Zinc

Sans avoir déménagé une seule fois dans sa vie, il a été successivement citoyen d'un État neutre, sujet de l'Empire allemand, habitant du royaume de Belgique et citoyen du Troisième Reich. Avant de redevenir belge, ce qui sera son cinquième changement de nationalité, il est emmené comme prisonnier de guerre allemand. Il n'a pas traversé de frontières, ce sont les frontières qui l'ont traversé.

Et le voilà, Emil, au milieu de soldats allemands et d'anciens nazis, lui qui a donné à son fils le prénom du roi des Belges, et dont la femme a refusé la Mutterkreuz. Le voilà, lui, l'homme qui a participé à l'occupation de l'Allemagne sous l'uniforme belge et à celé de la Belgique sous l'uniforme allemand, lui, l'enfant adultérin, l'homme dont l'identité, tel un bloc de minerai de zinc, a été fondue et refondue si souvent qu'il en est résulté détachement et résignation. Un moderne Job, frappé et éprouvé par l'histoire.

Sans avoir déménagé une seule fois dans sa vie, il a été successivement citoyen d'un État neutre, sujet de l'Empire allemand, habitant du royaume de Belgique et citoyen du Troisième Reich. Avant de redevenir belge, ce qui sera son cinquième changement de nationalité, il est emmené comme prisonnier de guerre allemand. Il n'a pas traversé de frontières, ce sont les frontières qui l'ont traversé. (p.63)

Les lettres d'amour qu'Emil envoie à la jeune fille après son retour chez elle constituent un genre littéraire en soi : avant la guerre, il n'a appris à écrire qu'en caractères gothiques, une écriture élégante que Jeanne ne sait pas lire. Seul son frère Jacques la connaît et c'est donc lui qui lit les lettres à Jeanne, souvent en présence de leurs deux plus jeunes sœurs. À Tilburg, le romantisme est une affaire collective.

Dès le lendemain de l'armistice de 1918, la municipalité fit placarder des affiches dans le village. Le texte était en allemand, mais la teneur anti-allemande. "Habitants de Moresnet-Neutre ! Pavoisez vos maisons ! Hissez vos drapeaux ! La PAIX est signée !" Il était étrange de lire en 1918 ces exclamations en lettres gothiques.

Le XIXe siècle était le siècle du zinc, de même que le XXe allait devenir celui de la bakélite, de l'aluminium et du nylon.

[Germain Pirlot], un Ostendais francophone, est l'inventeur injustement oublié du mot "euro". Peu de gens le savent, mais l'idéal espérantiste continue à vivre dans l'appellation de la monnaie que nous utilisons quotidiennement. (p.71)

Le XIXème siècle est le siècle du zinc, de même que le XXème siècle allait devenir celui de la bakélite, de aluminium et du nylon. (p.29)

En outre, l'année 1837, vit la création de la Société anonyme des mines et fonderies de zinc de la Vieille Montagne, en abrégé " Vieille Montagne", traduction française de d'Altenberg, l'ancien nom de la carrière de zinc. La fonderie de zinc en faillite de Dony connut un nouveau départ spectaculaire dès que François-Dominique Mosselman, banquier parisien aux racines bruxelloises, commença à s'y intéresser. Au cours des décennies suivantes, Vieille Montagne allait devenir l'un des plus gros producteur de zinc au monde, ce qui ne fit que souligner l'importance de cette zone frontalière et rendre un accord international à sin sujet plus hypothétique que jamais.

C'est léger, facile à travailler et ça ne rouille pas. A-t-on jamais vu ça, un métal qui ne rouille pas ? Bien sûr, l'or ne rouille pas non plus, mais c'est hors de prix, alors que le zinc ne coûte presque rien.