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Critique de GeorgesSmiley


« Jamais il ne s'était senti à ce point les mains vides ». Les Mains Vides, étrange ce titre. Il fait penser à l'opération Mani Pulite, en français Mains Propres, celle qui fit croire, un instant, que l'Italie pouvait s'affranchir de ses mafias. Souvenons-nous de ce qu'écrivait Enzo Biagi :
« Tout a commencé en février 92, lorsque, armé d'un mandat d'arrestation, une voiture au gyrophare bleu s'arrêtait au Pio Albergo Trivulzio et en emmenait son président, Mario Chiesa, homme du Parti Socialiste Italien voué à l'ambition de devenir maire de Milan. Ils le prirent tandis qu'il empochait une enveloppe de sept millions de lires, la moitié de son dû, du propriétaire d'une petite entreprise de nettoyage, qui comme d'autres entrepreneurs, devait verser sa commission, 10 % de l'appel d'offre qui, dans ce cas, se montait à 140 millions de lires. »
Enzo Biagi écrivait aussi : « J'ai toujours rêvé de devenir journaliste… J'imaginais que c'était un vengeur capable de réparer les torts et les injustices.»
Si je commence par « Mains propres » et Enzo Biagi, c'est pour vous dire que le commissaire Soneri est un peu à la police parmesane ce qu'Enzo Biagi était au journalisme, un rêveur idéaliste, un redresseur de torts, un rempart contre la barbarie. La mort d'un commerçant du centre-ville, vraisemblablement battu à mort, va le conduire à une enquête darwinienne où le suspect principal, celui que tout désigne comme le principal prédateur de la cité, est en passe d'être dévoré à son tour.
J'ai beaucoup aimé la description de l'atmosphère de Parme au mois d'août, écrasée sous la canicule. Valerio Varesi a le talent de vous faire transpirer, suffoquer avec ses personnages et regretter la fraîcheur d'une cave.
Et l'intrigue ? L'enquête, me direz-vous ? Parce que dans un policier, l'enquête, les suspects, les coupables, les rebondissements, ça compte, non ? Pas d'énigme à la Agatha. On demeure dans un certain classicisme wallenderien de bon aloi (lente progression de l'enquête nourrie par les assistants, relations compliquées avec l'autorité judiciaire et la presse), mais les adeptes des coups de théâtre et des rebondissements terminaux resteront sur leur faim. L'intérêt de ce roman réside dans son atmosphère sociologique et financière dominée par la description d'une société pourrissant à petit feu dans l'apathie et l'inertie générale.
Si vous aimez les policiers réalistes, sans complaisance, ce commissaire nostalgique, qui lutte sans se raconter d'histoires, vous plaira comme il m'a plu. Vous finirez peut-être Les Mains Vides mais avec la conscience tranquille de celui qui a lutté de son mieux, dans un Parme désenchanté, bien loin de celui De Stendhal et de l'idée que s'en faisait Proust.
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