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Critique de dogasquet


Magistral !
Bouleversée, bluffée par le talent de Marie Vareille dans ce roman.
Par la maîtrise d'un thème aussi difficile que la violence conjugale, et par le scénario dont le dénouement m'a complètement surprise.

Une famille et 2 enfants, Gabriel et Abigaëlle, victimes, spectateurs et complices – malgré eux - de cette violence.
Gabriel, le frère ainé protège du mieux qu'il peut sa petite soeur des violences que fait subir son père à sa mère. Ils sont très proches l'un de l'autre.

L'autrice alterne avec fluidité deux périodes : Maintenant, quand les enfants sont devenus adultes et en 1990 avec les extraits du cahier de la fillette

Maintenant – Abigaëlle raconte. Elle a 27 ans, habite à l'abbaye Sainte Marie de la Saône. On comprend vite qu'elle se débat dans ses souvenirs, contre les arbres d'un vitrail, qu'elle perd la mémoire, sans aucun doute la conséquence d'un événement traumatique…
Son frère, devenu artiste, la visite une fois par semaine. Elle l'admire et l'aime infiniment : « Il sait évoquer l'enfance dans toute son innocence et sa brutalité. A partir de la boue nauséabonde qui a englouti nos premières années, il a appris à fabriquer de la poésie. »
Elle, a fait voeu de silence, alors il lui raconte sa nouvelle compagne, Zoé Boisjoli. Elle voudrait ne pas l'entendre, le fuir car elle a peur. Elle aime passionnément son frère et s'inquiète : n'est il pas en train de marcher dans les traces de leur père ?...

Pour le lecteur, qui va suivre également la narration du Docteur Garnier, psychiatre de Madame Boisjoli, le schéma de reproduction de la violence paraît bien tracé pour Gabriel…
La compréhension, l'empathie, le souci du psychiatre de sortir sa patiente de la maltraitance sont émouvants, mais surtout, son discours éclaire d'une vision beaucoup plus juste, les ressorts de la maltraitance pour la victime : « Il n'y a pas que l'homme qui lui a cassé une côte qu'elle protège. Elle se protège elle-même, ses illusions, l'idée qu'elle se fait de leur relation et de leur amour qu'elle n'a pas envie de voir abimé par le regard que je porterais sur eux. »

1990 – les extraits du cahier d'Abigaëlle. Elle a 12 ans.
Le récit sans filtre de cette petite fille où l'autrice analyse avec beaucoup de justesse et d‘émotion, les mécanismes de la violence conjugale.
Au niveau des parents, l'isolement progressif de la femme, sa soumission et surtout son sentiment de culpabilité. S'il crie, s'il me frappe, c'est que je l'ai mérité.
Au niveau des enfants aussi, avec l'incompréhension, le déchirement entre les deux parents. Mon papa est gentil avec moi, peut-il être méchant avec ma maman ? La violence des altercations submerge l'enfant même si son frère, plus âgé, la protège au maximum. Et surtout la loi de l'omerta. Ne pas raconter à l'extérieur, bien laisser la violence confinée aux quatre murs de la maison. Même quand une psychiatre bienveillante, le Docteur Hassan, sollicite Abigaëlle.


J'ai tout aimé dans ce roman :
- les deux thèmes principaux : la violence conjugale, et toutes ses conséquences, traitée avec beaucoup de réalisme, de sensibilité sans voyeurisme ni pathos. La force du lien entre frère et soeur qui résiste à toutes les séparations
- le scénario qui m'a bluffée. Car Marie Vareille nous mène sur un chemin bien balisé où la fin s'envisage sans surprise. Ne vous y fiez pas !...
- et l'écriture, simple, précise et juste.

« Un oiseau né en cage pense que voler est une maladie. »

Lu dans la cadre du prix Orange 2024.
Je remercie Lecteurs.com et les éditions Charleston

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