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Critique de saigneurdeguerre


Bayonne. Décembre 1933.
L'affaire Stavisky éclate. Des milliers d'actionnaires sont ruinés. Ils ont été attirés dans les rais de l'escroc qui leur garantissait des rendements exceptionnels… Sale coup pour la France ! Déjà que la crise de 1929, venue des USA, avait frappé le monde entier… le gouvernement tombe ! Un de plus !
Sale coup pour les juifs ! Stavisky était juif originaire d'Ukraine. Dans ces années '30, le fascisme et le racisme progressent partout ! Mussolini en Italie (plus fasciste que raciste), Hitler en Allemagne…

Bretagne. Juillet 1934.
Roger est de retour de son pensionnat chez les jésuites. Sa maman, veuve, se tue à la tâche et se prive de tout pour payer les études de son fils, brillant étudiant qui rêve de devenir ingénieur… Et il en a les capacités ! Sa mère épargne sou après sou pour qu'il puisse, une fois qu'il aura passé son BAC, aller étudier à l'université.
Roger est heureux de revoir sa mère ! … Mais aussi sa cousine, Louison ! Ah, ce qu'ils s'aiment ces deux-là ! Elle, son rêve, c'est de devenir actrice. Une nouvelle Danielle Darieux…

Critique :

Au travers d'un récit qui suit deux jeunes gens amoureux qui vont devoir, de façon plus ou moins forcée, quitter la Bretagne, les auteures vont nous faire découvrir l'extraordinaire histoire du Front populaire.
Souvent, certains historiens se sont servis du Front populaire pour expliquer la débâcle de l'armée française au printemps 1940. L'intelligence des autrices, c'est de nous faire découvrir les incroyables mauvaises conditions de vie du petit peuple français, qu'il travaille en usine, dans une maison de haute couture parisienne, aux Galeries Lafayette, ou bien encore à la campagne, en bord de mer ou en mer. Pourtant, la vie de certains n'a rien à voir avec cet enfer des ventres vides et d'un chômage où vous n'avez plus aucune occasion de gagner le moindre franc pourtant bien indispensable pour vous nourrir, payer le loyer d'un logement plus que médiocre, vous vêtir ou vous soigner.
Chantal van den Heuvel nous balade d'abord en Bretagne dans une histoire digne de Zola, avant la montée à Paris de deux jeunes gens très amoureux qui vont découvrir, pour l'un l'enfer de la vie en usine, pour l'autre le travail harassant d'une couturière au service d'un jeune et grand couturier.
L'immense pauvreté, les ventres vides, les terribles cadences dans les usines, vont conduire aux grèves, avec occupation des usines, puis à la victoire aux élections de 1936 de ce Front populaire où l'on retrouve les socialistes de Blum, élu Président du Conseil (premier ministre), les radicaux et les communistes de Maurice Thorez… aux ordres de Moscou ! L'entente entre socialistes et communistes ne va pas durer. Ce que Staline veut, le parti communiste le veut. le parti est très puissant et peut s'appuyer sur une base solide prête à le suivre aveuglément.
Au passage, Chantal van den Heuvel rappelle que les femmes n'avaient pas le droit de vote, mais que Blum « va mettre la charrue avant les boeufs » en en incluant dans son gouvernement aux postes de ministres ! Dans le gouvernement de Front populaire de Léon Blum en juin 1936, trois femmes ont été nommées ministres (ou « sous-secrétaires d'État ») alors qu'elles n'étaient, comme toutes les femmes de leur temps, ni électrices ni éligibles. Mais ne rêvez pas ! Elles ne prirent jamais la parole dans l'hémicycle… Et Léon Blum ne renouvela pas l'expérience lors de la mise sur pied de son second gouvernement.
Cette BD rend un hommage certain à Léon Blum, esthète intelligent, évoluant au milieu d'un champ de mines d'autant plus dangereux qu'il était juif.
Vivement la suite de ce roman graphique !
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