles, tu racles la gorge murmurant une strophe, apte à distiller une mélodie de ta maladie. Ne sois enrhumée que d'une narine, ne sois obscurcie que du côté gauche ! Vivent nos remakes !
D'un coup j'aperçois le tronçon d'un fût flottant sur les ondes comme un short géant. Salut, mon Baumier, mon témoin muet ! Une mouette grise se pose à mes pieds…
Je tweete et retweete mes « selfies » pour lui, sur un air de Brel. Mais mes lieds cryptés, ma radio de Londres, n'éclaire que moi…
Ce matin hiémal, j'ai froid à la langue à bader la figue au bord de la Seine, à béer devant les arches brumeuses, à foncer depuis trois heures entières dans la vie fermée pour qu'elle s'éventre ! Yeux écarquillés ! Hier, j'ai soufflé ma flamme amoureuse comme une chandelle. Je vais devenir une Laponie ! Et, comme les vieux, tout asymétrique ! Mes encourageuses seront mes deux larmes, mes humeurs du nez !
J'entre aux Tuileries aux piétons épars, hantés de virus. Les paros houssés offrent leur silhouette ou plutôt leur spectre. Je me crois à Vienne où mes doigts de bois peinaient pour capter un lunch d'écureuils, les derniers seigneurs d'un château royal.
Sans raison, je suis montée sur la butte du pont desservant le Palais Bourbon. Là, ma perle rare, je l'ai dénichée ! C'était un trou vague de soleil timide, une lueur baroque, l'éclat tamisé d'un jaune de Naples crevant les nuages et le smog ambiant ! Sous les réverbères encore allumés, dans l'optique amène des ponceaux voûtés, mon Paris loukoum, poudré, impalpable, cité de poupée, s'est ouvert à moi !
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"Oh lis moi sans délai, je ne t'attendrai pas!" me fit un quatrain quand je le dépassais. Ce sont mes vers-lapins qui minent, sapent, creusent des souterrains..." nous prévient Maryna Uzun.
Un petit hommage à "Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas!"


Maryna ...
M comme:
Ma vie de couplets enragés et de légumes encombrants, et de précautions inutiles où j'ignorais les dinosaures..


A comme:
Aèdes courtois, ne m'appelez pas "ma petite fleur", j'ai peur qu'on me mette un jour dans un vase,


R comme: Réveille moi, feu vert ardent. Rappelle moi, fontaine fraîche. Je me rue à ta rencontre, la rue de nos révélations. Notre coeur-à-coeur est étrange...


Y comme:
"Y a pas le feu, madame!
J'ai envie de répondre: Comme menace, il y a pire. C'est la ménopause!"


N comme: Néanmoins où puis-je aller ailleurs? J'aurais beau être chez moi, affalée sur le divan, azimuter Casimir, l'écouter continuellement se plaindre...


A comme:
"A mes amours, ce soir, j'avoue: les utopies qui ne sont pas réalisées sont des cauchemars...Casimir prétend que j'entends tout de travers.


En espérant que ces quelques extraits vous donneront envie de lire ce livre. Mais, qu'est ce qu'un "Casimir":)
"Canapé ou Ampoule au pied?
Sérénade ou Intempérie?
Mamelles t'aimantant à l'oreiller ou Isthme éventé au point du jour?
Refixe ton choix: des becs drus ou patins moelleux?"


Elle ouvre la source des larmes
Et les fait doucement couler.
Ses "vers-lapins" ont les plus doux charmes
Et moi émerveillé, je m'y laisse couler .
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« Souris aux lys, sinon ils fanent ! Badine au ciel, sans quoi il s'étiole ! »

Ce ne fut pas une rencontre gagnée d'avance. Mais il a eu raison de moi. Ce livre. Cela fait un moment que je l'ai à mes côtés, à chaque fois que je l'ouvrais je ne savais pas par quel bout le prendre, preuve en est à quel point je suis formatée par un type de poésie, une poésie plus cadrée, celle des alexandrins d'un Baudelaire, celles des poésies sans rimes mais cependant structurée d'une Andrée Chédid par exemple ou d'une Anise Koltz, et surtout celles des tankas que j'aime lire et écrire. Les tankas de Akiko Yosano et son somptueux « Cheveux emmêlés » est mon oreiller d'herbes depuis une dizaine d'années, l'épure de ses tankas m'apaise. Alors comment accueillir cette poésie fleuve, libre, rebelle, imprévue qui me donnait le tournis dès que j'en approchais mes yeux fermement corsetés, guindés dans l'étau de leurs oeillères…

