Les irradiés d'Égavar, tome 1 : Les affres du temps

On l’avait arraché à un enfer pour un autre et elle se demandait comment elle pouvait encore trouver en elle la force de se lever chaque matin.

"[…] Il mordit sauvagement la lèvre de Judith. La jeune fille blonde le regardait de ses grands yeux délavés et sourit en se passant la langue sur les lèvres pour essuyer le sang. Il lui ordonna d'une voix forte :
— Grave mon image en toi, tu ne la reverras pas de sitôt...
Elle fit la moue et répondit d'une voix sourde :
— Mais... le faut-il vraiment Hector ?
— Je te l'ai déjà expliqué plusieurs fois Judith, tu sais bien que la patience n'est pas mon fort.
Il se rapprocha un peu plus d'elle pour enserrer son cou de ses mains, il lui susurra à l'oreille :
— Jure sur ta misérable vie que tu me seras fidèle. Elle suffoqua en cherchant de l'air, puis il la lâcha brusquement. Judith se laissa tomber au sol à genoux, s'agrippant à sa jambe elle s'exclama en déglutissant avec difficulté :
— Je le jure sur ma vie... Sa voix s'éteignit dans un sanglot.
Il dégagea prestement sa jambe de son étreinte, puis s’éloigna sans ajouter un mot. Devant lui se dressait l'imprenable forteresse d'Arka. Il n'avait plus qu'à dresser la main pour s'en saisir. Sans un regard en arrière, il tourna les talons, se faufilant discrètement parmi les ombres. Il sentait l'odeur du sang qui l'appelait telle une maîtresse impatiente. […]"

[…] Autour d'eux, tout paraissait sinistre, vieux et abîmé : comme si l’endroit avait subi un événement ravageur, qui avait laissé cet incontournable sentiment de dénuement…
En face d'eux se trouvait une église, ou plutôt ce qu’il en restait. Mais l’environnement n’aurait pas été aussi angoissant, s’il n’y avait pas eu tous ces gens. C’était jour de marché, la population se massait dans la rue sale aux pavés cassés disséminés çà-et-là. Les hommes avaient une apparence disgracieuse : barbes irrégulières, teints sombres et visages anxieux étaient monnaie courante. […]

Abandonnée dans cette vieille masure crasseuse, comme un objet hors d'usage dont on ne serait débarrassé, chaque parcelle de son corps la faisait souffrir. Cinq hommes, ils étaient cinq...

Personnages :
Annaëlle
Jeune fille insouciante, elle profite de la vie.
Son imagination débordante lui permet de s'évader.
Elle était loin de se douter à quel point elle allait en avoir besoin.

Morgan
Jeune garçon introverti mais au grand cœur.
C'est un ami fidèle et loyale.
Il était loin d'imagine que ces qualités seraient mises à rude épreuve.

Avis :
Je ne peux pas connaître auteure plus locale car elle habite à 2 minutes de chez moi et est une amie de surcroît.
C'est une très belle découverte car elle sort complètement du style de livre que j'ai l'habitude de lire.
Sa trame de fond post apocalyptique avec un retour à l'ère féodale est super bien pensé.
Les personnages sont plus complexes qu'ils n'y paraissent et on voit leur évolution tout au long du roman.
J'avoue avoir mis quelques pages avant de vraiment entrer dans son univers mais une fois fait c'est un vrai bonheur, les événements s'enchaînent à merveille et à un rythme soutenu.
Ce qui matérialise très bien la course du temps évoquée et fait dévoré le roman en 3 petites heures.
Cependant âme sensible s'abstenir car certaines scènes décrites sont très forte en émotion et en violence.
J'ai hâte de découvrir le tome 2 et continuer à suivre les aventures d'Anaëlle et Morgan.
Note : 8/10
Auteure : Elodie Vallée Wielgosz

[…] Ce fut le début du chaos, l'électricité sauta, tout devint noir. Puis, il y eut une centaine de déflagrations simultanées, la voute céleste éclata pour de bon, repandant des sphères de feu qui scindaient le ciel dans toutes les directions. Les gens hurlaient, agonissaient, brûlaient. Ils virent une femme muée en statut de cendre avec son enfant dans les bras. Des corps, à moitié calcinés, rampaient sur le sol pour se jeter de leurs dernières forces dans la rivière. Alors, la surface de la terre sembla exploser en mille morceaux et le monde sombra dans le néant. […]

Ses oreilles crépitaient, sonnant le glas. Cela commençait, ce n'était pas des fadaises, ni des récriminations fatalistes d'écologistes en colère. Cela venait… L'atmosphère était brûlante, sa gorge était sèche et il avait comme un goût de métal dans la bouche. Il était en sueur, les draps étaient trempés. Léonie dormait paisiblement à ses côtés. Que l'ignorance était belle… Comme il aurait voulu, lui aussi, s'y abandonner. […]

« Fragile, osseuse, elle n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été. »

Annaëlle demeurait rêveuse face à ce paysage. Elle s'imaginait que ce lieu avait autrefois révélé d'abondantes fleures et d'une herbe de velours. Dans son songe éveillé, elle apercevait un jeune couple d'amoureux se pourchassant joyeusement, pieds nus dans la nature. Son imagination était débordante et les scènes qui traversaient son esprit lui semblaient d'un réalisme surprenant.

Depuis sa plus tendre enfance, ses visions faisaient partie de son quotidien. Lorsqu'un jour, elle les avait évoquées à sa mère, celle-ci lui avait assuré sur le ton de la confiance, qu'elle était spéciale.


(page 21)

La peur a une odeur indescriptible, mais ici elle était palpable, comme une malédiction que l'on ne pouvait chasser.