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Critique de lafilledepassage


Une très très très agréable surprise … D'ailleurs je remercie tous les Babeliotes qui par leur billet m'ont fait connaitre ce roman, ont su titiller ma curiosité et m'ont peu à peu convaincue de retenter l'aventure avec David Vann… Entreprise ô combien risquée après ma déception avec Sukkwan Island et aussi, et surtout, parce que j'éprouve une véritable fascination pour Médée … A côté d'Antigone et la reine de Saba, Médée est l'un de mes héroïnes préférées de l'Antiquité.

Parce qu'elle est entière, qu'elle aime passionnément, absolument, au-delà les limites, comme probablement aucun être humain n'aimera jamais. Parce qu'elle est abandonnée par celui qu'elle aime, et que probablement (non pas probablement ! il faut écrire : évidemment) je porte moi aussi cette peur de l'abandon au fond de mes entrailles.
Et puis aussi Médée parce qu'elle est indocile, insoumise, au-dessus des rois, au-dessus des rites qui tiennent lieu de lois dans ces temps reculés. Médée parce qu'elle ose écouter son intuition, son besoin de liberté. Médée parce qu'elle casse les codes, parce qu'elle impose sa violence à la violence de sa condition. Médée parce qu'aucun homme ni aucun dieu ne l'effraie.

Bon pour Jason c'est, vous l'aurez compris, une toute autre chose. Jason ce naïf, ce chien, cet homme sans honneur, subissant sans broncher l'humiliation de l'esclavage. Et pire encore le lâche qui accepte que ses propres enfants sont rejetés et réprouvés, condamnés dès le plus jeune âge à l'esclavage eux aussi et à une vie misérable. Difficile de lui trouver des circonstances atténuantes à ce Jason.

Mais revenons au roman. David Vann raconte la fuite de l'Argo, avec à son bord la Toison d'or, Jason, ses guerriers et bien sûr Médée, l'arrivée à Ioclos, le meurtre de Pélias puis l'exil à Corinthe jusqu'à l'infanticide. Et l'Américain nous propose sa lecture de ce mythe, une lecture résolument moderne et féministe que j'ai beaucoup appréciée.

Je pense qu'il faut connaitre un minimum l'histoire et ne pas être pressé de « connaitre la fin », pour savourer la langue, la poésie, les images de David Vann. Certes il y a ici et là quelques lourdeurs, quelques maladresses (peut-être dues à la traduction ?) mais la poésie de l'ensemble et le plaisir de lecture sont indéniables. D'ailleurs il est difficile de résister à la tentation de recopier des paragraphes entiers pour les mettre en citation …

« L'obscure clarté de l'air », un roman magnifique, au titre tout à fait inexplicable … tout autant que les meurtres qui ouvrent et ferment l'histoire de cette femme qui ne cesse de m'interroger, par-delà les siècles.
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