J'aime regarder
Les immensités sans borne
Le ciel et la terre –
Oublier les sens, les formes
Des lignes et des frontières

Pourtant, elle prévient dès le départ Maryna : « Notre bavardage exalte. Ou il ennuie. Cela dépend de qui nous a apprivoisés ». Il faut donc l'apprivoiser. Oui mais comment ? Quelques indices cependant « la macaronée, rare et non paginée, se consomme en quantités réduites. Ce n'est pas systématiquement du miel apaisant, de l'huile luisante. C'est souvent de l'ail ou de la moutarde, ou du hareng saur ». Très bien, j'aime l'idée. Une poésie qui a du caractère à consommer par petites doses donc. Je relève le défi.

Comme à chaque expérience de littérature, la lecture à voix haute m'a ensuite donné les clés d'approche. Et je fus littéralement émerveillée lorsque la porte s'est enfin ouverte. La poésie de Maryna Uzun est une poésie qui pétille, qui claque, qui explose, qui tourneboule, qui ose, qui crie par moment, qui apaise aussi. Une poésie primesautière. En l'espace d'une ou deux pages, elle nous entraine dans une multitude de sentiments, de beautés, d'émotions. Et me voilà impressionnée et tellement imprégnée par ma lecture que je me surprends à voir émerger des images provenant de son imagination à elle dans ma vie à moi…Ainsi, me baladant, à la vue de des premières feuilles, voilà que surgit un dragon crachant du vert tendre.

La poésie de Maryna, c'est une poésie qui se dépiaute, qui se lit et se relit, qui cache des images derrière d'autres images, dont la richesse se met peu à peu à flotter sur l'eau de nos yeux ébahis à chaque petit chapitre. Elle se picore la riche et roborative poésie de Maryna, elle nous nourrit, nous lecteurs chanceux, en en un rien de temps…
« Une femme aptère, la mouche sans ailes, pour qu'elle demeure près de son mari ? La poupée en argile, épouse ininflammable, qui résistera à l'amour subit ? Non, je ne suis pas conçue pour me mariner ni pour me complaire en fleur éplorée ! Je suis immariable : je vais m'envoler ! ».

La poésie de Maryna convoque tous les sens, c'est un festival d'odeurs, de sons, de couleurs qui explosent en mille et un confettis.

« Ma fantaisie imminente, que nous buvions à nos fragilités réunies ! Que nos subtilités s'entrelacent ! Je serai ta bonne mauvaise herbe ! Que nos matins fleurissent en jaune ! Nos mille coucous printaniers, nos appels de canari, inquièteront le bosquet ! A nos plumes citronnées ! ».

Pourtant, la poésie de Maryna raconte avec pudeur les douleurs d'un mari bousilleur de songes et jaloux de la créativité de la poétesse, la détresse de l'amour dans « sa brumaille et ses embrouilles », narre au contraire avec bonheur et délicatesse l'enfant avec qui elle se sent en totale connivence. Assurément, elle a gardé la fraîcheur de son âme d'enfant, cette âme qui voit la beauté des lieux, cette âme qui fait surgir des images insolites, cette âme qui fête sans cesse ses étonnements, cette âme qui invente des noms, cette âme un brin espiègle qui joue sans relâche, ne prenant pas la gravité de la vie ou les déceptions amoureuses au sérieux, qui les écrase à coup d'optimisme envers et contre tout, et cette fraicheur fait tellement de bien, elle nous éclabousse de sa pureté, de sa beauté. Elle est salvatrice.

