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Vie et mort d'un géant canadien. le Géant Vert. Un épicéa majestueux dressé au milieu des cieux dans la province de la Colombie-Britanique. Je ne suis pas au fait de l'administration canadienne alors la Colombie-Britannique me paraissait bien loin. Tout à l'Ouest. Encore plus à l'ouest de Chambly. Plus à l'Ouest et on atterrit à l'Est. C'est dire… l'extrême ! Que faut-il savoir donc de cette province si lointaine où l'on ne parle même pas français. En fait rien. Il suffit juste de découvrir John Vaillant et de se laisser porter par la lumière de ce pays.

John Vaillant est avant tout écrivain pour le National Geographic et le New Yorker. Sa plume s'en ressent dès les premiers instants où la lumière illumine cet arbre, l'arbre d'or. Car le héros de son histoire n'est ni un homme, ni un auteur, mais bien un arbre, l'épicéa de Sitka avec ses épines de pin dorées qui s'illuminent avec les rayons du soleil comme si cet arbre était recouvert entièrement d'or. Un arbre et une région, cette Colombie-Britannique entourée de forêts primaires, d'une richesse inouïe et insondable. Enfin, ça c'était avant. Avant l'arrivée de l'homme, avant l'arrivée des tronçonneuses, des bulldozers et de tous ces outils de destruction massive.

Mais avant de parler de la déforestation intensive qui a touché irréversiblement cette région isolée du monde, je vais te montrer ce kayak retrouvé à la dérive au milieu des îles de la Reine-Charlotte. A priori, il appartiendrait à Grant Hadwin, un forestier expérimenté porté disparu depuis quelques mois. Qui est Grant Hadwin, respecté bûcheron, homme solitaire et intransigeant ? Recherché par toute une administration, tout un peuple, haï par tous. Hiver 1997, il débarque en plein milieu de la nuit auprès de cet arbre d'or et le tronçonne. Un geste de folie, de rage, un crime étrange.

L'histoire débute avec cet acte d'un irresponsable. Mais l'est-il vraiment ? D'ailleurs peu importe. de toute façon, personne ne se rend compte de la portée significative de ce fait. C'est le point de départ de John Vaillant, mais son livre explore la région bien au-delà de cet arbre. Des chapitres seront consacrés à la beauté sauvage de cette région, point de vue botanique, aux indiens originels, point de vue ethnologique, aux premiers colons, conquistadors et chercheurs d'or, point de vue historique. D'une richesse inexploitée ! Il y a tant à découvrir dans cette épopée, tout un monde à appréhender, toute une forêt à aimer, et à détruire. Parce que si la chute du livre correspond à la chute de ce géant, la forêt qui cache cet arbre est aussi sur le point de succomber, non plus aux derniers coups de haches, mais aux derniers maux de la technologie, ces étranges bulldozers capables de déchiqueter une forêt en autant de temps qu'il m'est nécessaire pour boire une Unibroue.

Tabarnak !
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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L'arbre d'or est un épicéa mutant aux aiguilles dorées qui poussait dans un reliquat de forêt primaire sur une île de la côte ouest du Canada. Afin de protester contre le cynisme des compagnies forestières, Grant Hadwin abattit ce géant de 300 ans en 1997. Geste qui fit de lui l'ennemi publique n°1 des locaux, et notamment des amérindiens dont cet arbre était partie intégrante de la mythologie.

Quelle sont les réelles motivations d'Hadwin ? Que représente vraiment cet arbre ? Ce sont les questions auxquelles l'auteur s'efforce de répondre.
Mais plus que cela, ce livre est avant tout un plaidoyer pour les forêts primaires d'Amérique du nord-ouest et de son peuple de géants que des compagnies forestières ont exploité et exploitent encore éhontément. C'est une enquête qui permet d'appréhender la beauté et l'hostilité de cette région, des îles de la Reine-Charlotte (Haida Gwai) et des tribus implantées là.

