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Passionnant !
Cet essai se lit comme un roman. Il s'attache à un minuscule territoire coincé entre trois frontières, celles de la Belgique, des Pays-Bas et de l'Allemagne. Minuscule territoire d'abord l'objet de convoitise tant de la Belgique que des Pays-Bas, et que faute d'accord, on déclare provisoirement État neutre. S'il est minuscule, il comporte une richesse, sa mine de zinc qui fournira l'Europe toute entière. Territoire de langue allemande, durant les deux guerres mondiales, il sera annexé par l'Allemagne.
Tout nous est conté au travers de la vie d'un de ses habitants, personnage réel.
J'ai beaucoup appris, et j'ai été conquis !
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Il fut un temps où l'Europe, l'union européenne donc, était une utopie ; maintenant c'est, au mieux, un constat, au pire, une catastrophe, allez savoir. En tout cas, "utopie" est probablement le dernier mot qui vient à l'esprit quand on entend ceux d'union européenne (le premier étant peut-être "administration"?). Heureusement, David van Reybrouck vient nous rafraichir l'esprit et raviver l'espoir d'une union utopique entre nations avec ce très beau texte, fruit d'une enquête menée pendant quelques années dans le village de Moresnet-Neutre (le nom changera à de multiples occasions), nommé ainsi en 1816 après un compromis consistant en une absence de compromis entre la Prusse et les Pays-Bas, délimitant des frontières "provisoires" et laissant un triangle dit neutre, n'appartenant ni à l'un, ni à l'autre... et 2016 marque précisément le bicentenaire de cette curiosité du droit international, curiosité située aujourd'hui aux frontières de la Belgique, de l'Allemagne et des Pays-Bas. C'est que pendant près de cent ans, les habitants de ce petit pays sans douane, ni langue officielle, ni monnaie d'ailleurs, vont vivre une véritable utopie réalisée. Des hommes et des femmes viennent s'y cacher, et la population augmente subitement en quelques décennies. Mais le rêve se termine avec les grandes guerres du début du vingtième siècle. Certains habitants se retrouvent alors dans l'armée allemande, d'autre sous le drapeau belge, parfois des frères se retrouvent face à face dans les tranchées - le cauchemar commence, et s'achèvera bien après la seconde guerre mondiale. Pour nous exposer cela, van Reybrouck a pu se pencher sur le destin d'Emil Rixen, né en 1903 dans ce curieux mais très attachant petit pays neutre et libre de tout nationalisme ; Emil changera, bien malgré lui, cinq fois de nationalité pour mourir en 1971 (l'année de naissance de David van Reybrouck justement, et la mienne au passage), et c'est travers ce destin particulier que cet essai - qui se lit d'ailleurs comme un roman tant il est passionnant - nous invite à réfléchir sur la fin d'une utopie européenne et le retour de la territorialité et des frontières, symboles de la résurgence des nationalismes ; reste quand même le souvenir de cet endroit extraordinaire, maintenant conservé grâce au travail méticuleux de l'auteur belge, travail dont le seul souvenir ravive peut-être en nous des envies et des rêves d'utopie - c'est à espérer. Excellent texte.
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J'ai appris énormément sur l'histoire de mon pays en lisant cette plaquette consacrée à une bizarrerie de l'Histoire, née de l'indécision des vainqueurs de Napoléon en 1816. J'ai surtout compati au sort des Habitants de Moresnet-Neutre, écartelés entre deux ou trois pays, déchirés entre l'Allemagne et la Belgique lors des deux grandes guerres. le mini-état, insouciant à ses débuts, sans monnaie, sans service militaire, sans instruction obligatoire, devient la capitale de l'espéranto et le centre mondial de l'extraction du zinc.
Puis, les deux grands conflits mondiaux vont ternir ce tableau idyllique ainsi que la fin de l'exploitation minière en 1950. Aujourd'hui, un musée bientôt transféré dans les anciens locaux de la direction de Vieille Montagne (jadis cotée en bourse) rappelle le destin exceptionnel de ce triangle coincé entre l'Allemagne et la Belgique, anciennement Prusse et Royaume-Uni des Pays-Bas.
L'auteur associe les qualités de journaliste et d'historien pour faire revivre une tranche d'histoire insolite entre 1816 et 1968. Les descendants d'Emil Rixen, - né en 1903- témoignent. Les archives précisent le contexte historique et David van Reybrouck sertit l'ensemble dans une écriture alerte et émue.