« J'ai rêvé qu'on s'offrait une spacieuse maison, seulement pour nous deux, située sur une place rumoreuse et peuplée d'humbles réverbères, sous un ciel de crépuscule, bleu-orange-violet. Sur un mur pendouillait une photo de couple, pas de nous mais d'heureux inconnus aux regards flous, qui nous magnétisait des phrases de cinéma, immortelles, éthérées, trompeusement faciles…Je voulais, avec mon enthousiasme intact, nettoyer de fond en comble cette demeure. Cependant elle était déjà propre et ensoleillée. Je courais d'un niveau à l'autre pour rien. Sauf pour la découvrir et te la raconter ! Ce n'était ni en ville, ni à la campagne, ni dans une station balnéaire quelconque. Je crois qu'elle était sous le ciel d'Italie.
- Mouais…, marmonnait le mari sans lâcher sa souris. Mouais… , répétait-il encore, ce bousilleur de songes ! »

La poésie de Maryna est d'une beauté à couper le souffle, d'une élégance folle, d'une créativité sans limite dans laquelle la musique est toujours présente en filigrane. Des arbres qui s'allument, des clairs de lune debussystes, des saillies lisztiennes, des endroits rumoreux, du jus de ciré, des complots sylvestres, des aubades tartares, des yeux glaneurs, une dévoreuse d'aube, des carrosses de syllabes, des vers blancs assaisonnés de pluie…C'est une poésie connectée avec la nature qui sait sans relâche s'étonner et s'émerveiller. Elle nous donne des clés magnifiques pour regarder différemment, envers et contre tout, surtout envers et contre tout.

« le Chêne sort droit du moyen-âge. C'est une cathédrale ondulante d'un vert gothique aux maints moulages, aux plâtres fins sur la corniche. Un Cèdre, c'est toujours bohème, ses rameaux poussent en désordre. C'est un géant au dos voûté qui, débonnaire, ouvre les bras. C'est aussi un sorcier, en loques, baissant les branches face à la mode. Arbre vétuste, poivre et sel, il n'a jamais le vent en houppe, tandis que les Magnolias luisent comme des autels habités (…) Il fait bon tromper son mari avec les plantes séculaires ».

Espiègle Maryna, touchante Maryna, facétieuse Maryna, l'incroyable dentellière d'amour…Sa poésie est d'ailleurs très souvent sensuelle, voire érotique, l'air de rien, toujours par images interposées.

« Toi, mon prochain amour, je t'attends ! Que ton bout-rimé se pose sur le mien comme une libellule ! Sur la tige rouge de mon dos tortillant, qu'il s'endorme en souriant ! ».

« Mon mamelon dans ton oreille te joue la musique d'une baignade d'animaux, buffles et zèbres, dans un lagon. Je suis heureuse et amoureuse, et caressante et caressée. C'est mon soupirail de l'Invisible que je promène autour du lac… »

Voilà, je ne sais comment exprimer mon émotion mais réelle elle est. J'avais à mes côtés un trésor depuis de longs mois sans même le savoir. L'importance d'être constant ou celle d'être aléatoire, questionne-t-elle ? Elle a su me sortir de la constance de la poésie cadrée pour me plonger sans bouée dans les flots de sa poésie aléatoire qui regorge de merveilles, de force, de féminité, de sensualité. J'ai perdu pied avec délice dans ses délires lacustres, dans sa poésie pleine de circonvolutions et d'arabesques insolites, sur ces chemins sylvestres nostalgiques rongés par les vers sur lesquels je l'imagine vagabonder avec grâce.
Merci infiniment et chapeau bas chère Maryna pour tant de beauté, pour tant de créativité et pour cette leçon : « Je peux être heureuse grâce à mon chaos ». Je reviendrai picorer sans cesse dans cet écrit qui n'a pas fini de me nourrir.


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Toutes les nuits , notre primesautière s'accroche à la lune et voyage dans sa vie au gré de ses récits .

" Mon lit grince au rythme de la Marche Funèbre : je me lève la nuit pour tambouriner mes strophes . Je laisse mes doigts galoper sur le clavier sans que quelqu'un me gronde pour la lampe allumée . " P. 10

Ce qui séduit la jolie petite brune , c'est d'exister au rythme d'un tango de mots qu'elle a concoctés dans un éternel rubato .
Mais quand son amie sélénite se teint en lune rousse , elle éveille ses tourments et lui donne la frousse . Casimir , si terre-à-terre , va encore lui faire vivre l'enfer avec ses paroles féroces , infécondes et maudites .

" Quand votre " moitié " , votre trou béant , vous vomit de bon matin : " tu ne vaux rien ! ", il vous chagrine , quoiqu'il vous vaccine contre les blessures futures , contre les maux et les aphtes de la versification importune , contre tous les affres de la plume ! " P. 10

Voilà pourquoi , elle se tourne régulièrement vers la nature qui jamais ne l'abjure et lui révèle combien elle est fascinée par les jolis mots qu'elle a inventés pour la dessiner .

