Chronique d'un fait malheureusement presque ordinaire, le sujet aurait pu être abordé avec tous les clichés qui conviennent parfois à ce genre de récit : mièvrerie, pathos, morale à outrance... Ici sur un sujet pas facile, la maltraitance des enfants, l'auteure,
Sarah Vaughan que je découvre ici, s'en tire magnifiquement bien dans la manière de tirer avec délicatesse et sobriété l'intrigue, de la fouiller, de la faire rebondir et dans la manière aussi de construire des personnages issus du quotidien, qui nous ressemblent peut-être dans leurs joies, leurs bonheurs simples, puis leurs doutes qui viennent, leurs failles, les aspérités qui font qu'on s'attache à eux...
Et puis, le titre est percutant,
Autopsie d'un drame. Titre français du reste, puisque c'est un roman anglais, ma curiosité m'a fait découvrir que le titre original était Little disasters...
Le récit m'a tenu en haleine de bout en bout. L'écriture est addictive. On se situe bien ici dans un thriller psychologique qui ne vous lâche plus jusqu'à la fin.
Nous sommes à Londres. Ce sont quatre mères, encore jeunes, elles se sont connues il y a quelques années lorsqu'elles étaient enceintes pour la première fois, au cours de réunions sur l'accouchement et ces temps collectifs ont scellé une amitié très forte entre elles quatre.
Quelques années après, elles continuent de se retrouver, d'ailleurs parfois pour échanger sur des lectures communes, comme sur Jane Eyre par exemple... Cela m'a fait sourire parce que je venais de relire ce livre quelques semaines auparavant et j'ai pu trouver l'occasion de confronter mon point de vue avec le leur.
Aujourd'hui on les sent amères, épuisées, désoeuvrées, parfois au bord de la crise de nerfs, surtout Jess la seule du groupe à avoir donné naissance à un troisième enfant, une petite fille du prénom de Betsey et qui pleure tout le temps...
Mais où sont les hommes dans cette histoire ? On les sent très actifs, agités, et en même temps peu présents car ils sont pris par des obligations professionnelles visiblement très absorbantes, c'est peut-être cela aussi le coeur du problème. Ce sont des hommes d'affaires, ou bien des avocats... Mais cela ne veut rien dire... Les premières images nous font entrer dans la réussite sociale, des familles heureuses, sans problèmes d'argent, le bonheur lisse...
Mon regard d'homme, père de deux enfants qui aujourd'hui sont adultes, a forcément été happé dans cette histoire... M'a bombardé de questionnements...
L'amitié entre Liz et Jess a perduré parce que leurs enfants fréquentent la même école... Liz est médecin pédiatre dans un centre hospitalier de l'Ouest de Londres. Quelle n'est pas sa surprise de voir un soir son amie Jess débarquer aux urgences avec la petite Betsey qui présente des comportements troublants. Rapidement, les examens révèlent un traumatisme crânien... C'est le début de quelque chose qui va s'effondrer pour Jess. Et Liz qui est amie de Jess doit s'effacer provisoirement pour laisser place à l'enquête tout d'abord des services sociaux, puis de la police...
En filigrane, Liz accompagne la fin de vie de sa mère, une histoire où un lourd secret semble peser, prêt à se dénouer...
J'ai aimé ce roman, les rebondissements ne sont pas surfaits, tout le monde cherche à comprendre ce qui est arrivé, Jess semble être totalement dépassée, dans une sorte de déni, c'est un long fil qu'on tire, qu'on démêle pour savoir quelle vérité va sortir enfin de l'autre côté de l'histoire... Il y a beaucoup d'empathie déployée par les différents personnages à l'égard de Jess pour comprendre ce qui est arrivé et c'est aussi la force du roman. Et puis, le frère de Betsey, Frankie, m'a totalement ému. Je continue d'y penser à l'heure où j'écris ces mots.
J'ai été saisi par la justesse, la crédibilité du récit, sauf peut-être à la fin, où justement je suis resté un peu perplexe devant un dénouement que j'ai trouvé un peu tiré par les cheveux... Mais c'est un avis très personnel.
Je ne sais pas si le confinement causé par la pandémie actuelle a inspiré l'écriture de ce roman. Pourtant...