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Critique de CDemassieux


Il serait difficile de définir la poésie de Valéry sans sombrer dans de fastidieuses explications. Qu'il nous suffise de savoir qu'elle est éminemment musicale, ainsi que celle son aîné et ami, Stéphane Mallarmé.
À ce propos, « Mallarmé et Valéry se rencontreront entre 1892 et le 14 juillet 1898. Mallarmé meurt subitement début septembre. Mallarmé ne doit rien à Valéry sauf une présence affectueuse —mais intermittente — et une écoute à la fois intelligente et sensible… Et Valéry, lui, se construit d'abord contre — donc aussi avec — un tel poète, une telle figure, une telle entreprise, tout en gardant intactes son admiration puis son affection » (Françoise Haffner « Sous une si grande ombre… Valéry et le fantôme de Mallarmé »).
Donc, mieux vaut, sans doute, picorer çà et là des vers contenus dans ce sublime recueil, oscillant entre la mythologie et les choses de la vie, pour reprendre un fameux titre de film…
Ainsi, au détour de notre lecture, on tombe sur des vers qui s'envolent (« La lune mince verse une lueur sacrée, / Comme une jupe d'un tissu d'argent léger ») ; d'autres qui contemplent (« Dormeuse, amas doré d'ombres et d'abandons, / Ton repos redoutable est chargé de tels dons ») ; qui aiment désespérément (« Hélas !... J'embrasse en vain l'abondante étendue... / Je n'épouse que l'onde et m'épuise éperdue / Et n'ai fait qu'irriter cette fureur d'amour / Que j'avais cru distraire en m'éloignant du jour... »), etc.
Ces vers – qui parlent autant de Sémiramis, la mythique reine de Babylone, que d'une simple fileuse –, recèlent une beauté implacable, laquelle frappe nos oreilles d'une musique langoureuse, comme ceux-ci, extraits du plus fameux poème de Valéry (« Cimetière marin »), auquel s'est amicalement et humblement frotté, plus tard, Georges Brassens dans sa « Supplique pour être enterré à la plage de Sète »: « Les cris aigus des filles chatouillées, / Les yeux, les dents, les paupières mouillées, / le sein charmant qui joue avec le feu, / le sang qui brille aux lèvres qui se rendent, / Les derniers dons, les doigts qui les défendent, / Tout va sous terre et rentre dans le jeu ! »
Évidemment, cela demande un certain abandon de la part du lecteur, mais – et puisque c'est à la mode ! –, qu'il se permette de lâcher prise et sombre délicieusement dans cette poésie bénie (ou peut-être maudite, pour ce poète qui aime tant Narcisse, lequel les a par trop défiés !) des dieux.
Et, en arrivant au bout de ce chemin de vers, on sait enfin que : « C'est ainsi que l'on se délivre / Des ces écrits si clairs qu'on n'y trouve que soi »…

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