" J'ai pris en balade un quatrain pleureur , et nous avons aperçu un oiseau hors pair : canard mandarin , à l'état sauvage , échappé on ne devine de quelle cage . " P. 11

Ces philtres magiques qu'elle façonne comme une pro de la musique , elle les doit à tous ces maestros qui lui ont appris le sens du tempo .
Donizetti a enfanté " Nemorino " dans "l'Elixir d'Amour " et " Une furtive Larme " a émotionné la dame qui s'est accaparé du prénom et nommé ainsi son mômichon .
En grandissant , il devient son confident , et pas seulement .
Ensemble , ils marchent dans les allées du parc où tant d'amis , comme le Chêne , le Cèdre , le Saule , le Cerisier et le Pommier , frissonnent de joie à leur passage .
Que de challenges ils se disputent en dribblant , en se défiant au lancer de ballon .

Mais un poète subsiste grâce à ses luneries ; ses paroles folles proviennent des branle-bas qui secouent son coeur , à la vue d'une fleur , à l'aube d'un nouveau bonheur qui peut remettre toute sa vie en question .

Ainsi , elle rêve , incante , échafaude ; elle se nourrit de pieds , de vers , de strophes , en cadence ! Elle vit !

Et surtout , elle a rencontré un magnifique " houppier "qui doit lui rappeler un monde évaporé !

" Simha ...
Mes méprises de l'espoir : te tenir pour quelqu'un d'autre ou prendre quelqu'un pour toi ! "






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Fidèle sur Babelio, je suis toujours très attentive aux citations mises en ligne sur le site, elles me permettent ainsi d'approcher modestement l'identité d'un auteur. Aussi, le livre de Maryna entre les mains, je me suis demandée si le « Taureau » que j'étais serait à même d'appréhender le côté surréaliste de son écriture. Question vite résolue. Dès les premières pages, il m‘a été agréable de savourer son environnement serein et bucolique où je me sens à ma place.

« Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas » ! Ce titre m'a tout de suite fait penser à ces pancartes que l'on rencontre dans les parcs et jardins publics « Vous aimez les oiseaux sauvages, ne les nourrissez pas ». Maryna m'invitait-elle à la flânerie dans un parc comme le suggère la couverture de son livre ?

Maryna joue avec les mots. le charme de son écriture opère, je suis fascinée. Parfois je me trouve décontenancée, parfois je pénètre le sens profond de ses phrases. Une intimité se crée entre nous deux, nous sommes proches et subitement, un terme, une figure, nous sépare. Elle sait si bien jongler avec le sens des mots, avec ses pensées, elle sait si bien envoyer les mots contre un fronton imaginaire pour mieux les voir rebondir sous une autre forme. de sa méthode, une vibration se dégage, apaisante, mélancolique, qui berce, qui interroge. La musicalité parfois laisse place au sens, à la poésie puis de nouveau, la musicalité prend le dessus et on se laisse porter par les mots sans chercher à comprendre, simplement se perdre dans cette mélodie où il est question d'un amour contrarié, d'un élixir d'amour inefficace à moins qu'il ne soit que le fruit de l'imagination de Maryna, nourri par son admiration pour Simha. Puis elle revient me susurrer à l'oreille une confidence sur Casimir, son époux.

Quel joli vagabondage insolite dans ce si romanesque paysage intérieur. Je me suis laissée transporter dans une autre dimension. Maryna aboli les frontières entre les mondes. le rêve se fait poésie, pose un regard bienveillant sur dame nature, dévoile une bien jolie personne « mes ongles sont coupés trop courts pour qu'ils griffent » dit-elle en s'adressant à son « runner ». Il y a de très jolis passages qui font penser à des mouvements lyriques d'une grande douceur et parfois si languissants devant ses espoirs d'amour déçus. Je la ressens si vulnérable :

« Ma coupe verte était prodigieusement pleine. C'était un matin désert, un week-end de chassé-croisé des vacanciers bougillons. Comme si, dans la plupart des cas, chacun buvait des prunelles et emportait avec lui une poignée de l'eau vive.
Sur la barbe de cent nuits d'aiguilles ocre de pin, j'errais sans trop d'espoir. Les rafales soulevaient le sable.
Il est apparu subitement quand je l'attendais le moins. Il m'a demandé : « Ca va ? » aussitôt se détournant.

