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Critique de Matatoune


Zoé Valdés a repris le texte qu'elle avait rédigé pour l'exposition du Grand Palais, Gauguin Alchimiste, en 2017. En l'étayant pour présenter ce récit, Paul, la vie de Gauguin continue à la fasciner et c'est encore l'occasion de nous présenter toute son admiration et nous de comprendre pourquoi cet artiste est si important.

Dans ce récit biographique, Zoé Valdés choisit de raconter les dernières semaines de sa vie qui devient le point de départ de réflexions sur l'ensemble de son parcours.

Dans son univers paradisiaque, Paul se sait diminué, usé, conscient que sa mort approche. Il supporte des douleurs insupportables dues à ses pustules gangrénées sur ses jambes, se soulageant par des drogues de plus en plus fortes et nombreuses. Pourtant, lui le jouisseur de la vie, désire, encore, assouvir cette soif auprès de sa peinture, mais aussi auprès des femmes qui l'ont accompagné.

Entre ses crises de Delirium tremens avec ses différentes hallucinations, et ses rares moments de lucidité, Paul revit sa vie, de son enfance en Amérique du Sud, à sa carrière de banquier et son mariage avec Mette Sophie, une danoise, jusqu'à ses Vahinés des iles qu'il a aimés.

Zoé Valdés propose un portrait très personnel choisissant de présenter un homme sacrifiant sa vie personnelle à la passion pour son art. Car, comme pour son plus cher ami, van Goth, il y a sacrifié tout, y compris sa famille, y compris l'amour pour ses propres enfants, y compris tellement plus…

Son art a dévasté toute forme de sociabilité le poussant à se séparer même de ses maitres, Degas, Pissarro et Seurat, et a exacerbé sa passion pour l'amour.

Dans sa maison du Jouir, voué à l'art et à sa sexualité omniprésente, Paul plonge dans ses souvenirs teintés des hallucinations desquelles il ne peut plus se passer.

Zoé Valdés excelle dans cette langue brute et crue qui crie son admiration pour le peintre. Ils partagent ce besoin de fuir, de larguer les amarres pour continuer à exercer leur art. Dans les plaintes de Paul se lisent aussi les regrets de l'écrivaine d'avoir perdu son ancrage, mais aussi l'énergie débordante que l'art donne à celui qui s'y soumet.

Les ponts entre les deux vécus se font similitudes, comme celui-ci : pour l'attrait de l'ailleurs, l'un n'a pas arrêter de fuir et elle, a quitté Cuba pour continuer à écrire.

Mais, en filigrane dans Paul, se dessine aussi l'incompréhension du public face à l'artiste. Gauguin se lamente de n'avoir pas été compris à sa juste valeur, voulant être reconnu comme un grand peintre, alors qu'il ne vend à peine pour en vivre.

Zoé Valdés, par ses dernières réactions pro-Trump et anti-féministes, est apparue très controversée. Son souhait de liberté concernant le régime castriste se lit différemment au vu de ses récentes déclarations. Et, pourtant, l'enfant chérie des lettres a bien du talent !

Chronique d'un fin qui s'annonce douloureuse et solitaire, Paul est le récit romancé et autobiographique du peintre Gauguin décrit avec le style particulier de Zoé Valdés. Un bel hommage et un moment littéraire qui donne corps à la personnalité de ce peintre qui a révolutionné la peinture.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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