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EAN : 9782709638227
480 pages
J.-C. Lattès (16/11/2011)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Publié en France en 1995, Le Néant quotidien est l’un des premiers textes à décrire la vie quotidienne à Cuba. Largement applaudi en Europe, il a fait de Zoé Valdés l’un des écrivains cubains les plus appréciés des lecteurs français et de Yocandra une figure de la résistance cubaine.
« Elle vient d’une île qui avait voulu construire le paradis, et qui a créé l’enfer. » Baptisée Patrie à sa naissance, une jeune Cubaine renaît sous le nom de Yocandra. Son réci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Fidel Castro est mort. A moi cela ne fait ni chaud, ni froid. Mais une moitié éplorée des Cubains fait la queue sur l'île pour lui rendre un dernier hommage, une autre moitié danse pour exprimer une joie morbide. Zoé Valdés, comme une vaste majorité des exilés, fait partie de cette seconde moitié. Moi qui n'ai jamais porté un T-shirt avec la tête du Ché sanguinaire, clone éloigné de Robespierre, je n'ai pas d'avis. Je ne trouve la situation de Cuba ni vraiment meilleure, ni vraiment pire que celle de n'importe quel pays totalitaire d'extrême gauche ou d'extrême droite. Dans ce livre, il est beaucoup question de queues et d'exil, mais surtout il y traîne un climat de haine et de vengeance.

La somme de deux néants peut-elle faire un bon livre ? Cette question à elle seule vaut critique.

Développée mathématiquement par la théorie des ensembles la réponse est immédiate et sans nuances.
Pourtant, rassembler le néant quotidien et le paradis du néant a un double intérêt : retenir captif le lecteur qui serait prit de dégoût au sortir de la première partie et, magnifier l'émotion du passage en France de la Ilda, surnom de Aïda, la maman du personnage principal Yocandra dans la deuxième partie. Soit une bonne quarantaine de pages sur les près de cinq cent. Pour le dire autrement si j'avais lu en édition séparée le néant quotidien je n'aurais jamais décidé de lire le paradis du néant, par contre sans l'avoir lu au préalable, le changement de ma perception sur Yocandra au contact de sa maman n'eût pas été le même.

Je le dis tout net en lisant le néant quotidien je me suis posé deux questions :
1. Parmi la plètore de prix littéraire y en a-t-il pour consacrer la vulgarité ? Parce que voici un très sérieux candidat. Et je parle bien de vulgarité pas de simples grossièretés qui vont et viennent, foisonnent à l'en vit^^.
2. Pourquoi ne pas avoir adopté un titre plus en rapport avec la dure réalité présentée ? Comme : CAHIERS D'UNE BIMBO QUI SE LA PETE GRAVE. Plutôt que l'édulcoré le roman de Yocandra. Bien sûr j'ai pensé que Cahiers était discutable et vu le style Anales mieux adapté au contenu (un bon 28 cm, mais là je déflore) ou alors plus léger Badinages ou Cancans ou un très littéraire Abécédaire. Quant à bimbo, bombasse semble assez en vogue, pouffiasse faisant peu distingué en rayonnage.

Pour nuancer je vais donc me pencher sur une question autrement délicate : quelques pages peuvent-elles sauver une lecture ? Je veux répondre oui ! Non seulement je le veux mais je le crois, fermement : un credo. Tout comme un acte suffit à illuminer et justifier une vie jusque là pas reluisante. Les quelques pages au milieu du livre (donc dans le tome 2) avec sa maman me font découvrir une Yocandra capable de tendresse et osant enfin exposer sa fragilité. Elles m'invitent à me questionner sur cette tendance, il est vrai largement généralisée, à cataloguer dans un premier temps, à ensuite étiqueter, pour enfin condamner définitivement. Ce moment révèle une grande humanité et une profonde blessure, tout en projetant un éclairage nouveau sur la terrible tentative de rebellion. C'est donc avec beaucoup d'empathie et de ténacité que j'ai lu la suite.

Hélas : "chassez le naturel, il revient au galop". Et la vulgarité de vite et souvent repointer son nez. Attention dans mon esprit, je fais une grande différence entre vulgarité et grossièreté. J'ai posté deux citations, l'une exemplative de la grossièreté, l'autre de la vulgarité. Est donc pour moi assez grossier l'emploi répété de bite, zob, couilles, nichons, con, vagin, vulve... bon rien de grave : tout cela fleure bon la vie et je connais sur ce site un chroniqueur qui le fait avec une certaine poésie. Entendre une gamine de 16 ans expliquer que jusque là elle a préféré se faire enculer pour préserver sa virginité, cela est certes plus scato que catho. Mais je ne suis point choqué, limite j'ai tendance à sourire. J'ai toujours trouvé qu'il fallait être un fameux cul serré pour se rétracter devant le Zizi de Pierre Perret lorsqu'il l'a sorti ou se foutre la tête dans le sable en entendant le Gare au gorille de Georges Brassens. L'auteure joue peu avec les mots et ne dégage elle aucune poésie. Seule chose sûre, cul serré elle n'est pas. Je sais : c'est un cul bas^^.