L'auteur a cependant le superlatif facile ce qui décrédibilise parfois son propos. Toutefois, le panorama et le travail de recherche effectués sont convaincants et complets. Mais la première question énoncée ne trouve pas, selon moi, de véritable réponse. Seul l'auteur du méfait l'a ; ou l'avait puisqu'il est porté disparu quelques mois après l'abattage de l'arbre d'or.
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Voyage en Colombie Britannique - Canada, sur les îles de la Reine Charlotte, à mi-chemin entre Vancouver et l'Alaska. Dans ces contrées, la nature est encore la maîtresse des lieux. Les sapins ou les cèdres peuvent atteindre 80 mètres de haut et 4 mètres de diamètre à la base.
Pourtant, ces zones, difficilement accessibles par l'homme, sont depuis quelques années très convoitées.
En effet, après le déboisement massif de l'Est Américain, puis des Plaines et enfin de la côte Pacifique des États Unis, l'Ouest Canadien est un véritable paradis pour les Sociétés de bûcheronnage. Les Indiens Haïdas, vivant sur ces îles restent des spectateurs de ce début de déforestation forcenée.
D'ailleurs, ce massacre organisé pour le bien des consommateurs occidentaux titille sérieusement un écorché vif du nom de Hadwin.
Celui-ci a pourtant oeuvré dans la sylviculture. Mais là, c'en est trop. Il faut frapper un grand coup.
Dans les îles de la Reine Charlotte, existe un épicéa doré isolé des conifères voisins. Bizarrerie que les scientifiques ont du mal à expliquer. C'est l'Arbre d'Or. Il est une curiosité touristique et surtout l'emblème de la communauté Indienne.
Et, c'est là que Hadwin frappe. Il tronçonne ce sapin vieux de 300 ans.
Du voyage, on passe donc à l'enquête. Et John Vaillant nous conte à merveille, tel un film à suspense, l'histoire de ces lieux, sa géographie, son peuple et surtout le drame de cet Arbre d'Or à jamais disparu de cette côte Pacifique.
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Les îles de la Reine Charlotte, battues par les pluies du Pacifique Nord, s'étendent au large de la Colombie Britannique. Les autochtones sont les Haïdas, un peuple fier de ses légendes fondatrices et de ses totems. Après avoir anihilé les colonies de loutres de mer dans le juteux commerce des peaux, les Anglo-Amériacains se sont ensuite intéressés aux forêts, d'immenses forêts qui ne sont que la continuité de la forêt primaire qui recouvrait toute la côte ouest de l'Amérique du Nord. le bois, c'est de l'énergie, , c'est le premier matériau des bateaux, d'où la puissance, et c'est aussi le confort. C'est une matière première multi-usages, qui a déjà justifié l'élimination de toutes les grandes forêts européennes, mais ici, les paysages sont si géants qu'on veut bien croire qu'elle sera inépuisable.

" La question qui occupait les esprits n'était pas de savoir comment préserver ou gérer la forêt, mais comment s'en rendre maître, accomplir le « destin manifeste » et transformer cette étendue infinie d'arbres et cette terre en quelque chose de productif."

A la suite des colons, les Haïdas eux-mêmes ont ainsi mis le premier doigt dans l'engrenage du commerce, du capitalisme, de l'acculturation et de la dévastation forestière.

Au sein des coupes claires qui ont décimé ces forêts, les Compagnies d'exploitation forestière ont eu le bon goût d'épargner quelques zones symboliquement protégées, quelques arbres prototypiques, et, parmi eux, L'Arbre d'or, un épicea de Sitka vieux de trois cent ans, haut de 50 mètres, un arbre géant, mutant aux aiguilles d'or, quasi unique, porteur, à travers de nombreuses légendes en lien avec la fondation du monde, de toute l'âme du peuple Haïda.

Dans ces forêts à la fois fascinantes et inhospitalières travaillent des hommes rudes, totalement investis à leur tâche, de grands amoureux de la nature. Parmi eux, au fil du temps , un certain nombre comprend qu'exercer ce métier, c'est détruire un monde magique, renier ses racines, courir à sa perte, spolier la génération de ses enfants.

« Huit cents ans pour pousser et vingt cinq minutes pour être mis à terre, comme le résume un ancien bûcheron de Colombie Britannique. C'est triste, mais c'est un gagne-pain. »


Parmi eux, Grant Hadwin, figure sauvage et dévastée dont la destinée va croiser dramatiquement celle de l'Arbre d'Or.


