Citations sur Le sang d'une autre (27)
Notre liberté, c’est justement de pouvoir utiliser mille façons de diriger notre vie. Notre prison, c’est ce que la vie a prévu pour nous.
Entre ce qui sera et ce qui fut, il y a cet instant si particulier où se suspendent les décisions, où il ne se passe rien, c’est le calme, le grand silence, l’attente, l’impatience, l’angoisse, l’insouciance. C’est le temps nécessaire pour passer d’un état à un autre, pour préparer notre sensibilité aux chocs, au chaos ou à l’effervescence.
Quelquefois, une vie s’achève avant même que la mort ait accompli son œuvre. Il suffit d’une absence, d’un fauteuil vide, d’un café versé par erreur et il ne reste que des fragments de nous-mêmes. Nous si entiers, si solides, émiettés par un manque. Cette mort-là est douloureuse, elle oblige à rassembler les morceaux, à reconstruire une image que les autres reconnaîtront et qui, pourtant, nous sera étrangère. Coller à son visage un masque de survie derrière lequel palpite un cœur éteint dont la perspective d’avenir se résume à l’attente, l’interminable attente…
La vérité, ma douce, elle est propre à chacun. Elle dépend des souvenirs, de la façon dont on a vécu les événements et après, des moyens dont on dispose pour les relater. Il y a autant de vérités qu’il y a de témoins d’une situation, ne l’oublie jamais.
En acceptant cette bousculade d’idées, je reçois les souvenirs, ma vie entière déferle dans un torrent d’images. Je la laisse parcourir l’ensemble de mon être sans résistance, elle casse les murs des barrages, lève les portes des écluses. Elle embarque sur un radeau, navigue dans mes veines sur le flot tumultueux que le courant ramène inlassablement à mon cœur. Et ma vie se laisse porter par le sang d’une autre dans le silence vivant d’une cacophonie intérieure.
Oui, tout est en moi, la douceur de ta peau, le son de ta voix, le goût de tes lèvres, la profondeur de tes regards, et bien sûr, ton odeur. Rien ne peut t'enlever de ma mémoire, tu es arrimé à jamais au seuil de mes pensées.
Jamais je n'ai douté de la nécessité de partir, ni du choix de la destination.
Les yeux rivés vers le Sud, j'ai quitté la Belgique sans un mot, parce que je devais apprendre à me taire et, puisque je ne connaissais pas la langue de ma destination, le silence me semblait plus facilement accessible. (p.38)
Il y a des hasards qui soudent les évènements les uns aux autres, ils forgent des histoires.
Entre ce qui sera et ce qui fut, il y a ce moment très particulier où les décisions sont suspendues, où rien ne se passe, c'est le calme, le grand silence, l'attente, l'impatience, l'angoisse, l'insouciance. C'est le temps nécessaire pour passer d'un état à un autre, pour préparer notre sensibilité aux chocs, au chaos ou à l'effervescence. D'ailleurs, n'est-ce pas le pire coup porté à nos émotions de recevoir un grand changement sans transition ?
Il y a si peu à dire quand on se quitte.