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Citations sur Le prénom de mon oncle (28)

Je pense au cartographe qui a dessiné la carte de l’Antarctique. A-t-on déterminé pour lui la quantité de blanc qu’il devait y mettre ? Y a-t-il eu concertation à propos de l’opportunité ou non d’inscrire sur la carte l’une ou l’autre superficie encore non découverte ? Comment représente-t-on L’inconnu ? Tout commence par l’échelle, évidemment. Un sur autant. Telle est la première question du cartographe : quelle échelle utiliser ?
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Herman lève les yeux de son livre et me demande ce que je veux boire.
— Un double cappuccino, s’il vous plaît.
— Ça s’appelle un doppio, dit le serveur, si près de nous qu’il entend tout.
Herman se dirige à pas posés vers le bar.
— Un doppio et un café, s’il vous plaît.
— Un café comment ?
— Un café normal.
— Un americano ?
— Mon café habituel.
— Un americano.
Herman se retourne vers moi et me sourit discrètement, comme pour s’excuser que ce type soit aussi stupide.
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J’ai toujours pensé que la grossesse rapprochait l’homme et la femme. Ce cliché est omniprésent : sur les sites de naissance, dans les journaux féminins, dans les brochures qu’on trouve chez la sage-femme, et sur la cheminée des jeunes parents, on voit une photo montrant le futur père, derrière sa compagne, qui pose tendrement les mains sur son gros ventre. Cette image est censée illustrer le lien qui unit les deux futurs parents. Maintenant seulement j’en comprends la vraie signification : l’homme se cache, et il s’accroche à ce gros ballon de chair parce que lui-même a les mains vides. Hormis les moments où il peut partager un tout petit bout de l’expérience de la grossesse – à l’échographie, aux premiers mouvements du bébé visibles sous la peau –, il n’a aucune prise sur ce qui se passe. La grossesse tout entière instaure un processus de distanciation à vitesse grand V. Un des deux membres du couple prend des allures de baleine, devient d’une faiblesse affligeante, se met à pleurer pour un oui ou un non, se dédouble, doit constamment faire face à un scénario de science-fiction, devant assumer la présence en son sein d’un étranger qui grandit en elle. Et l’autre, pendant ce temps-là, eh bien, l’autre demeure pareil à lui-même.
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Je songe à ce que m’a dit un jour un ami historien : de tous les documents produits au cours de l’histoire, moins de 0,001% sont conservés. Deux choses ne se trouvent pas dans les documents historiques : ce qu’à l’époque on considérait comme su et ce que personne ne voulait avoir en sa possession.
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Cela a quelque chose d'absurde pour moi de retrouver sur de simples courriers de la mairie des dates que j'associe à la guerre et aux camps de concentration. En octobre 1944 aussi, les gens payaient des taxes et des amendes pour excès de vitesse. J'ai toujours envisagé l'occupation des Pays-Bas comme une période d'anarchie et de chaos. de paralysie des institutions. Or, en novembre 1941, Frans souscrit une assurance vie pour 71,30 florins. La boîte contient vingt-huit amendes pour excès de vitesse. Sur les autoroutes d'avant guerre, la vitesse autorisée était manifestement de soixante kilomètres heure ; Frans faisait régulièrement du quatre-vingts. Durant l’Occupation, il ne commet plus d’excès de vitesse, mais il reçoit sept procès-verbaux pour stationnement interdit et un autre pour conduite a contresens.
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Je songe à ce que m'a dit un jour un ami historien : de tous les documents produits au cours de l'histoire, moins de 0,001% sont conservés. Deux choses ne se trouvent pas dans les documents historiques : ce qu'à l'époque on considérait comme su et ce que personne ne voulait avoir en sa possession.
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C'est peut-être plus logique de baptiser les êtres d'après un lieu que d'après une personne. Les lieux vous donnent de l'espace, tandis que les gens, eux, ont déjà pris toute la place disponible et vous étouffent avec leur histoire et leurs échecs.
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Qu'est-ce que la vie, sinon une suite de circonstances atténuantes ?
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Pour qu'on puisse continuer à prononcer son nom, il faut que celui-ci soit inscrit dans une histoire. Un nom sans rien autour ne survit pas au temps qui passe. Il a besoin d'un contexte. D'une forme. D'une chanson avec un début, un milieu et une fin. C'est la seule protection qui vaille contre l'oubli.
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Quand je suis assis là, à la table blanche, j'essaie de penser avec les yeux de l'époque, sans le fardeau de soixante-dix ans de cours d'histoire. C'est la seule manière de l'approcher. Mais il est difficile de réaliser que l'histoire est écrite par des gens d'aujourd'hui, difficile de comprendre que ce que recouvre le mot "maintenant" a changé, difficile d'admettre que les gens qui ont vécu autrefois ont, comme nous, accumulé les tentatives, les erreurs et les décisions délicates à prendre, dont certaines ont, comme pour nous, entraîné des peines et des souffrances. Difficile enfin d'accepter l'idée que ceux qui nous ont précédés ont été confrontés au chaos et à l'incompréhensibilité du réel, exactement comme nous le sommes aujourd'hui.
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