A travers l'histoire de Grant Hadwin et de l'Arbre d'or, John Vaillant nous transmet un savoir encyclopédique, tout à la fois géographique, historique, botanique, anthropologique et un questionnement écologique terrifiant.
La destruction des paysages et des écosystèmes, soigneusement organisée par les Compagnies forestières dévastatrices, se développe en parallèle avec l'extinction progressive du peuple Haïda, dont seuls 30 individus parlent encore la langue.

Formidable conteur qui a récolté des dizaines de témoignages et de lectures, John Vaillant explore avec consternation ces exactions et leurs conséquences. Il accuse mais plaide aussi coupable : à son échelle n'adopte-il pas (et n'adoptons nous pas tous) le même mode de fonctionnement en consommant sans réflexion au quotidien vite et pas cher ?
Et si une note optimiste conclue le livre (regroupement du peuple Haïda pour défendre ses droits et retrouver ses traditions, bouturages des arbres rares, reforestation) n'est-il pas déjà trop tard ?

L'Arbre d'or est un livre tout à la fois érudit et limpide, un livre militant aussi, qui plaira tant aux amateurs d'Histoire qu'aux amoureux de la nature ou des peuples anciens, mais aussi à tous les lecteurs qui aiment les livres-chocs qu'on parcourt sans reprendre son souffle car

"Laissez-moi vous dire une chose à propos d'histoires[dit-il]
Elles ne servent pas qu'à divertir.
Ne croyez pas ça.
Elles sont tout ce que nous possédons, voyez-vous,
Tout ce que nous avons pour nous battre
Contre la maladie et la mort."
Leslie Marmon Silko, « Cérémonie », citée par John Vaillant
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Je remercie tout d'abord Babelio pour l'envoi de ce livre offert dans le cadre de Masse critique. Je l'ai beaucoup aimé, attirée par le titre à la fois énigmatique et prometteur "l'arbre d'or", je n'ai pas été déçue. C'est l'histoire de cet arbre rare, un épicéa géant de 300 ans dont les aiguilles dorées rayonnent sur toute une région, réunissant autour de lui les habitants et attirant les touristes. C'est aussi l'histoire de Grant Hadwin, celui qui a abattu en une nuit cet arbre et qui l'a, en somme, rendu encore plus célèbre.
L'auteur John Vaillant nous plonge aussi dans l'histoire de l'Amérique et de cette région fort inhospitalière qu'est la Colombie Britannique, avec l'arrivée des premiers colons et l'exploitation radicales des forêts pour le bois que l'on croyait inépuisable, sur les terres des indiens haidas.
Alors on a du mal à comprendre le geste d' Hadwin, qui se veut un acte de protestation contre le massacre des arbres.
Ce livre est aussi une formidable réflexion sur la relation entre l'homme et la nature et j'en recommande vivement la lecture.
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Un récent article paru dans un grand quotidien faisait état d'une publication sociologique déconcertante: Des années 40 jusqu'aux années 2000, les créateurs de dessin-animés semblent s'être peu à peu détournés de la représentation de la nature et de ses résidents, ou en offrent maintenant une vision symbolique et archétypale plutôt illustrative.
Les générations successives de dessinateurs seraient de moins en moins influencées par l'expérience de la nature (Et donc, selon certains, de la culture) là où leurs aînés honoraient encore les très riches heures de la "fabula".

L'Arbre d'Or est le récit passionnant d'une enquête hantée par un fait-divers énigmatique: Sur une île antédiluvienne des côtes du Canada battue par les courants du Pacifique Nord, un homme seul a abattu un inestimable trésor, et anéanti le symbole fragile d'époques perdues à jamais.
Grant Hadwin était un bûcheron émérite et un véritable "Mountain Man" encore animé par l'esprit pionnier de ses ancêtres, et en s'attaquant au tronc de l'énorme épicéa avec toute la méthode nécessaire, il commettait un acte politique et poétique désespéré.

En inscrivant ce conte inachevé dans l'Histoire plus vaste des civilisations l'auteur argumente la fin de la nature et de ses mythologies. À travers la violente prise de conscience de Grant Hadwin, il fait le constat nuancé d'une dévastation globale et ininterrompue depuis les premières incursions européennes sur le nouveau monde.
L'anthropisation du territoire gouvernée par la rentabilité immédiate efface toutes traces d'évolution biologique et culturelle, et laisse une zone grise bientôt intégrée aux grands réseaux des nations industrialisées.