Je ne suis ni faible, ni forte, je suis vide. Lui, ni distant ni engageant : du vent. Un livre de poche effeuillé traîne à terre à l'endroit où on s'est coupés sans agir aucunement. Je suis pour lui sans importance hors de conteste. Il est pour moi encore plus beau mais sans âme. »


Que d'amertume et de poésie dans ces lignes. L'alliance des mots et de la musicalité qui émane de la prose de Maryna, me fait penser à une partition de musique pour un Opéra. C'est comme un sortilège ou un ballet et dans la tête, la chorégraphie ou la scénographie projette les images et le livre devient vivant.


Chère Maryna, c'est avec un réel plaisir que j'ai reçu votre livre et vous prie de me pardonner le temps que j'ai mis à rédiger ce billet, un souci de santé m'ayant tout particulièrement ôté ma capacité de concentration. Je tenais à vous réitérer mes excuses.

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« Pourtant c'est un roman !
Ai-je envie de crier.
Récit où je slame et m'exclame… »

C'est grâce à l'incipit du roman que j'ai pu découvrir une des premières clés nécessaire à l'entrée dans le monde poétique de Maryna Uzun. Avec son slam qui lui est particulier, elle sait utiliser les mots de tous les jours avec une grande liberté, comme les mots anciens de la littérature française qu'elle sait manier aussi avec une main de maître … Pour comprendre son livre-poème, il faut accepter de se laisser emporter par le flot impétueux de sa prose sans lui résister. C'est une écriture-baïnes où il ne faut pas chercher à lutter contre le courant mais se laisser porter par lui.

Mais ces phrases libres résonnent aussi comme une mélodie. Pas besoin de les entendre, il suffit de les écouter au lieu de les lire. Alors comme pour le chant des oiseaux où en vous concentrant sur les sons vous pouvez comprendre leur langage; de même chez Maryna Uzun, en vous arrêtant sur la sonorité des mots, vous pénétrez au coeur de sa poésie musicale. C'est dans le titre du roman que vous trouverez cette deuxième clé : « Si vous aimez les poètes (oiseaux), ne les nourrissez pas ! ». Une clé nécessaire à une exigence d'écoute qui est obligatoire à la compréhension de cette partition autant musicale que littéraire.

Après les flots et la musique des mots, c'est de la couleur qu'émerge notre troisième clé. Ces lettres se transforment en véritables tags plus proches de la peinture que de l'écriture. Ils sont une palette aux couleurs infinies où la plume de l'auteur se transforme en pinceau. On assiste à une explosion de nuances où les roses sont bleues, la terre devient bleue comme une orange, une coccinelle est jaune tango et la chaîne des ponts de Paris se pare d'un magnifique violet. Maryna Uzun nous dévoile son don pour le street art en repeignant les lieux publics, nos rues et nos murs en rouge, en jaune, en rose et en bleu. Tout son univers est pénétré de lumière…

La dernière des clés nous ouvre la porte d'un monde qui est continuellement en mouvement. de Simha, son amoureux adepte de la course à pied qu'elle a rencontré lors d'une de ses promenades au parc ; à son fils Nemorino et aux rebondissements incessants de son ballon de basket, tout est prétexte à bouger, courir... « Je danse avec ma plume, avec mon coeur battant, pour mon serin rêvé, pour mon amour, j'oscille, confinée au château, dans mon jardin taillé, dans ma cour intérieure, au bord de mon étang ». Oui, Maryna Uzun danse avec sa plume et nous emmène dans un tourbillon effréné de marches et de démarches, de sports, de dribbles, de sauts, de vols, de liberté.

Les quatre clés trouvées ne sont donc pas des clés ordinaires, elles sont là pour vous ouvrir les portes de son multivers. Celui-ci est souvent déroutant voire déconcertant. Il est difficile de le parcourir sans ces laissez-passer. En véritable magicienne des mots, elle risque de vous perdre dans son dédale d'écrits inventés, inventants ou inventifs. Vous pourrez également ne pas comprendre sa musicalité par manque d'attention, être trop éblouis par ses couleurs et surtout être emportés dans le flot de ses locutions comme par sa danse endiablée. Oui c'est cela Maryna Uzun une composition de mots, de musique, de couleurs et de mouvements, le tout lié magistralement voire magiquement.

