Citations sur Les enquêtes de l'apicultrice, tome 4 : Abeilles, crime.. (2)
« – Ils disent que la mère Garcin a été étranglée avec un fil en acier. Comme celui dont on se sert pour filer les cadres afin d’y accrocher la feuille de cire.
Audrey avait en effet appris lors de sa déposition, deux heures plus tôt, que la propriétaire des Champagne Garcin avait été étouffée de face au moyen d’un fin fil d’acier qui, d’ailleurs, était resté dans les chairs entamées. L’assassin avait pris place côté passager. Des analyses étaient en cours pour déceler des empreintes ou des traces ADN sur le fil en question. La voiture était également passée au crible, de même que le corps de la victime envoyé à l’Institut médico-légal du CHU Robert Debré de Reims.
Elle observa Nadège Fleuriot dont les doigts tremblants tentaient d’ajuster grâce à des points de colle, les deux bords d’un anneau en résine transparent rempli de pollen multicolore préalablement déshydraté. La quadragénaire aux longs cheveux blonds et au nez pointu rougi s’était fait une spécialité des bijoux issus des produits de la ruche. Labellisés « Nad’Art », une quarantaine de pendentifs, bagues et autres bracelets de toutes sortes ornés d’abeilles ou de pollen sous verre s’alignaient sur la longue table de bois de son atelier du premier étage. »
La phrase de Mister Jeff jaillit à nouveau dans son esprit : « Nic souffre d’un sérieux conflit de loyauté envers ses parents ». Nicolas ne dirait rien pour protéger sa mère, mais jusqu’où était-il prêt à aller ? L’analyse de Jeff lui revint également en mémoire : « L’être humain est tri-couches, il y a le « Je » de tous les jours, celui qui travaille, entretient des relations, imposées ou non. Il y a l’acteur : on se donne un rôle, mais tout ce qu’on dit est faux et on ne ressent rien. Sous ces deux couches, il y a le clown, le véritable « Je ». Lui éprouve réellement les choses, mais la société, les conventions, l’éducation, bref la domestication refusent de le laisser s’exprimer. Alors il se terre au plus profond de nous-mêmes jusqu’au jour où un événement le fait jaillir et il se révèle tel qu’il est, il peut tuer, aimer, roter, être colérique ou amoureux, mais quand le clown s’exprime, attention, c’est toujours en puissance dix.