L'Arbre d'Or fut une splendeur sans objet, une anomalie spectaculaire plantée au milieu d'un paysage pelé par les broyeuses depuis longtemps. Il y avait là d'immenses forêts primitives où s'élevaient des cathédrales végétales hautes de 100 mètres et vieilles de 800 ans, vestiges captivants de temps immémoriaux que Grant Hadwin ne supporta plus de voir transformés en vulgaire pâte à papier destinée aux inutiles prospectus qui viennent gaver nos boîtes aux lettres.

" [...] Dans les Grandes Plaines, la population des bisons connaissait un destin similaire : vers 1880, l’espèce la plus nombreuse d’animaux grégaires vivant sur terre – qui se comptait jadis en dizaines de millions de têtes – avait été réduite à moins de trois cents individus. C’était comme si le Nouveau Monde avait été envahi par des légions d’apprentis sorciers. Maîtres d’énergies qui allaient changer la face du monde – celle de la vapeur, de la scie circulaire et de la carabine Sharps -, ils ne pouvaient pas, ou ne voulaient pas, prendre toute la mesure des conséquences qu’auraient ces puissances surhumaines."

Ainsi, peut être, nos fables délaissent-elles progressivement l'exemplarité de la nature, à mesure que les forêts reculent aux frontières de notre environnement sensible, et que les bêtes se rabougrissent puis disparaissent.
La nature primitive n'est déjà plus qu'un concept, un idéal que cherchent à sauver des romantiques vaincus d'avance comme Grant Hadwin.
L'expansion humaine n'est pas en question nous prévient l'Arbre d'Or, elle est inéluctable et même achevée, or la lucidité n'a jamais été le moteur de son formidable développement technologique, et il reste beaucoup à effacer.
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"Avant toute chose, il faut que les arbres disparaissent. A cet égard, le bûcheron fut l'éclaireur de la civilisation occidentale (et de toutes les civilisations)." (118)

Je m'attendais à entrer dans le cercle haïda des saumons, des sculptures sur bois, d'une spiritualité vivante. John Vaillant m'a précipitée dans la grande tradition des récits de trappeurs américains, survie en milieu hostile, ingéniosité, force mentale et physique. de là nous sommes passés à la rencontre avec les populations autochtones, récit insistant sur la férocité des haïdas – pratique de l'esclavage, des rapines, conservation de la tête des ennemis, avidité matérielle – qui déstabilise l'image paisible qu'on a habituellement de ce peuple.

"La rapide faillite des relations commerciales sur la côte Nord-Ouest peut être attribuée à la conjonction de deux facteurs funestes : les cultures d'extrême violence que les deux parties apportaient à la table des négociations et le fait que chacune déniait à l'autre la pleine qualité d'humain." (111)

S'ensuivent des chapitres détaillés sur l'exploitation du bois et ses liens avec l'émergence des États-Unis. Puis la biographie assez longuette de Grant Hadwin, écologiste égaré, habité par ce que certains psychiatres appellent "l'urgence spirituelle".

"Il semble que pour réussir, voire simplement survivre dans ce monde, une certaine dose de dissonance morale et cognitive soit nécessaire." (289)

J'ai donc parcouru, survolé, sauté des pages, me suis exclamée, agitée, interrogée, ennuyée. J'avais envie de voir des photos de cet arbre qui sortait de l'ordinaire mais à part celle figurant sur la couverture, le cahier central n'en offre pas. Frustrée aussi, donc. Ce que j'attendais du livre n'arrive qu'à la toute fin, comme un bonus qui finaliserait la globalité. Et de fait, malgré une expérience de lecture mitigée, l'impression est forte en le refermant. La construction en rayons de soleil, déstabilisante quand on est à l'intérieur, provoque une sorte de révélation quand tout a été dit. Par une magie imprévue, le geste même fait surgir à la fois une compréhension globale et la conscience de la complexité de l'histoire. J'en suis restée assez bluffée.

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Livre que j'ai abandonné avant la fin même si je l'ai bien aimé. L'écriture mi documentaire mi roman a eu raison de mon intérêt. Pourtant l'auteur possède un vrai talent pour décrire la nature et les humains de manière fascinante! Il parvient même à créer une tension digne d'un roman policier mais pas assez pour m'emporter totalement. Tant pis pour moi !
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Très original ! Et cela m'a tenue en haleine tout au long du récit...
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