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Critique de Foxfire


Autant prévenir d'emblée, cette B.D ne plaira pas à tout le monde. « La passion des anabaptistes » est une oeuvre aride, d'un abord difficile, peu accessible, pas vraiment destinée à un large public. Tant le propos que le graphisme, tout dans cette B.D est sombre. Austérité et radicalité sont ici les maîtres-mots.

Partant des révoltes paysannes, sociales et religieuses, du XVIème siècle en Allemagne, le récit va aborder la naissance du protestantisme et petit à petit va s'intéresser plus particulièrement aux anabaptistes de Munster. Cette édition regroupe l'intégrale des 3 volumes, chacune des parties s'attachant plus particulièrement à une figure de ces révoltes socio-religieuses : d'abord Joss Fritz, puis Thomas Müntzer et enfin Jean de Leyde. Avec ce dernier, on atteint un paroxysme de radicalité. le récit alterne l'évocation de ces figures sous forme de bande-dessinée et l'histoire de Martin Luther sous forme de texte.
Le thème est, a priori, peu séduisant et, de fait, n'enthousiasmera sans doute pas les foules tant le traitement est particulier.

Le scénario de Vandermeulen est remarquable. le récit est assez factuel, jamais l'auteur ne semble prendre parti pour les uns ou les autres. Il raconte sans pour autant que le récit soit désincarné. Au contraire, « la passion des anabaptistes » est une oeuvre fiévreuse, animée d'une tension constante et d'une atmosphère terriblement sombre.
Le récit avance lentement tout en étant très prenant tant il est tendu vers cet épisode paroxystique de Jean de Leyde. D'ailleurs, selon moi, « la passion des anabaptistes » ne peut se lire que sous forme d'intégrale (ou en enchaînant les 3 tomes comme s'il s'agissait d'un seul volume).

L'aspect visuel est lui aussi jusque-boutiste. Ambre propose un travail qui ne cherche pas à flatter l'oeil. le dessin, inspiré des gravures de l'époque (notamment celles de Dürer), tout en hachures, très sombre, évoque plus qu'il ne montre. le dessin est parfois si sombre qu'on a peine à l'appréhender. Je n'avais jamais vu tant de noirceur dans une B.D, ce qui est en parfaite adéquation avec le sujet.
Les visages sont la plupart du temps laids, souvent abîmés. Il y a beaucoup de gros plans, sur des mains qui prient, sur des visages aux regards profonds comme les ténèbres… Même dans les cadrages Ambre ne cherche pas la facilité. Tout est fait pour dérouter le lecteur, pour l'immerger d'une façon singulière dans le récit.

« La passion des anabaptistes » est une oeuvre difficile, radicale et exigeante sur la forme et sur le fond. Elle ne plaira pas à beaucoup et demande un certain investissement du lecteur. Cela vaut la peine de tenter l'expérience. Au pire, vous n'aimerez pas mais vous aurez juste perdu un peu de temps. Mais si vous parvenez à vous immerger dans cette oeuvre, la récompense est magnifique et bouleversante.
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