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La frontière est une idée d'homme. Même naturelle, elle n'est que la projection d'une représentation humaine. Barrière, mur…même de glace ou de corail , ce sont des mots que les hommes ont inventé pour donner forme à certaines de leurs pensées.
Voici…. Moresnet, langue de terre à l'extrême Est de ce qu'aujourd'hui nous appelons la Belgique.
Voilà ces bonhommes en bicornes, en plumes et en plumeaux. Ils balaient l'Europe. Ils se partagent «  le gâteau ». Warteloo est toujours plaine, et il faudra longtemps que les écoliers s'en souviennent.
Il est 1816 au cadran de ce monde, , Les pays Bas la Prusse se mettent d'accord, « un bout pour moi, un bout à toi »..., et mais voilà ...il y a à Moresnet et dans sa terre, un minerai : le zinc.
Le 19 e siècle était de zinc : des toits à la bassine, de l'arrosoir en passant par le laiton. le siècle était galvanisé ! Rendez vous compte, ici repose l'unique gisement de zinc toute l'Europe !
Alors…. « A moi à toi, pas à toi, à moi, non, à moi, non, à moi. »… Allons , allons on va pas en refaire toute une guerre ( pas encore, encore un tout petit peu de patience..) , « elle sera à moi comme à toi ».
Et oui c'est un pays de frontières Moresnet Neutre . Pas un état, ni même une principauté.
Moresnet-Neutre est, comme c'est écrit : neutre.
Une histoire un peu singulière, mais cette histoire appartient à l'Europe et en lisant ce livre force est de constater que la plus grande part de cette histoire, pour finir, je ne la connais pas.
A ce moment là , 250 âmes se trouvaient sur cette terre. Pas de vote, pas de referendum, on ne leur a jamais demandé leur avis. Ils deviendront les sujets d'une curiosité de droit international. Et cela durant 100 ans. Imaginez les va et vient de l'histoire, coincés entre la Prusse et les Pays Bas, et puis la Belgique qui vient aussi se greffer. Un triangle allongé sur le zinc.
Moresnet Neutre a un drapeau. Pas de Tribunal, pas de juridiction, pas de monnaie, pas de langue officielle, ou pas vraiment. Pas de douane, c'est un peu l'île de la Tortue de l'océan européen.
Par contre elle devient capitale de l'espéranto. le code est...napoléonien, mais il n'y a pas de service militaire. Mais lorsque sonne le tocsin , chaque pays reconnaît ses enfants.
Certains iront côté...Belgique, d'autres côté Allemagne , certains...et puis qu'est ce que ça peut faire ? Là non plus on ne leur demande pas leur avis.
Moresnet Neutre fera monument commun. Peau commune. Morts pour l'Europe, ses enfants.... méconnaissants…
«  Im Tode vereint » réunis dans la mort.
L'ouvrage de David van Reybrouck s'intéresse au sort de ces sans noms. de ces enfants, de ces femmes et hommes traversés par les frontières. Comme hachurés par l'histoire. Des destins ballotés, ces peuples, familles, villages, que les puissants décorent à leur guise à coup d'opportunisme patriotique, à coup de wagons de minerai, à coup de fifre, de clairon, de cuivre, de zinc, de laiton, à coup de canon.
« Dans le bois, je trouve quelques vestiges de murs et une dalle de béton là où s'ouvrait autrefois un puits de mine, descendant à trois cents mètres de profondeur. Dans la prairie attenante, le printemps verra de nouveau fleurir la pensée calaminaire, cette petite plante rarissime qui ne pousse que sur les terres riches en zinc. On ne la retrouve nulle part ailleurs au monde. Viola calaminaria, une magnifique fleurette jaune parmi les herbes. Mais nous n'y sommes pas encore. Pour le moment, c'est l'hiver et la première chute de neige. » .
C'est vrai elles ont un petit côté étrange ces pensées, elles dessinent un « drôle » de visage sur les cartes, un peu comme les « drôles d'idées » des hommes quand ils s'inventent des frontières.
Un livre m'a permis de découvrir de nouvelles pièces du puzzle Europe.
 