Merci Maryna pour ton surprenant roman !!! Un seul regret à te signaler le baiser que la narratrice n'osa pas prendre et au coeur de Simha qui doit l'attendre. Et quand on sait que la sim'ha signifie le sentiment de joie qui s'éveille en l'homme quand il a réussi à combler un manque, on est peut-être un peu loin du compte…

« Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus.
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir.
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir. »
Les Passantes de Georges Brassens (1972) d'après un poème d'Antoine Pol.
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J'apprécie depuis longtemps les citations de Maryna Uzun postées par des lecteurs de Babelio, il me tardait d'aller plus loin et de me pencher sur un de ses livres.

Et je découvre ce titre insolite et sublime !

de suite, pourrait se poser la question - mais est-ce vraiment important - ce livre est-il un roman ou un long poème ? Maryna Uzun nous donne immédiatement sa réponse :
“C'est un roman rongé de vers
Comme le granit de lichen.
C'est un roman béni de vers
Comme une vie d'une passion.

L'originalité et la beauté du titre donne le ton, tout au long de ma lecture, je retrouve des images ou des associations surprenantes.

Comment, après une vingtaine de pages, allais-je réagir devant ce texte étonnant, moi qui ait, comme Casimir, l'époux de la narratrice, le défaut d'avoir un esprit cartésien ?
Ce ne fut pas un obstacle, je me connais, j'ai besoin de la poésie pour oublier ce défaut. Je me suis laissé apprivoiser par le récit, sans le dévorer d'une traite, le texte se déguste, il m'a pris la main, j'ai cheminé lentement avec lui et, en retour, il m'a fasciné.
Je l'ai relu ensuite, et d'une traite, à voix haute pour me laisser porter par sa musicalité, il se révèle alors encore davantage.

C'est un livre qui se savoure, je le lis, je m'en imprègne, je le relis, je le laisse de côté pour y insérer du silence - ce silence si musical entre deux mouvements de sonate - je laisse mon esprit vagabonder, je jouis de l'empreinte qu'il a laissé en moi, il ne m'abandonne pas, ses images subsistent en moi.

Il m'a entraîné dans le square des poètes « déterrer des rimes éteintes sous le feuillage bas des bambous verdoyants », que de brillantes phrases m'y accompagnent ! Et la magie continue avec la découverte du fils adoré, au prénom tiré de l'elisir d'amore, Némorino - les références musicales ne manquent pas …, Casimir, l'hautain cartésien, l'époux possessif qui ne la comprend pas et dont elle s'éloigne « Où t'es-tu évaporé, Étalon adoré ? Il n'est plus que tes yeux pour m'aimanter vers toi ! ».
J'ai aimé l'apparition du joggeur inconnu, « Poli comme un galet marin, luisant comme un têtard géant, c'est un triton sorti du lac aux larges épaules humaines », et la quête éperdue de la narratrice pour le revoir, et l'idéalisation qu'elle en fait.

J'ai aimé ce livre, agrémenté de plus par de belles photos ou illustrations, j'ai aimé le style de Maryna Uzun, imagé, parsemé d'adjectifs vieillis, j'ai aimé parcourir ce trajet avec elle
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C'est une balade (et ballade) allègre sous un ciel mélancolique et changeant qu'accroche la tour Eiffel. C'est un parc aux poètes, on peut même les y lire ; la nature est luxuriante ; au sein d'un lac transparent, peut-être une Ophélie parle-t-elle d'une "brûlure lointaine".

C'est l'histoire d'un amour et de ses limites "mon mari édredon qui bande pour moi et me croit bécasse".

C'est une veine foisonnante, fulgurante et poétique, la lirait-on une centaine de fois qu'on y rencontrerait toujours des mots inconnus, des vocables oubliés, d'autres enchantements encore, ceux de l'héroïne qui vient "fêter ses étonnements".

Parfois, un prince au nom oriental apparaît furtivement et caresse l'imaginaire fantasmé de la femme. Les mots qu'elle lui a écrits resteront lettre morte. "Les miroirs endormis ne lui renvoient plus rien".
"Rien ne dure, oh cette lugubre loi - Rien sauf la règle elle-même". Mais des gestes inauguraux furent-ils vraiment posés ?
Son fils, complice et confident, s'emploiera à la consoler de ce "fiancé tombé du camion".

