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Critique de JIEMDE


L'édition française a trois temps forts : la rentrée littéraire de janvier, celle de septembre et entre les deux, au printemps, la sortie du Valerio Varesi annuel. Méthodiquement – grâce leur soit rendue ! – les éditions Agullo poursuivent leur travail de traduction et de parution décalée des polars du plus parmesan des auteurs turinois, pour le plaisir d'une Team Soneri dont les membres augmentent à chaque nouvel opus.

Et avec le cru 2022, on risque d'entendre parler encore davantage de Varesi, tellement La Main de Dieu – traduit par Florence Rigollet – tient toutes ses promesses, retrouvant les atmosphère de Les Ombres de Montelupo qui m'avait tant séduit.

Si l'histoire démarre en plein centre de Parme où un cadavre vient s'échouer sous le ponte di Mezzo, c'est assez rapidement vers l'amont du fleuve que le commissaire Soneri va orienter son enquête, sur les traces d'une camionnette ayant a priori servi au crime.

Laissant Juvara se dépêtrer au bureau et gérer le zèle d'un nouveau supérieur et la pression médiatique avide de news - réelle ou fake - Soneri débarque à Monteripa, petit village de montagne que la météo froide et neigeuse va isoler quelques temps.

Là, il découvre tout un microcosme local, généreux, mafieux ou taiseux, qui semble cohabiter plus que vivre ensemble : riche entrepreneur local aux méthodes douteuses, trafiquants de drogue en luttes de pouvoir, familles décroissantes et marginales vivant sur les hauteurs, curé volubile ou secret selon la situation… Mais aussi garde-forestier au grand coeur ou aubergiste à la cuisine généreuse sans oublier Angela accourue en soutien. Les personnages sont en place, le spectacle peut commencer !

Et c'est là que Varesi est grand ! Dans un décor d'exception qui participe pleinement à sa trame dramatique, Soneri convoque les hommes et confronte les âmes, y ajoutant ici un soupçon de bouffonnerie avec ces sangliers sniffeurs de coke, de colère moralisatrice contre les silences coupables de l'église ou de nostalgie gastronomique avec ces biscuits de la Saint-Hilaire dont les saveurs parviennent jusqu'aux papilles du lecteur.

Opus après opus, Soneri prend du corps, évolue – un peu - dans ses méthodes et renforce une personnalité toujours si mal à l'aise dans son époque, infatigable combattant pas encore résigné : « Je me défends avec des illusions, même si à mon âge, j'ai de plus en plus de mal… ».

Et si la tentation est grande (elle fut mienne dans de précédentes chroniques) d'établir des parallèles entre Soneri et certains de ses grands prédécesseurs (Maigret, Adamsberg voire Longmire), il apparaît comme une évidence qu'il n'en est rien. Soneri n'a pas besoin de leur être comparé : il s'inscrit naturellement, livre après livre, dans cette lignée de grands flics de polars dont la seule personnalité suffit à faire tenir un livre.

Une personnalité aux goûts si simples : « de la bouffe et du sexe, voilà ce qu'il nous faut. Enfin du sexe… ». Reste donc la bouffe. Et la lecture. Alors attrape un flacon, un peu de pain et quelques copeaux de grana : ta lecture peut commencer…
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