Astrid Shriqui Garain
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"Ce sont les frontières qui l'ont traversé."
"l' ",c 'est Emil Rixen, qui va changer cinq fois de nationalité sans déménager. Car Moresnet est le siège d'un gros gisement de zinc et la chute de Napoléon va attirer les convoitises des Pays Bas et de la Prusse dans un premier temps pour ce territoire limitrophe...

Formidable livre , très court certes. Instructif mais aussi intelligent, sur l'absurdité de la nationalité à une époque où les nationalismes s'exacerbent.
J'ai découvert cet auteur avec "Congo" , lui aussi ouvrage formidable.
Voilà, vous en avez pour une grosse heure , et vous en sortirez instruit d'une anecdote historique dont vous vous souviendrez forcément.
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David van Reybrouck nous fait découvrir dans ce petit livre une des curiosités de la Belgique, cette petite miette de territoire disputée depuis qu'on découvrit les incroyables qualités du zinc, extrait dans ce lieu. L'histoire de frontières - mais elles sont nombreuses ces histoires dans l'histoire européenne récente, d'identité - être Belge, être Allemand ? Il y a dans ce petit livre l'idée que L Histoire peut produire ses effets partout, même dans un petit endroit ignoré de tous. Que parfois elle se cristallise là où l'on ne l'attend pas. L'idée aussi les frontières sont une construction théorique. Oui, elles influent sur le cours de la vie, mais la vie finit toujours par les traverser. Comme avec une loupe sur un petit territoire où l'on raconte une histoire cocasse du passé, on y lira aussi sans doute l'absurdité d'un temps où la tentation des frontières est à nouveau si forte.
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Dans cet essai, David van Reybrouck nous raconte l'histoire d'un petit village de la province de Liège à travers la vie d'Emil Rixen, né en 1903. Conçu dans une union illégitime, il naitra à Moresnet-Neutre où sa mère s'est réfugiée après avoir quitté Düsseldorf, et sera confié à l'adoption. Sans jamais quitté son village natal, il changera cinq fois de nationalité et sera enrôlé dans différentes armées.

En effet, la neutralité de cette région persistera jusqu'en 1919 mais ensuite, au gré des conflits mondiaux, Moresnet-Neutre sera ballotée d'un pays à l'autre, avant d'être définitivement rattachée à la Belgique par le Traité de Versailles.

Moresnet s'est construite et développée autour d'une usine de production du zinc. A l'aube de la révolution industrielle, ce graal est en effet très convoité. Non ferreux, malléable à haute température et parfait pour les alliages, il est aussi un excellent conducteur thermique et surtout il résiste à la corrosion. le zinc, allié au cuivre, produit du laiton, allié à l'étain, du bronze. Ce métal, produit en feuille ou en plaque, servira notamment de couverture aux toits de Paris pour faciliter l'évacuation des eaux de pluie, et favorisera l'essor de l'architecture de fer. On comprend donc la convoitise que ce petit territoire a éveillée.

L'histoire que nous raconte Zinc a un côté surréaliste ; par la situation d'abord, par les mille petits détails de la vie quotidienne ensuite. Ainsi, à Moresnet-Neutre seul le franc français a cours mais on accepte les pièces allemandes, le sou d'argent et le franc belge. Il n'y a pas de langue officielle et les habitants parlent l'allemand, le français et un dialecte local appelé Kelmeser Platt et qui mélange bas allemand et limbourgeois.

