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Critique de chrysalde


Il s'agit du journal d'un voyage d'un an au Mexique écrit en vers et à lire comme un roman. Il s'agit d'un texte autobiographique. C'est pour moi un OLNI (objet livre non identifié).
J'ai déjà lu de la poésie, j'aime beaucoup. Mais mon expérience de la poésie s'est matérialisée jusqu'à maintenant par la découverte de textes courts autour d'un sujet, écrits en vers le plus souvent mais pas toujours. Chaque nouvelle page propose un nouveau texte traitant d'un nouveau sujet.

Ici, il s'agit de textes très courts, certains me font penser à des haïkus sans pour autant en respecter les normes d'écriture. Mais les textes s'enchaînent et forment une narration suivie.
Par petites touches, à la manière d'un impressionniste, l'autrice esquisse des
- moments de vie,
- de rencontre,
- de doute

Qui serai-je,
quand les sons,
le langage,
les couleurs,
les saveurs,
me seront inconnus? (ex: page 21)

C'est très imagé et laisse vraiment libre cours à l'imagination.
J'ai beaucoup apprécié l'originalité de cette formule et je me suis replongée avec délice dans mes souvenirs d'un voyage au Mexique effectué il y a quelques années.

Les couleurs, les odeurs, les bruits de la ville, la musique, la langue, la danse, un nouveau lieu à investir durant quelques semaines ou quelques mois, le temps d'un séjour ...

Par ses petits textes l'autrice touche au singulier quand elle parle d'une spécialité culinaire par exemple mais également à l'universel quand il s'agit de s'installer dans "une chambre à soi" comme dirait Virginia Woolf, pour vivre une nouvelle expérience de villégiature.

Elle parle forcément à tout un chacun, il ne faut pas aller loin pour vivre ces expériences particulières d'une chambre d'hôtel à investir, d'un pâté de maison à arpenter pour prendre possession de son nouvel environnement.

C'est une ode au voyage, à l'ouverture d'esprit, à l'altérité:
Un pas vers l'inconnu
et c'est notre monde
qui s'agrandit (page 73)

C'est souvent contemplatif, voire fataliste:

Il va pêcher
avec une corde enroulée
autour d'un morceau de bois
et un hameçon
mais les vagues
ne laissent s'approcher
aucun poisson.
A la place,
il regarde l'océan (page 119).

Là bas, il n'y a rien, et pourtant c'est ce rien qui fait tout. Il n'est nul besoin de se vautrer dans des formules all in pour profiter de la beauté du paysage, de la douceur du climat, de la saveur des noix de coco.
C'est enfin un recueil de textes qui invitent à l'introspection, à la médiation voire à philosopher, osons le mot. Se poser des question sans trouver de réponses, juste interroger sa praxis:

Il faut parfois savoir
se retirer du monde
pour s'en rapprocher,
dans le silence l'écouter (page 108).

C'est vraiment une délicieuse découverte, tant par l'originalité de l'écriture que par les illustrations réalisées par Margaux Motin. La couverture du livre nous fait immédiatement plonger dans ce que l'on peut se représenter comme étant "le nouveau monde" du titre, ou à tout le moins un monde qui ne nous est pas familier.
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