les politiques de reproduction sont adaptées aux besoins de la ligne de couleur dans l’organisation de la main-d’oeuvre : le ventre des femmes a été racialisé
En outre, craignant des soulèvements dans le contexte global de la décolonisation, les experts chargés du plan proposent deux politiques : le contrôle des naissances et l'organisation de l'émigration par l'État. Des mesures les mettent finalement en œuvre dans les années 1960, et une opinion idéologique s'impose peu à peu comme une vérité : les femmes non blanches font trop d'enfants et sont la cause du sous-développement et de la misère.
En juin 1970, un scandale éclate à l’île de La Réunion : des milliers d’avortements sans consentement auraient été pratiqués par des médecins, qui auraient prétexté des opérations bénignes pour se faire ensuite rembourser par la Sécurité sociale
ce qui se joue dans les processus d’inégalité de genre, de classe, de racisation sur les territoires de la République issus de son empire colonial esclavagiste
Un monde masculin et blanc défend la nécessité d’intervenir sur leur corps, il dispose du soutien de l’appareil d’Etat,de l’Ordre des médecins, de médias, de la hiérarchie de l’Eglise, de la police et de la justice
Les avortements forcés n’étaient pas simplement la trace d’un passé qui tardait à mourir, un abus de pouvoir isolé
Au cœur de la nuit de l’esclavage, des utopies émancipatrices, dans lesquelles les femmes jouèrent un rôle, produisirent une rupture : il existait des alternatives
Les bonnes manières de l’ordre social exigent de mettre de coté les sujets qui fâchent, esclavage, exil des enfants réunionnais, avortements forcés…