Reste l'irrépressible joie de vivre de la reine du domaine, le réconfort des arbres, des cygneaux près du lac, un envol de pluviers dorés, d'exquises images dans le livre et ces poètes que nous ne nourrirons pas.
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Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! Qu'il est bien intrigant ce titre que nous propose notre amie poétesse Maryna Uzun ! J'ai pensé forcément aux pancartes posées sur les paysages picorant les yeux, picorés d'oiseaux dans nos parcs urbains. J'ai imaginé Maryna Uzun écrivant ces vers en se promenant dans le Parc du Luxembourg, ou bien pourquoi pas le Parc Montsouris. Un petit sentiment de nostalgie me vient alors en pensant à Jacques Higelin que j'embrasse là où il est et pour qui le Parc Montsouris était le domaine où il aimait tant promener ses anomalies en pensant à son père...
Maryna Uzun aime aussi promener ses anomalies dans des pages dévorées par les vers...
En poétesse inspirée, elle m'a ouvert les grilles d'un parc aux songes désuets. J'y suis entré comme on entre dans une chapelle vide, comme on entre en amour pour la première fois, dans le vertige d'une amante, s'y perdre comme au bord d'un puits...
Eh bien moi je les aime les poètes et je les nourris... Je les nourris de mes désirs ardents, de mes soifs d'azur, de mes lointains rivages à portée de mains, de regards, de respirations...
Roman-poème ou poème-roman ? Telle n'est pas la question.
Maryna Uzun nous ouvre ici les portes de son coeur. C'est un oiseau blessé mais qui rit encore aux éclats, comme pour faire semblant. La poésie sait faire cela.
C'est l'histoire d'un amour éperdu, qui a du plomb dans l'aile.
Un vers à moitié vide ? Un vers à moitié plein ? Et me voilà renversé dans les mots de Maryna Uzun.
Mon vers est plein d'odeurs légères et je veux boire jusqu'à l'Eulalie.
Dans ces arabesques insolites, je m'invite à perdre pied, à perdre mon âme peut-être. C'est un paysage intérieur façonné d'ivresses.
Ce sont des vers aléatoires qui retiennent le désir comme des digues...
Des vers parfois solitaires pour cheminer dans les sentiers intérieurs.
Des vers correcteurs pour atténuer la douleur ténue du monde.
Comment noyer son chagrin dans la succession et l'entrechoquement des vers ?
Allez ! Venez ! C'est ma tournée.
J'ai aimé ce vagabondage des mots où l'intime prévaut toujours.
Heureux paysage où les frontières sont abolies. Où les pas sentent les herbes folles, les mauvaises herbes comme je les aime. Où les mots effleurent l'épiderme... Sur la partition des pages, les mots jouent des sonates impromptues.
Au pied des arbres, les vers s'insinuent grouillant de vie et d'azur.
Ce jogger que la poétesse croise et qui court en sens inverse, où court-il donc ? Est-ce qu'il se pose lui-même la question ? Où cours-je ?
Dans les parcs solitaires, des femmes des hommes courent, des oiseaux picorent, les pages des livres s'envolent sur le bord des bancs publics...
Ce sont des mots qui nous dévorent des yeux.
Ici un corps se souvient sans cesse...
Primesautière et facétieuse est l'écriture de Maryna Uzun.
Douloureuse aussi pour qui sait lire entre les lignes, écarter le store, approcher une main qui se souvient encore des gestes d'autrefois si bien apprivoisés.
Inviter la lune, la décrocher, y poser un baiser astral...
Exister dans l'entrelacement des phrases, dans la blessure torride qui tangue et s'ouvre.
Les philtres magiques n'ont plus cours. Quelqu'un a perdu la recette, elle est tombée au fond d'un puits à force de s'y pencher, alors il faut baisser le store, baisser les bras, arpenter d'autres corps...
Bucoliques, mélancoliques, érotiques sont les errances de Maryna Uzun.
Marier les mots dans l'atelier d'un alchimiste, c'est l'alliance improbable dans le creuset d'un livre qui devient vivant et nous emporte dans l'eau vive d'une amante fugitive, son corps emporte en moi des torrents de gourmandise.
Marcher dans les allées d'un parc, s'éprendre d'un chêne, d'un cèdre, ce saule qui penche vers nous, ce cerisier à portée de la main, ce pommier allègre.
Comment continuer d'étreindre un amour lorsque celui qu'on aime devient trop conformiste pour imaginer l'horizon, inviter l'impatience des oiseaux ?
Sous le feuillage callipyge des arbres, se cachent des endroits aux abîmes insoupçonnés, j'ai effeuillé le désir sous la page tant convoitée.
Les arbres s'éprennent entre eux dans le carrousel du parc. Il y a des odeurs de barbe à papa. C'est la quête mélancolique d'un amour qui fut, d'un amour qui fuit comme un robinet mal fermé. Les amours contrariées ont quelque chose de tenace, reviennent comme la rengaine d'un orgue de barbarie qui entame une valse et fait tourner le paysage. Peut-être ainsi peut-on effacer tout et s'offrir une chance de tout recommencer ?
Posée sur mes paupières fermées, la langue de Maryna Uzun m'embrase, s'immisce sur ma peau, m'éveille aux sens, chatoyante à l'oreille comme une promesse éprise et troublante, comme une désillusion qui s'en va...
Parfois elle invite un prince oriental, un joggeur du matin qui sent encore la lessive, un pluvier majestueux, un paon qui tourne autour du matin comme une brouette ensorcelée.
Elle réveille les miroirs endormis, nous invitent à les traverser. Elle est cette reine d'un royaume joyeux et triste à la fois.
J'ai ouvert cette cage fermée depuis trop longtemps et les mots se sont envolés comme des funambules.
Affamée, inventive, impudique, libre, telle est l'écriture de Maryna Uzun...
Les circonvolutions ont dressé leur chapiteau, la piste aux étoiles jette un peu de sable dans nos yeux ébahis.
Vous aimez les poètes, ne les enfermez pas, même dans des cages dorées !
Le soir vient, je m'en vais, je referme les grilles du parc.
Le livre peut s'envoler comme un oiseau apaisé.
Vous reprendrez bien encore un vers ?

