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Critique de afriqueah


David van Reybrouck rassemble en 857 pages l'histoire d'un pays, depuis la préhistoire jusqu'aux années 2008, date de parution de cette somme.
Ce n'est pas un roman, pourtant il fait parler, au cours de ses voyages au Congo de petites gens, ou de journalistes, ou de vieux, très vieux Congolais dont l'un se souvient encore de l'arrivée de Stanley ! le résultat est que ce livre important se lit comme un roman.
C'est extrêmement bien documenté bien que n'étant pas à proprement parler un livre d'histoire (presque 160 pages entre les remerciements, la justification des sources, la bibliographie impressionnante et les notes) par les livres, donc, des pages et des pages de noms d'auteurs consultés, ainsi que par ses fréquentes visites dans les différentes parties du pays, pas seulement la capitale, et, dans la capitale, les « bas-quartiers ».
« Congo, une histoire » fait résonner les petits et les grands, et comme l'auteur a étudié la philosophie, il analyse chaque événement avec un oeil original et mesuré.
C'est le point de vue d'un journaliste/ écrivain/ philosophe/historien.
C'est toute une somme, un travail colossal, et une vision proche de la réalité.

Après une lecture fractionnée, et que j'ai repris, relu chaque fois avec autant de plaisir, en le refermant j'ai soupiré et désiré que de tels livres soient écrits sur d'autres pays d'Afrique par exemple, dont l'histoire est si peu connue et se résume pour l'Occident aux deux mots ; esclavage et colonialisme, soit le passé dont la rengaine répétitive constitue un affront de plus porté à un ensemble complexe.
En le refermant, je regrette de ne plus voir sur ma table la couverture de cet homme si sérieux, pensif et inquiet.

Revenons tout de même avec David van Reybrouck sur le passé : d'après lui c'est l'appropriation personnelle du Roi Léopold II qui a causé le plus de tort, « une immonde saloperie ». Son ambition a pourtant trouvé dans les faits une résonance : L'ivoire ( pianos, dominos, boules de billard) ne rapporte plus , mais chance : il y a du caoutchouc, et l'exploitation des hommes se fait sauvage. Puis il y aura de l'or, diamant, tungstène, cobalt, le miracle bien connu. Chance après chance. Et aucun Congolais n'en profite ou presque, seul le Roi. ( qui a aboli l'esclavage)
Après la mort du Roi en 1908, la colonie réellement dite de l'Etat belge commence, jusqu'en 1960, provoquée plus par le nationalisme que par l'appât du gain.

Détaillant l'exploitation et le travail forcé non rémunéré que l'on connaît, l'auteur pose parallèlement le bilan positif de cette période :
14 000 kilomètres de voies ferrées, 140 000 kilomètres de routes, 40 aéroports ou aérodromes, des centrales hydro- électriques= une industrie moderne, ainsi que 300 hôpitaux pour les autochtones, et un taux d'alphabétisation très élevé : Toutes ces réalisations dépassent par leur ampleur les autres colonies africaines.
Juillet 1960 l'Indépendance est enfin proclamée.
Il était prévisible que ce changement inévitable allait causer des remous, mais personne ne pouvait prévoir la grave mutinerie dans l'armée, la fuite massive des Belges restés sur place, une invasion de l'armée belge, puis de l'ONU, le soutien politique soviétique, et les sécessions dont celle du Katanga( diamants), crise constitutionnelle majeure.
Jusqu'au 17 janvier 1961, où Lumumba, premier ministre de Kasavubu, est torturé, après avoir été dérouté vers le Katanga de Moise Tshombe et assassiné.
.Mobutu, (dont la femme Marie Antoinette a refusé d'africaniser son prénom)l'homme à la toque en léopard, après son coup d'Etat en 1965, instaure la loi d'airain du parti unique : pendaison publique des opposants, baptême de son pays Zaire, droit de cuisage ( les droits de l'homme en Europe remontent à 1990, et encore remarque Reybrouck) organisation du match de foot du siècle Mohamed Ali/ Foreman, rapprochement avec la Chine, invitation à Kinshasa des astronautes retour de la Lune, barrage sur le fleuve, dépenses faramineuses qui endetteront le pays pour longtemps.
Jean Désiré Kabila, puis son fils Joseph, les élections, le coup d'Etat de 1997, la guerre ouverte puis larvée qui l'a suivie durant des années, l'ingérence du Rwanda et de l'Ouganda pour piller les matières premières, la présence et l'aide de la Chine.

David van Reybrouck termine son livre brillant par « la bière et la prière », la vie comme elle va, ambiancée par les rivalités de producteurs de bière, celle des chanteurs Mpiana et Werrasson, les danses et la « récréation », la volonté absolue des Congolais de profiter de ce qui se présente.

Que mes amis belges, qui en savent bien plus que moi, pauvre française, me pardonnent si ce que j'ai compris du livre de Reybrouck est faussé, et, si ce qu'il dit est contraire à l'histoire, là, je me tais-.
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