Venons en à la vulgarité. Est déjà vulgaire selon moi surnommer son mari le Traître, son amant le Nihiliste, sa meilleure amie la Vermine et le mari de celle-ci la Baleine. La narratrice ferait bien de se présenter sous le surnom la Baveuse qui lui irait à ravir. Est vulgaire considérer les hommes comme des portefeuilles, marier un pygmalion pour assurer son éducation et son ascension sociale sans arrêter de prendre un vil plaisir à le rabaisser. Est vulgaire encore, user des hommes comme des kleenex. Plus vulgaire, jeter sans arrêt à la tête du lecteur des noms célèbres et en profiter à diverses occasions pour leur accoler une parole pleine de fiel espérant en les rabaissant s'élever.

Nul doute que l'auteure souffre de l'exil. Voici ce qui compose ce livre p.441"La haine est la seule chose qu'on trouve à foison, ah, et puis n'oublions pas, l'envie, la rancoeur, la stupidité. Là nous sommes des spécialistes." Une vraie souffrance à laquelle la narratrice apporte une bien mauvaise solution car la haine et la vengeance sont certes des moteurs très puissants, mais ont comme seul carburant le sang de l'ennemi et vous conduiront droit vers le néant.

Ayant été amené vers de vils sentiments me voici à conclure par un acte que je réprouve comme vulgaire à comparer deux écrivains (car la littérature est pour moi quête d'absolu) et vous recommander sur le même thème de l'exil un livre plein de sensibilité que j'ai follement aimé :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli ou vous trouverez une toute autre exaltation de l'amour dans ce magnifique Alexandrin "Je connus le plaisir de donner du plaisir"
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Le Roman de Yocandra regroupe donc les deux romans le néant quotidien et le Paradis du néant où l'on suit donc Yocandra, sa vie à Cuba puis sa vie en exil.
Pour moi, cette lecture a été un grand coup de coeur et ce n'était pourtant pas gagné au départ.

En effet, j'ai détesté la première partie le néant quotidien, heureusement très court comparé à la suite. J'ai trouvé le style d'une vulgarité dérangeante. Je n'ai pas réussi du tout à apprécier Yocandra que je ne voyais que comme une traînée dévergondée. Certains passages m'ont paru trop obscurs voire trop abstraits aussi, je n'arrivais plus à savoir quel personnage parlait etc…, je ne comprenais pas certains propos. Je pensais que j'aurais eu droit à une fresque de la vie quotidienne à Cuba. Alors oui, évidemment, il s'agit un peu de cela mais la façon dont c'est présenté m'a dérangée. J'en arrivais même à me dire que si elle avait une vie minable c'est qu'elle le méritait. Je n'ai pas du tout ressenti la moindre émotion. Rejet total.
J'aurais donc pu m'en tenir là mais comme il s'agissait d'un partenariat j'ai insisté et donc poursuivi ma lecture.
Bien m'en a pris !

J'ai adoré la deuxième partie le Paradis du Néant. Je pense que les quinze années d'écart entre les deux textes y sont pour quelque chose. le style vulgaire a laissé la place à un style familier et cru mais plein d'humour. J'y ai retrouvé un peu de ce qui m'avait plu chez Eric Miles Williamson dans Bienvenue à Oakland.
Je me suis enfin liée d'amitié avec Yocandra et je me suis sentie embarquée dans ses aventures. Et là de l'émotion j'en ai eu ! J'ai ri, j'ai eu peur, j'ai ressenti de la colère, de la tristesse. J'ai adoré vivre avec elle dans cet immeuble du quartier du Marais avec tous ses voisins hauts en couleur mais tellement attachants !
Et Zoé Valdés n'a pas sa langue dans sa poche. le régime castriste en prend pour son grade, c'est un véritable cri de colère que nous livre l'auteur dans ce texte. Elle y décrit et dénonce avec férocité et rage les abus du régime, l'illusion des gauchistes occidentaux qui refusent de voir la vérité, le déchirement auquel conduit l'exil et ce terrible sentiment d'impuissance d'un peuple opprimé que tout le monde ignore et abandonne à son sort.

