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Critique de Alzie


La préface de Paul Valery annonçant un personnage de fantaisie pousse à faire une lecture amusée et amusante de la soirée avec Monsieur Teste écrit quand son auteur était un tout jeune homme et bien longtemps avant qu'il n'atteigne les sommets de la réputation littéraire. Sous le titre Monsieur Teste sont regroupés plusieurs textes dont la soirée, formant le cycle Teste ainsi nommé par l'éditeur, écrits à différentes périodes. le contexte de création de la soirée avec Monsieur Teste semble baigner dans le parfum d'absolu mêlé d'impertinence dont raffole la jeunesse de l'époque. Et l'auteur de confier : "Teste fut engendré [...] pendant une ère d'ivresse de ma volonté et parmi d'étranges excès de conscience de soi". Plus loin encore : "tout ce qui m'était facile m'était indifférent et presque ennemi". C'est au jeune Valéry pénétré de ses propres potentialités que Teste renvoie avec plaisir dans les notes de la pléïade. À la fois son alter ego et une tentative, un "germe", "une chimère de la mythologie intellectuelle". La créature impossible au-delà de "quelques quarts d'heure" dans la vie réelle, et dont le modèle a pu (entre autres) être Degas.

Trois moments à cette soirée : le narrateur (pas mal non plus, voir pour un avant goût la quatrième de couverture) se dépeint puis parle de Teste qu'il n'a connu que la nuit, dont l'âge est approximatif. Des détails déroutants de leurs échanges lui font dire : "Je sentais qu'il était le maître de sa pensée", Ou encore : "M. Teste n'avait pas d'opinions". Plus loin on apprend qu'avec lui les mots perdent leur sens, prennent une valeur nouvelle, certains sont bannis. Ses facultés de mémoire dépassent tout. Mais... comment souffre-t-il, comment est il amoureux, a-t-il peur, autant de questions ? Vient ensuite le souvenir de la soirée au théâtre. le spectacle est dans la salle sur laquelle Teste reste concentré. L'assemblée se géom(aî)trise. Cube de la salle, cercles du rire. Masses des choses intimes. Ensembles d'hommes liés par des relations de maladie ou de vice. Lumière. Fin du spectacle.

En sortant, Teste déclare à son ami qu'il n'en a que faire du talent (p. 27) et l'invite chez lui à fumer un cigare. On découvre le "garni" de Teste : une chambre verdâtre qui sent la menthe. le mobilier est abstrait. le lieu quelconque. L'abandon nocturne saisit Teste qui continue a manier cependant la musique des chiffres. "Tout à coup, il se tut. Il souffrit." (p. 29). Teste se met au lit sous l'oeil de son ami. La géométrie de la souffrance lui apparaît. "Car souffrir c'est donner à quelque chose une attention suprême". Phrase superbe sortie de nulle part après laquelle Teste s'endort sur cette autre : " le sommeil continue n'importe quelle idée". La musique de son ronflement Clôt l'exercice. Que voulez-vous moi tout ça me détend, m'égaie, et je relis souvent la soirée avec Monsieur Teste pour ces excellentes raison.
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