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Critique de BazaR


Eh bien voilà un récit de Jack Vance qui vient directement se placer parmi mes préférés de l'auteur. En grattant un peu, j'ai l'impression que les romans écrit autour de 1975 dépassent en qualité tout ce qui est antérieur et postérieur ; estimation grossière, subjective et bourrée d'exceptions, je précise !

L'auteur nous emmène dans un lieu de l'Aire Gaïane (partie de la Voie Lactée conquise par les humains) quasi vide en systèmes stellaires : le Grand Trou. Au milieu de ce rien brille une étoile qui illumine deux planètes qui se tournent littéralement autour : Maske et Skay. Et c'est Thaérie, un pays de Maske aux castes rigides et aux codes stricts, qui est à l'honneur. Jubal, un homme de la région de Glentin – autant dire un plouc méprisé par les hommes des autres régions – va faire son trou dans cette société qui a priori le considère comme l'ombre des ordures.
Le fil de l'intrigue se concentre sur les mystères liés à un notable de la capitale de Thaérie : Ramus Ymph. Un autre notable, Naï le Hever, va chercher ce que traficote Ramus et employer Jubal pour cela. L'enquête est intéressante, grâce surtout aux méthodes sournoises employées par Jubal et que n'auraient pas rejetées un Cugel l'Astucieux. Jusqu'à la fin, on se demande si ce qui est en jeu est la conquête militaire de Maske ou un simple misérable petit trafic.

Mais si l'intrigue se laisse bien lire, l'intérêt principal est ailleurs ; dans les relations de collaboration/méfiance entre Jubal et Naï le Hever qui baigne l'ensemble du roman. Les dialogues sont tout simplement jouissifs. Les deux hommes ne se font aucun cadeau tout en restant d'une politesse à toute épreuve. Les moeurs sociales de Thaérie sont aussi source de délectation, en particulier cette idée du Châtiment bien Mérité qui autorise une personne s'estimant flouée par un tiers à – si elle en acquiert l'autorisation légale – embaucher des prestataires qui iront maltraiter parfois jusqu'à la mort ledit tiers, tout cela avec élégance et verbe affable.

Comme d'habitude la pénétration de la psychologie des personnages est à un niveau très faible. A l'opposé d'un Gemmell, Vance ne cherche pas à nous les faire comprendre et aimer. Il est difficile d'éprouver de l'empathie, même pour Jubal tout aussi retors et froid que les autres. Jack Vance ne nous emmène pas non plus très loin dans la romance, parce que des êtres qui s'aiment avant tout eux-mêmes n'ont pas grand-chose à offrir à autrui. Les femmes ont un rôle secondaire (encore une habitude vancienne) sauf Mieltrude, la fille de Naï le Hever, qui prend un peu d'épaisseur à la fin.

L'intérêt est ailleurs, dans l'exploration des mondes, dans l'exotisme végétal et social, dans les fourberies et parfois l'humour cruel des personnages. Mais c'est un intérêt qui titille plus l'intellect que l'émotif. Avec moi ça marche.
Je regrette que ce roman ne soit plus édité en poche. Les éditions Folio, qui ont réédité de nombreux romans de l'auteur, ont laissé tomber celui-ci comme ils ont oublié Les Domaines de Koryphon. C'est une erreur à mon avis ; ils sont bien meilleurs que, par exemple, La Planète Géante.
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