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Critique de Aaliz


Aaliz
17 décembre 2011
Le Roman de Yocandra regroupe donc les deux romans le néant quotidien et le Paradis du néant où l'on suit donc Yocandra, sa vie à Cuba puis sa vie en exil.
Pour moi, cette lecture a été un grand coup de coeur et ce n'était pourtant pas gagné au départ.

En effet, j'ai détesté la première partie le néant quotidien, heureusement très court comparé à la suite. J'ai trouvé le style d'une vulgarité dérangeante. Je n'ai pas réussi du tout à apprécier Yocandra que je ne voyais que comme une traînée dévergondée. Certains passages m'ont paru trop obscurs voire trop abstraits aussi, je n'arrivais plus à savoir quel personnage parlait etc…, je ne comprenais pas certains propos. Je pensais que j'aurais eu droit à une fresque de la vie quotidienne à Cuba. Alors oui, évidemment, il s'agit un peu de cela mais la façon dont c'est présenté m'a dérangée. J'en arrivais même à me dire que si elle avait une vie minable c'est qu'elle le méritait. Je n'ai pas du tout ressenti la moindre émotion. Rejet total.
J'aurais donc pu m'en tenir là mais comme il s'agissait d'un partenariat j'ai insisté et donc poursuivi ma lecture.
Bien m'en a pris !

J'ai adoré la deuxième partie le Paradis du Néant. Je pense que les quinze années d'écart entre les deux textes y sont pour quelque chose. le style vulgaire a laissé la place à un style familier et cru mais plein d'humour. J'y ai retrouvé un peu de ce qui m'avait plu chez Eric Miles Williamson dans Bienvenue à Oakland.
Je me suis enfin liée d'amitié avec Yocandra et je me suis sentie embarquée dans ses aventures. Et là de l'émotion j'en ai eu ! J'ai ri, j'ai eu peur, j'ai ressenti de la colère, de la tristesse. J'ai adoré vivre avec elle dans cet immeuble du quartier du Marais avec tous ses voisins hauts en couleur mais tellement attachants !
Et Zoé Valdés n'a pas sa langue dans sa poche. le régime castriste en prend pour son grade, c'est un véritable cri de colère que nous livre l'auteur dans ce texte. Elle y décrit et dénonce avec férocité et rage les abus du régime, l'illusion des gauchistes occidentaux qui refusent de voir la vérité, le déchirement auquel conduit l'exil et ce terrible sentiment d'impuissance d'un peuple opprimé que tout le monde ignore et abandonne à son sort.

« La différence entre le capitalisme et le castrisme est la suivante : dans le capitalisme on t'encule, on t'empale et tu peux protester, faire grève, et tout le tintouin, avec l'appui systématique des syndicats … Dans le castrisme on t'empale tandis que tu applaudis et dis bravo pour qu'on te déchire les boyaux. Ah, et puis les syndicats sont les premiers à te baiser. »

A travers la bouche de Yocandra, elle aussi écrivain, c'est une partie de sa vie et de ses pensées que nous offre Zoé Valdés. Elle insiste beaucoup sur la condition des intellectuels et artistes cubains condamnés soit à la soumission au régime, soit à la prison, à la mort ou à l'exil. On pourrait penser que les écrivains exilés puissent librement s'exprimer. Mais ce n'est pas si facile, il y a des pressions : il ne faut pas donner une mauvaise image de la Révolution. Qu'on soit sur l'île ou en exil, le climat est à la méfiance car on est surveillé et, si on n'y prend pas garde, dénoncé.
L'île est une prison mais l'exil c'est la liberté conditionnelle avec bracelet électronique.

Je pourrais en dire encore plus tellement j'ai aimé ce livre.
Si vous voulez un aperçu de la vie à Cuba et de celle des cubains en exil à travers les yeux de quelqu'un qui a vécu les deux , si vous aimez la littérature engagée alors lisez ce roman.

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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