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Critique de Costes93


Gustave, un jeune élève, subit sa scolarité : victime de tous les maux de l'école, tels que le harcèlement, l'humiliation de la part de ses professeurs, les lacunes scolaires, il se dévalorise lentement et sûrement à travers ce système scolaire monstrueux. Jusqu'à ce qu'il tombe sur Madame Bergamote, sa sauveuse.

C'est mon deuxième Valognes et je suis assez mitigée. Ça se lit bien ( je l'ai d'ailleurs largement préféré à minute papillon) et on est vite happés par l'histoire tristounette de ce petit Gustave qui finalement n'est absolument pas né sous une bonne étoile !

Cependant, ce qui m'a le plus gênée, c'est la profusion de cliché, une tare qui m'avait déjà agacée dans son autre roman que j'avais lu. D'accord c'est une fiction et l'auteur précise bien en fin d'ouvrage qu'elle a eu une scolarité correcte. Pourtant, Gustave ne tombe QUE sur des professeurs absolument abominables, irrespectueux envers les élèves, qui refusent de répondre à leurs questions (!), grincheux, fatigués par la médiocrité de leurs élèves. J'ai cherché une date des faits et, sauf erreur de ma part il n'en est pas fait mention mais comme on parle d' internet et de portable j'ai supposé que c'était moderne. Or, le tableau de l'école qui est dressé me fait davantage penser à l'école des années 60/80 où effectivement beaucoup d'enseignants se montraient violents avec les élèves ( psychologiquement et physiquement avec des jets de craie, de chaises etc) puisque ces enseignants étaient considérés comme une élite, ce qui a bien changé à l'époque actuelle, les concours ne faisant même pas le plein. Bref, une méconnaissance du système scolaire actuel : exclu d'un collège pour avoir posé une question ? C'est tout bonnement impossible. D'abord parce qu'avant une exclusion il y a tout un tas d'étapes intermédiaires et ensuite parce que les personnels de direction ont des statistiques d'élèves exclus à respecter ( il en faut le moins possible, sinon on considère que l'établissement a échoué) et enfin parce qu'en général, les adultes aiment beaucoup quand les élèves s'expriment et font part de leurs revendications, cela prouve leur implication dans l'établissement et c'est exactement ce que recherchent les équipes !

Ensuite, la vieille prof de français aigrie, qui fait lire des textes de littérature classique à des 6e, ba pareil, ça doit dater des 60's parce qu'il suffit de passer ne serait-ce qu'une heure avec des 6e en français pour s'apercevoir que le niveau actuel ne le permet absolument pas et encore moins au premier trimestre !!!

Le principal est pas mal aussi dans le genre. Les personnels de direction ne connaissent généralement pas les élèves et il est extrêmement rare que le conseil de classe n'accorde que 2 minutes à un élève en grande difficulté et parle en des termes irrespectueux des élèves. L'auteur a écrit plutôt ce que représentait ce conseil dans sa tête de jeune élève qu'elle était à l'époque.

J'ai beaucoup "aimé" aussi les policiers qui rient quand on leur parle de harcèlement. Alors que dans la réalité, ils prennent ça très au sérieux. D'ailleurs le harcèlement en général c'est un sujet très actuel et tous les professionnels y sont formés.

La mère de Gustave, on l'estime car elle se donne à fond pour son fils et qu'elle se fait pourir par l'école. À quand une situation enfin réaliste où les parents ont 7 gosses pour les alloc et ne s'en occupent jamais, les laissant jouer à l'âge de 5 ans à des jeux vidéo réservés aux 18+ en souciant comme d'une guigne de l'école et de leur progéniture ? Bref du gros pathos pour susciter l'émotion du lecteur à travers de prétendues injustices du système scolaire.

À la limite, le personnage le plus réaliste, c'est Madame Bergamote, qui se rapproche le plus d'une enseignante moderne : elle fait son métier par conviction, avec des méthodes positives et croit en ses élèves.

J'ai bien aimé aussi le fait que l'école soit à 25min à pied des quartiers quand on sait que dans les banlieues parisiennes, les établissements sont souvent DANS les cités et il faut rarement faire plus de 5 min à pied pour y aller.

On crache sur les stats qui disent qu'un enfant d'ouvrier a moins de chance de réussir qu'un enfant de cadre et pourtant, c'est vrai. Moins de chance ne veut pas dire aucune chance, c'est juste qu'il faudra fournir plus d'efforts. Exactement comme l homogamie ( se marier avec des gens issus de la même classe sociale), c'est également un fait statistique. C'est un livre grand public et très lu donc je trouve qu'introduire de tels propos vont rendre la vie dure aux clichés du prof et du flics méchants et du fait qu'on peut aisément faire mentir les stats.

Joséphine relève un peu le niveau malgré le fait qu'elle ait un caractère ignoble ( et qui, en fin de compte ne lui réussit pas) alors que je reste persuadée que dans la " vraie vie" elle s'en serait largement mieux sortie que son frère. Elle pose des réflexions très intéressantes mais l'auteur la discrédite complètement, dommage, dommage.

Aurélie Valognes fait visiblement une fixation et une denigration de la réussite en général et surtout de ses symboles : l'école, la classe sociale, et son plus grand emblème, Paris bien sûr !
Finalement c'est une vision très manichéenne de la société que dépeint Valognes : soit t'es riche et tu vis en MAISON à Paris et t'as aucun mérite, soit t'es pauvre, tu vis en banlieue et si tu te donnes du mal ta réussite aura une vraie valeur.

Une fois de plus, je suis bien consciente qu'il s'agit d'une fiction et je sais bien que les clichés sont destinés à faire s'identifier beaucoup de lecteurs pour plaire au grand public mais quand même, je trouve ça dommage.

Bref, une lecture facile pour ceux qui ne voudront pas se prendre la tête ni réfléchir, idéale pour donner de l'espoir à ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
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