Ce court récit, parfois technique, toujours passionnant, m'a beaucoup plu. Non seulement parce que je connais ce village et cette région et ai pris plaisir à découvrir leur histoire que je méconnaissais mais aussi parce que van Reybrouck nous la conte merveilleusement bien à travers la vie d'un de ses habitants. Au point qu'on en vient à regretter qu'il ne soit pas plus long.
Zinc est aussi un bel éloge de la neutralité et de l'utopie en cette période de résurgence des nationalismes.

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C'est l'histoire surprenante d'un homme qui a changé cinq fois de nationalité sans jamais le demander et en habitant toujours à la même adresse. A travers la vie de cet homme, l'auteur nous emmène dans l'histoire oubliée d'un petit village de la Belgique germanophone: Kelmis.

J'ai découvert à travers ce livre énormément d'informations sur l'histoire de mon petit pays et j'ai maintenant envie d'en savoir plus.
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C'est l'histoire d'un minuscule territoire -d'un peu plus de trois kilomètres carrés-, de la forme d'un triangle, coincé entre la Belgique, Les Pays-Bas et l'Allemagne. Il est créé en 1816 lors du "Traité des limites" d'Aix-la-Chapelle, les Pays-Bas et la Prusse ne parvenant à s'entendre sur la souveraineté de la municipalité de Moresnet qui abrite une mine de zinc considérée comme la plus riche d'Europe. Alors on la scinde en trois : une partie pour les Pays-Bas, une pour la Prusse, et la dernière sur laquelle il est impossible de se mettre d'accord devient, sous le nom de Moresnet-neutre, conjointement contrôlée par les deux états.
Au gré des remous d'une Histoire marquée par une révolution (belge, en 1830) et les guerres mondiales du XXème siècle, ce territoire changera de mains à plusieurs reprises, la Belgique y reprenant les droits des Pays-Bas, l'Allemagne l'annexant en 1915 puis de nouveau au début des années quarante alors que le Traité de Versailles l'avait restitué à la Belgique, qui le récupère en 1944.

C'est aussi l'histoire du zinc, inextricablement lié à celle du ce bout de terre puisqu'il en détermine la genèse, et du succès que lui valut sa légèreté, sa maniabilité et son caractère inoxydable au début du XIXème siècle, Haussmann en recouvrant notamment les toits de Paris.

C'est enfin l'histoire d'un homme. Emil Rixen, natif de Moresnet-Neutre par le hasard de sa naissance illégitime, va successivement acquérir cinq nationalités, passant sa vie à changer de pays sans jamais traverser de frontière. Un anonyme pris dans les caprices d'une Histoire faite par des puissants motivés par la cupidité et le pouvoir, héros ordinaire dont David van Reybrouck évoque le destin à la fois triste et rocambolesque. Car la destinée de Moresnet-Neutre va conduire en temps de conflit à des situations aussi ubuesques que dramatiques, ballotant ses citoyens au gré des opportunismes patriotiques et de l'arbitraire géopolitique.

A l'image de la petitesse de ce territoire que l'auteur exhume des coulisses de l'histoire, son texte est bref, trop sans doute. Malgré tout l'intérêt que suscite son sujet, la rapidité avec laquelle file la lecture, par ailleurs portée par une écriture agréablement alerte, ne permet de laisser qu'une empreinte fugace.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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L'anthropologue, historien, essayiste David van Reybrouck raconte en une septantaine de pages (soixante-dix) le destin particulier du village de Moresnet-neutre dans l'est de la Belgique, neutre jusqu'en 1919 au travers de l'histoire familiale d'Emil Rixen. Celui-ci a changé 5 fois de nationalité sans jamais déménager. Ce territoire n'appartenait ni à la Belgique, ni au Luxembourg, ni aux Pays-Bas, ni à l'Allemagne mais recélait une grande richesse : le zinc et la très célèbre entreprise Vieille Montagne située très exactement à La Calamine. Très court mais très subtil, ce petit récit retrace une facette peu connue de l'histoire de Belgique.
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