Merci chère Maryna pour cette invitation magnifique, pour ces mots qui m'ont apprivoisé.
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Je classerais sans hésiter ce récit parmi les ouvrages romantiques qui me sont chers, inondé qu'il est de cette quête douloureuse d'un amour contrarié. Avec cette différence ou plutôt ce supplément poétique qui en fait une oeuvre unique ; un roman qui serait comme un tableau à l'abstraction narrative.

Et ce que je perçois au coeur de cette toile c'est un tourbillon de couleurs, d'odeurs, de parfums et de formes. Des lieux et des silhouettes floues.

Les couleurs irradient, les arbres se prennent pour des hommes, les hommes pour des arbres.

Et la musique tout le temps qui imprègne tout.

Je vois un manège multicolore et son orgue de barbarie qui tourne et tourne, nous enivre, nous empêche de prendre nos repères. Un manège dont je ne veux pas descendre.
Et je pense à « Lucy dans le ciel avec ses diamants », je pense à ses yeux kaléidoscopiques qui ne veulent pas voir la tristesse, sa tristesse.

Le cosmos de Maryna Uzun n'est riche que de quelques éléments : un lac, la Seine, le bois de Boulogne, les arbres, la musique, la tour Eiffel, son fils, la mer un peu.
Mais derrière la prose de l'auteure se cachent ses vers qui nous emmène autant dans un long poème presque épique que dans un roman.
Tout y chatoie. Pour elle tout est mots, rimes, quatrains, alexandrins.
Une interface splendide qui fait que son cosmos en devient presque infini.

J'ai l'impression que Maryna me décrit un univers différent dans lequel je me fonds.
Comme elle lui appartient, elle en parle le langage. Une langue qui sonne dans mes oreilles, une langue qui résonne dans mon coeur, une langue qui n'est pas la mienne, mais que je comprends si bien pourtant et que j'aime.

Parfois cependant je redescends car c'est un roman, il y a une trame : il y est question de son amour, de fidélité, d'un enfant, de désamour, de dénigrement, de tentations, de refuge dans ce monde qui n'appartient qu'à elle et qui la sauve, de promesse d'un nouvel amour, d'emballement, de souffrance, de résignation, de désespérance, d'idéalisation, de désillusion, de trahison

Vous voyez ; il s'agit bien d'une oeuvre romantique ; les ingrédients y sont et il y a ce supplément d'âme qui en fait un objet unique : un roman-poème-romantique.

Un voyage troublant qui m'aura marqué.
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