"Est-ce que vous êtes bien intégrés?" Sous entendu : "Est-ce que cette vie loin de tout ne vous pèse pas trop? Est-ce que ces êtres lourds et primaires avec tout juste assez de cerveau pour conduire un tracteur vous considèrent comme les leurs? Est-ce que vous vous ensauvagez, vous aussi? Faut-il leur répondre : "Non, nous ne sommes pas intégrés, non, nous n'avons pas été absorbés par les natifs, non, nous ne nous sommes pas amalgamés à la pâte locale, non, nous n'avons pas demandé à être admis puisque nous nous sommes imposés sans leur demander leur avis....p55
Dans le : "Vous vous plaisez bien Ici ?" pointe la suspicion. Comment des gens de la ville, si gâtés avec leurs cinémas, leurs magasins, leurs concerts, leurs opéras, leurs spectacles, leurs expositions, leurs moyens de transport commodes et rapides peuvent-ils s’accommoder d'un trou comme le nôtre ? (...) Un trou où les enterrements font l'occasion d'aérer le beau costume.
Les principales raisons de notre présence Ici : le mal-être en ville, l'indifférence des grandes métropoles, les bienfaits de la nature, de la marche, le silence, les relations à dimension humaine, le bonjour de chacun, les prix exorbitants des loyers de la capitale, notre besoin de beauté, de simplicité, de bons produits, le contact avec les animaux...p126
Pousser la porte du cimetière est un geste ordinaire, un juste prolongement de la balade dominicale. On y respire, comme dans le reste du village, un parfum de fleurs fanées, de terre mouillée, la vie et la mort s’y étreignent amoureusement. Nos pas sont lents, nos mots rares, nos voix basses. Est-ce pour éviter de les réveiller, ou pour mieux leur parler ?