« La différence entre le capitalisme et le castrisme est la suivante : dans le capitalisme on t'encule, on t'empale et tu peux protester, faire grève, et tout le tintouin, avec l'appui systématique des syndicats … Dans le castrisme on t'empale tandis que tu applaudis et dis bravo pour qu'on te déchire les boyaux. Ah, et puis les syndicats sont les premiers à te baiser. »

A travers la bouche de Yocandra, elle aussi écrivain, c'est une partie de sa vie et de ses pensées que nous offre Zoé Valdés. Elle insiste beaucoup sur la condition des intellectuels et artistes cubains condamnés soit à la soumission au régime, soit à la prison, à la mort ou à l'exil. On pourrait penser que les écrivains exilés puissent librement s'exprimer. Mais ce n'est pas si facile, il y a des pressions : il ne faut pas donner une mauvaise image de la Révolution. Qu'on soit sur l'île ou en exil, le climat est à la méfiance car on est surveillé et, si on n'y prend pas garde, dénoncé.
L'île est une prison mais l'exil c'est la liberté conditionnelle avec bracelet électronique.

Je pourrais en dire encore plus tellement j'ai aimé ce livre.
Si vous voulez un aperçu de la vie à Cuba et de celle des cubains en exil à travers les yeux de quelqu'un qui a vécu les deux , si vous aimez la littérature engagée alors lisez ce roman.

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Le roman de Yocandra comprend deux récits écrits à des périodes différentes, ce qui peut expliquer la différence de ton.
Le Néant du quotidien évoque la vie à Cuba où les intellectuels ont le choix entre soumission, emprisonnement ou exil.
Patrie, qui se renommera Yocandra raconte sa vie depuis sa naissance sous le drapeau révolutionnaire jusqu'à son exil. le récit est violent, désespéré. Ses premières amours sont tumultueuses. Elle rencontre tout d'abord celui qu'elle nommera le Traître. Il paye pour qu'elle obtienne ses diplômes, la dévergonde et l'exploite. le Nihiliste est un peu plus sympathique mais il est très engagé et préférera lutter pour ses amis. Yocandra se désespère face à un travail où elle ne peut rien faire et devant l'exil de ses meilleurs amis. Elle ose enfin prendre un radeau dangereux pour rejoindre Miami, comme l'ont fait tant de cubains en 1994.
Le Paradis du Néant est un récit beaucoup plus construit où l'auteur abandonne la vulgarité pour conserver un humour virulent mais aussi une émotion plus soutenue. Ainsi, j'ai aimé suivre les frasques de la mère de Yocandra, les aventures des habitants de l'immeuble Beautreillis. Les messages de son amie Marcela sont drôles et mettent en évidence la mesquinerie de l'Europe qui se lamente lors d'invasions de criquets ou de méduses alors que d'autres tombent sous les armes. Et la lettre du Nihiliste est à la fois une vision très réaliste de la situation à Cuba, mais aussi un message empli d'émotion et d'amour.
Il y a donc de très bons moments dans cette seconde partie qui montre aussi la pénibilité de l'exil car les étrangers sont en manque d'affection loin de leurs proches et ils sont aussi contraints de se taire car il n'est alors pas de bon ton de critiquer le régime politique cubain en France.
Même si Yocandra a toujours du vague à l'âme dans la seconde partie, l'histoire et l'action l'emportent davantage et les personnages sont attachants, notamment les habitants de l'immeuble et le Nihiliste.
Zoé Valdès est une auteure courageuse qui affiche ici ouvertement sa rancoeur contre son pays. Ce roman met à la fois en évidence son amour des cubains et sa haine des castristes.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Du Vicks et du Baume du Tigre, répond-il non sans malice.
- Pour quoi faire ? Tu crois que j'ai la chatte enrhumée ? je lui lance par plaisanterie, mais je suis abasourdie.
- On m'a dit que c'est un lubrifiant du tonnerre.
- Tu es complètement givré ! Mais puisqu'on te l'a dit, essayons...
Il me vide la moitié du tube de Vicks dans la fente. Il se frotte le gland dans le petit pot de Baume du Tigre, ça me fait rire, on dirait qu'il cherche à le soulager d'un mal de tête. Ma chatte devient montgolfière, dirigeable, et les parois du vagin se collent les unes aux autres. Il m'embrasse, son gland me chatouille la praline. Je n'y peux rien, je jouis une troisième fois.
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Après un tel tableau si Claudia Schiffer et Linda Evangelista réunies (ce sont les top models belles, riches et célèbres du moment) se foutent à poil devant moi, je leur vomis dessus.
Les musées ? Oui, j'y suis allée à plusieurs reprises. Le Prado est très mal éclairé, les tableaux, disposés n'importe comment !
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Mon pays c'étaient mes mots, et maintenant ils m'offraient un autre pays, un autre refuge, une autre langue. Et dans cette langue j'avais déjà appris à dormir, à rêver.
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Mais nous les Cubains, sommes tellement sentimentaux, qu'invariablement quand nous n'avons pas de dettes à rembourser, nous offrons notre dernière chemise.
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Oui, c'est ça l'exil, une perte constante.
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Vidéo de Zoé Valdés
Reportage sur la romancière Zoé Valdés dans la chaine France 24.
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