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Critique de JMLire17


Le rêve du Celte, c'est le titre d'un poème écrit en 1906, par Roger Casement, que Mario Vargas Llosa a fait sortir de l'oubli, et dont il fait le personnage de son dernier roman, pour faire partager ses propres valeurs, pour les droits de l'homme, contre le colonialisme, mais aussi probablement pour montrer la fragilité de l'homme engagé. Roger Casement, Irlandais, est diplomate de l'empire britannique au 19 ème siècle, passionné par les explorateurs de l'Afrique, il devient consul au Congo propriété privée de Léopold 2, roi des belges, il va révéler au monde l'ampleur des atrocités qui sont commises par les blancs sur les populations noires pour la récolte du caoutchouc, dont la consommation explose dans la seconde moitié du 19ème siècle. Lorsqu'il rentre en Angleterre son rapport fait sensation, il se voit alors confier une nouvelle mission en Amazonie ou des monstruosités sont également commises, toujours pour le caoutchouc, par une société, cotée à la bourse de Londres. Par son enquête, et son second rapport, il réussit à faire cesser les actes d'esclavage perpétrés sur les populations indiennes. Dans le début du 20 ème siècle, ses révélations, font de lui un des héros de l'humanisme et de la défense des droits de l'homme, il est anobli par la couronne. Mais, lors de ses séjours dans les pays colonisés, il prend conscience, que l'Irlande, est également sous le joug de l'empire britannique, sans que la population ne fasse l'objet de l'exploitation subie par les noirs et les indiens, il devient alors un militant pour l'indépendance, qu'il ne croit pas possible sans un combat armé. Alors que la guerre de 14-18 débute, il s'allie avec l'Allemagne, dans l'espoir d'une attaque de celle-ci pour chasser les Anglais d'Irlande, au minimum, pour la fourniture d'armes pour les insurgés. Son plan échoue, arrêté, il est condamné à mort pour haute trahison. Par la construction savante de son roman, Mario Vargas Llosa, nous plonge, en alternant les chapitres, à la fois dans les réflexions de Roger Casement en prison, qui espère une grâce, qui décrit le monde idéal dont il rêve, qui parle de religion, de la mort, de sa peur avec son confesseur, qui reçoit la visite de ses derniers soutiens, et dans le récit de sa vie en Afrique, en Amazonie, dans son combat d'indépendantiste, dans son intimité. A travers les rapports, au début tendus, puis fusionnels, entre Roger Casement et son geôlier, Mario Vargas Llosa, nous donne à lire des pages d'une grande intensité, notamment lorsque le "shériff " se confie sur la mort de son fils dans les tranchées. Ce roman nous montre la complexité de l'engagement et de l'action politique, qui élève le même homme du statut de héros, à celui de traître et de paria. J'avais été emballé par le roman sur Léonidas Trujillo " La fête au bouc ", qui décortiquait avec minutie la construction et la chute d'une dictature, je suis également ébloui par celui-ci qui rappelle ce que les empires européens ont fait subir à l'Afrique et l'Amazonie. Agressions, qui se sont poursuivies au 20 ème siècle pour l'exploitation de l'or, des diamants et de la forêt. (lire " le Massacre des indiens " de Lucien Bodard publié en 1969)
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