Elle sent monter dans ses veines le venin mortel, la vérité obsédante qui fait partie de sa vie parce qu’elle en a fait la ligne directrice de sa vie. Une haine tenace, fondamentale la déchire et la tord.
– Savez-vous qu’en Asie le rouge est la cou¬leur du bonheur ?
– Parce que vous croyez au bonheur ?
Son nom, son nom à lui. Frantz. Frantz en lettres de feu à travers la page. Frantz pour traverser l’enfer. Frantz cible de toute sa haine et Frantz le fond du gouffre. Son nom écrit des dizaines de fois sur la page du cahier, répété et perçant comme la folie, tenace comme une lita¬nie. Frantz.
– J’ai oublié de vous demander son nom.
– Son nom ?
– La femme qui vivait ici.
– Elsa Werner.
Le nom cingle comme un coup de fouet. Elsa Werner. Bien sûr. Il l’avait toujours su. L’évidence l’avait poignardé depuis son arrivée la veille au soir. Il ne lui restait plus qu’à démarrer et à quitter ce lieu de tous les sortilèges.