J'adore qu'il soit aussi bruyant et vivant, c'est l'antidote parfait quand on travaille en pédiatrie. Il m'arrive de regarder mon fils et ma fille, de penser : l'enfance devrait toujours ressembler à ça. Je me nourris de leur énergie, de leur témérité, me rappelle souvent que ce sont ces éléments -bien plus que les maladies chroniques, les blessures graves ou les maltraitances - qui font le quotidien de la plupart des enfants.
Elle s'était imaginée donner naissance entourée de bougies à la lavande, avec le mouvement lent du concerto pour deux violons de Bach en fond sonore, les cordes la guidant vers l'apogée des contractions. Quelle naîveté ...
- Et ensuite, le dossier sera transmis à nos chers collègues de la police et des services sociaux. Je me contenterai de préciser que la mère ne doit pas être autorisée à voir ses enfants sans surveillance, que ce soit ici ou chez elle ...
Il s'éloigne à grandes enjambées, et j'ai l'impression qu'il vient d'engloutir tout l'oxygène de la pièce tant j'ai la tête qui tourne.
Il faut que je me protège mieux, je ne dois pas la laisser m'entraîner sur ce terrain là. J'ai l'impression je jouer à un "Un deux, trois soleil" émotionnel : j'essaye de me rapprocher, pas à pas, et elle en profite pour mieux me repousser sans ménagement.
Les gens se figurent qu'on n'a pas le temps ni l'espace mental , de se sentir seul avec trois enfants qui débordent d'énergie, or on se sent rarement aussi seul que lorsqu'on est à la maison avec un bébé inconsolable et un esprit en déroute.
Il m'arrive de regarder mon fils et ma fille, de penser : l'enfance devrait toujours ressembler à ça.
Pourtant, elle ne peut pas garantir la sécurité de sa fille, parce que la plus grande menace, c'est elle qui la constitue.
Les gens se figurent qu'on n'a pas le temps, ni l'espace mental, de se sentir seul avec trois enfants qui débordent d'énergie, or on se sent rarement aussi seul que lorsqu'on est à la maison avec un bébé inconsolable et un esprit en déroute.
Dans de tels moments, don esprit regorge de pensées toxiques. Tu es une mauvaise mère. Elle serait mieux dans toi. Auxquelles s’ajoutent insidieusement de plus honteuses qu’elle cherche à repousser. Des pensées qu’elle a du mal à accepter, et encore moins à exprimer sur son désir – fugace – bien sûr de voir cet enfant se taire à tout jamais.
Pourquoi donc nos peurs s’exacerbent-elles au cœur de la nuit, pourquoi nos angoisses les plus enracinées choisissaient-elles ces heures silencieuses pour remonter de notre subconscient ?